Toutelatele

Eurovision 2013 > Le Danemark exulte, la France s’effondre

Tony Cotte
Publié le 18/05/2013 à 22:55 Mis à jour le 27/05/2013 à 17:47

Après la victoire de Loreen avec son « Euphoria », c’est la Suède qui accueille cette année le concours de l’Eurovision, dans la ville de Malmö. L’occasion de retrouver de nombreux candidats issus des versions locales de X Factor et autre The Voice. Pour représenter la France, c’est d’ailleurs la lauréate de Nouvelle Star qui s’y colle, Amandine Bourgeois. La jeune femme assurait à Toutelatele.com en début de semaine être « nerveuse » avant les répétitions, tout en précisant être capable de « transformer ce stress en énergie ». Pression supplémentaire pour l’artiste : elle est la première à se lancer sur scène avec son titre « L’enfer et moi ».

Son titre, jugé par certains comme trop « décalé » au vu de l’événement, a globalement séduit la presse européenne cette semaine. En sera-t-il de même pour le jury des autres pays et les téléspectateurs ? Les paris sont lancés. Quelques modifications ont été apportées depuis ses premiers essais. Le visuel du fond de scène a été revu et offre un décor plus chiadé. La chanteuse, elle, semble dans son élément. Cette semaine, cette dernière n’a pas hésite à inciter les Français à privilégier le concours au lieu de la finale de The Voice sur TF1 : « Nous, nous aurons la chance d’avoir à nos côtés Bonnie Tyler, Anouk, Cascada et… Amandine Bourgeois ».

Pour l’heure c’est au tour d’Andrius Pojavis de défendre les couleurs de la Lituanie avec un titre qu’il a lui-même écrit et composé, « Something ». Il précède ainsi Aliona Moo, représentante de la Moldavie, et sa ballade « O Mie ». La jeune femme qui aura 24 ans dans quelques jours est une ancienne candidate de Star factory, la version moldave de Star academy, et n’est pas étrangère au concours de l’Eurovision puisqu’elle a été choriste lors de la précédente édition de l’événement.


Les regards se portent particulièrement sur la Finlande. Lors des répétitions, Krista Sigfrieds, a embrassé l’une de ses choristes sur la bouche. Un acte militant qu’elle revendique au travers de sa chanson « Marry me », alors que son pays refuse toujours le droit de se marier aux homosexuels. Selon le règlement, « les paroles, discours ou gestes de nature politique ou similaire ne sont pas autorisés », sans compter l’homophobie affichée par certains pays, dont la Turquie qui a même préféré ne pas diffuser l’événement à cause de cette performance. L’interprète sera-t-elle malgré out contrainte de retirer ce baiser de sa scénographie ? Interrogée par Toutelatele.com, l’intéressée avait préféré éluder la question en début de semaine : « On est en 2013. Pour moi, ce geste n’a rien de déplacé. Je peux embrasser qui je veux. » Ce soir, Krista Sigfrieds va jusqu’au bout de sa démarche : en direct, elle échange ainsi un baiser avec sa choriste.

Suivent l’Espagne et la Belgique, absente de la finale depuis 2010. Roberto Bellarosa, lauréat de The Voice Belgique, interprète ainsi « Love kill ». Les téléspectateurs français ont déjà pu apercevoir le jeune homme, notamment pour le divertissement « We love Celine » sur NRJ12. Celui-ci précède à Birgit (Estonie), Alyona Lanskaya (Biélorussie) et Gianluca (Malte). En 10e position, la successeure des mamies russes s’appelle Dina Garipova. À 22 ans, celle-ci a déjà remporté The Voice dans son pays et a convaincu Joakim Björnberg, auteur et musicien suédois de lui proposer le titre « What if ». Un hymne pacifiste.

Après l’Allemagne et Cascada (avec un titre calqué sur la chanson gagnante de l’année dernière), c’est au tour de l’Arménie de se présenter. Lors de la seconde demi-finale, le groupe rock Dorians a surpris par sa qualification, au point d’être hué dans la salle au moment de l’annonce des résultats. En conférence de presse, le chanteur du groupe a affiché lui-même sa stupéfaction quant à sa qualification. Le titre « Lonely Planet » placera-t-il le pays à la dernière position ?


