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Eurovision : les revers successifs des chanteurs français

Sébastien Barké
Publié le 24/05/2012 à 00:00 Mis à jour le 29/05/2012 à 19:53

Moqué par les uns, loué par les autres, l’Eurovision reste un rendez-vous annuel incontournable. Mais depuis Marie Myriam et « L’oiseau et l’enfant » en 1977, la France fait chou blanc. Retour sur 20 ans d’interprètes et chansons improbables qui nous ont bien souvent conduits au fin fond du classement...

Kali : Noyé dans la riviè (1992)

Kali : Noyé dans la riviè (1992)

Début des années 90, on pensait avoir trouvé le bon filon pour remporter l’Eurovision. Après avoir récolté d’excellents résultats avec Joëlle Ursull et Amina, la France s’est dit qu’il fallait jouer la carte de la diversité pour se démarquer. Voilà pourquoi elle avait fait le choix d’envoyer Kali, un Martiniquais d’origine, afin de rafler la mise en Suède. Malheureusement pour lui, le chanteur s’est pris un coup de pagaie alors qu’il tentait de Monté la riviè avec sa chanson, et n’a fini que huitième. Tandis que l’Irlande lui a fait une queue de poisson en remportant l’édition !

Patrick Fiori : Ça se corse (1993)

Patrick Fiori : Ça se corse (1993)

Histoire de marquer les esprits, Patrick Fiori avait représenté la France en 1993 en interprétant une chanson en corse (une première dans l’histoire du Concours !), Mama Corsica. Nul doute que sa coupe de cheveux et ses faux airs de Claude Barzotti (version jeune et touffu) lui ont permis de grimper jusqu’à la quatrième marche du classement. À moins que les nationalistes corses aient fait pression, à l’époque, sur les différents jurys européens, afin de lui faire obtenir cette confortable position !

Nina Morato : Sans contrefaçon (1994)

Nina Morato : Sans contrefaçon (1994)

Pour tenter de séduire l’Europe, la France avait décidé de se la jouer rebelle en 1994, en envoyant au casse-pipe Nina Morato. Pour ne pas faire les choses à moitié, et avec sa chanson Je suis un vrai garçon, l’artiste n’avait pas hésité à enfreindre les règles du concours, en incluant le juron « putain » dans ses paroles. En bousculant ainsi son auditoire, la provocatrice - peut-être masochiste dans l’âme - espérait sans doute se prendre une bonne fessée, et finir dans les bas fonds du classement. Elle finira juste au coin, avec sa septième place.

Nathalie Santamaria : Un rendez-vous et puis s’en va ! (1995)

Nathalie Santamaria : Un rendez-vous et puis s’en va ! (1995)

Sans doute inspirée par son nom de famille, la représentante française de 1995, Nathalie Santamaria, a du faire cramer un max de cierges avant de se frotter à la scène de l’Eurovision. Heureusement pour elle, Saint Didier Barbelivien lui a pondu une chanson sur mesure. Avec Il me donne rendez-vous, la chanteuse a fini quatrième du concours (un joli résultat !). Mais depuis, on n’a plus jamais entendu parler d’elle. Sans doute s’est-elle retirée dans un couvent pour faire pénitence et enregistrer un album passé par la suite totalement inaperçu ?

Dan Ar Braz : La tribu de Dan-Ar (1996)

Dan Ar Braz : La tribu de Dan-Ar (1996)

La potion magique selon Dan Ar Braz s’est révélée être absolument insipide et inefficace. En interprétant Diwanit Bugale (traduisez par « Que naissent les enfants ») intégralement en breton - une première pour une chanson représentant la France ! -, le chanteur accompagné de son groupe « l’Héritage des Celtes » a vu le ciel lui tomber sur la tête, lorsqu’il a fini dans les derniers du concours 1996, à la dix neuvième place. Comme dirait l’autre, il eut mieux valu qu’il tombe dans la marmite Eurovision quand il était petit !

Fanny : Un chouïa fanée (1997)

Fanny : Un chouïa fanée (1997)

Révélée par Jean-Pierre Foucault au début des années 90, avec la chanson L’homme à la moto, Fanny a été choisie pour représenter la France en 1997. Malheureusement pour elle, son titre à la limite du mièvre, Sentiments songes, n’a pas entièrement convaincu les jurys européens. Au final, elle parviendra tout de même à se hisser à la septième place de la compétition. Sûr qu’elle aurait préféré passer une tout autre Sacrée Soirée. L’histoire ne dit pas si elle a fini par écumer les bars de Dublin, où était organisé l’événement, pour oublier sa défaite...

Marie Line : Tu sors ! (1998)

Marie Line : Tu sors ! (1998)

En 1998, l’affaire était courue d’avance : avec une chanson hyper efficace, Dana International - réputée pour être transsexuelle - ne pouvait que gagner. Dès lors, il était presque inutile de concourir contre elle. Totalement perdue dans sa prestation scénique, Marie-Line, sa concurrente française, avouait tout de go dans sa chanson ne pas savoir « où aller ». Dès lors, les jurys comme les téléspectateurs, qui avaient l’occasion de voter pour la première fois, l’ont aidé à trouver la porte de la sortie. Marie-Line ayant fini avant-dernière du concours.