De leur côté, les Pays-Bas peuvent compter sur la chanteuse Anouk. Cette « one hit wonder » en France avait séduit en 1997 avec son titre féministe « Nobody’s wife ». Aux Pays-Bas, sa carrière n’a cependant jamais cessé avec pas moins de 7 albums studio sortis à ce jour. Ce soir, elle crée l’événement puisque le pays du Benelux ne s’était jamais qualifié pour la finale de l’Eurovision depuis l’instauration du système de présélection lors de demi-finales, il y a 8 ans.

Que serait l’Eurovision sans son côté kitsch ? La palme revient ce soir à la Roumanie. Il n’avait que peu de chance lors de la demi-finale et pourtant le représentant roumain défend bien les couleurs de son pays. Un chanteur d’opéra au look vampirique dans un costume mal taillé réalise ainsi des envolées lyriques sur une musique très contemporaine, au point même d’avoir des influences dubstep lors du pont, une spécialité initiée par Britney Spears et reprise depuis par de nombreux artistes. Autant dire que le décalage est de mise.

En 15e position, un visage bien connu des téléspectateurs fait son apparition. Bonnie Tyler entonne ainsi son « Believe in me », comme si le titre était destiné à la population du Royaume-Uni. Derrière cette chanson, plusieurs mains à l’écriture et la composition, dont celle de Desmond Child, à qui l’on doit les plus grands succès du groupe Bon Jovi, ainsi que le « Livin’ La Vida Loca » de Ricky Martin ou encore « Waking up in Vegas » de Katy Perry. Un succès garanti ? Réponse négative à en croire le manque de buzz autour de sa participation et de l’absence de l’interprète parmi les favoris.


Celle qui est annoncée comme gagnante potentielle s’appelle Emmelie de Forest. Habituée à reprendre sur scène des titres de Nirvana et Johnny Cash, la jeune femme chante ce soir un titre à mille lieues de cet univers avec « Only Teardrops », titre pop aux influences celtiques. Mais Emmelie a un concurrent de taille en la personne de Farid Mammadov. Le représentant de l’Azerbaïdjan bénéficie d’une scénographie sans faille avec un reflet humain tout de noir vêtu dans un cube en verre. Le pays du Caucase s’est offert les services de Dimitrios Kontopoulos pour composer la chanson “Hold me”. Ce dernier a produit des titres pour l’Eurovision ainsi que pas moins de 27 chansons arrivées en tête des charts en Grèce.

À la 24e place apparaît Margaret Berger. La chanteuse apparait dans le top 5 des bookmakers pour remporter le concours cette année. Celle qui a été finaliste de la Nouvelle star norvégienne à l’âge de 18 ans a depuis obtenu un Norwegian Grammy award pou un de ses clips. Si la jeune femme n’a pas toujours rencontré le succès en termes de ventes, ses efforts ont été salués par la critique dans son pays. Son titre « I feed you my love » a été produit par le duo Machopsycho, dont les crédits incluent P !nk ou encore Justin Timberlake. Après elle, plus que deux pays enchaînent, la Georgie et L’Irlande qui espère organiser l’an prochain pour la huitième fois le concours de l’Eurovision.

Pour savoir quel pays aura la lourde tâche d’accueillir l’événement musical, place à la distribution des points (de 1 à 12). Pour la première fois, tous les pays de l’ex-Yougoslavie ont été éliminés (Serbie, Croatie, Slovénie et Monténégro) à l’issue de la première demi-finale, ainsi que Chypre, habituée à décerner une majorité de points à la Grèce. Enfin un peu d’égalité dans un concours trop souvent handicapé par les votes géopolitiques ?

D’abord, les premiers votes sont éparpillés. Après quelques minutes, le Danemark et l’Azerbaïdjan se détachent. C’était sans compter une montée progressive de l’Ukraine. La France, elle, annonce par la voix de Marine Vignes donner ses « twelve points » au Danemark également. Comme l’ont indiqué les bookmakers, la victoire appartient au pays représenté par Emmelie de Forest avec 281 points. Compte tenu d’un retard dans la diffusion, la jeune femme est annoncée gagnante ayant une trop importante avance sur son challenger. Pour autant, la distribution des points continue. Un cas de figure inédit qui confère à l’Eurovision son statut d’événement singulier.