Nayah : Allô la Terre ? Ici Nayah ! (1999)

Nayah : Allô la Terre ? Ici Nayah ! (1999)

Pas de doute : la chanteuse française Nayah, qui représentait la France en 1999, comptait bien sur les votes extra-terrestres pour gagner l’Eurovision. Membre du mouvement raëlien (qui croit, entre autres, à l’existence des petits hommes verts), et décriée pour son appartenance à la secte, elle avait beau hurler à qui voulait bien entendre Je veux donner ma voix, personne n’en a voulu ! L’Europe lui a signifié une fin de non-recevoir, en la plaçant dix-neuvième. Depuis, Nayah tente d’organiser un concours de chansons, réunissant les habitants de Mars, Vénus, ou encore Jupiter. Bientôt sur vos écrans.

Sofia Mestari : Le bug de l’an 2000 (2000)

Sofia Mestari : Le bug de l’an 2000 (2000)

Amateurs de l’Eurovision, on vous ment, on vous dupe ! Et ce, depuis des années. Le bug de l’an 2000, il a bien eu lieu. D’accord, il ne s’est pas produit le 1er janvier. Mais bien le 13 mai de la même année, sur la scène du concours organisé cette année-là par la Suède, lorsque Sofia Mestari a entamé les premières notes de sa chanson On aura le ciel. Avec ce titre, notre malheureuse représentante s’est pris un sacré gadin en finissant à la vingt-troisième marche du classement (sur vingt-quatre). C’est moche. Et dire qu’on nous avait assuré que tout se passerait bien !

Natasha St Pier : Contente d’ête lo’ (2001)

Natasha St Pier : Contente d’ête lo’ (2001)

En québécois dans le texte : « Tabernacle ! C’est écœurant tout de mââime. La Fraince n’a po reinporter l’Eurovisian d’puis 1977, avec Mairie Myriam ». C’est ce qu’a dû lâcher Natasha St Pier, Canadienne d’origine, lorsque les têtes pensantes de la délégation française ont fait appel à elle pour nous représenter. Bien que placée quatrième, l’artiste québécoise n’est toutefois pas parvenue à imprimer son accent sur la chanson Je n’ai que mon âme. Une vraie déception. N’est pas « C’line Dion » (gagnante en 1988 pour le compte de la Suisse) qui veut !

Sandrine François : Patrrriiiiccckkkkk !!!!!! (2002)

Sandrine François : Patrrriiiiccckkkkk !!!!!! (2002)

C’est ce qui s’appelle enfoncer une porte ouverte. Sandrine François n’avait pas besoin d’interpréter Il faut du temps pour nous faire passer le message : oui, il faudra en faire son deuil, la France n’est pas prête de remporte une nouvelle fois l’Eurovision. Ce n’est plus de temps dont nous avons besoin, mais d’un vrai miracle. Et ce ne sont pas les paroles signées Patrick Bruel qui parviendront à booster sa chanson d’alors. En bout de course, il faut cependant remarquer qu’il ne nous a fallu que peu de temps pour oublier son interprète...

Louisa Baïleche : Histoire à dormir debout (2003)

Louisa Baïleche : Histoire à dormir debout (2003)

Ah ! Elle aussi avait de l’espoir, en affrontant la scène de l’Eurovision en 2003. Faut bien avouer quand même que Louisa Baïleche (euh, Louisa qui ?) avait plutôt intérêt à se motiver pour aller défendre nos couleurs en Lettonie (c’est où, ça ?). Dès lors, l’interprète avait fait le parti de faire croire Monts et merveilles aux téléspectateurs européens. Seulement voilà, son auditoire n’a pas été dupé par ses promesses. Et au bout du compte, Louisa (on insiste encore, hein, mais c’est qui ?) héritera de la dix-huitième place. Depuis la Lettonie a lancé un avis de recherche.

Jonatan Cerrada : Ancienne Star (2004)

Jonatan Cerrada : Ancienne Star (2004)

Les Français l’avaient élu première « Nouvelle Star » en 2002, lors du fameux télé-crochet présenté alors par Benjamin Castaldi. Jonatan Cerrada, c’était quand même quelque chose ! Mais voilà : Marianne James nous avait prévenus lors d’une édition suivante : nous avions tous de la « merde dans les oreilles ». Chauvins que nous sommes, nous n’avions pas voulu l’entendre. Ça tombe bien, puisque nos oreilles semblent encombrées. Les Européens, eux, nous ont adressé un sérieux rappel à l’ordre, en classant Jonathan et son A chaque pas à la 15e place.

Ortal : Nombril du monde (2005)

Ortal : Nombril du monde (2005)

Ortal est une chanteuse engagée. Et c’est ce qu’elle a voulu démontré en 2005 à Kyiev, en interprétant Chacun pense à soi. Son intention : dénoncer cette sale habitude qu’ont les gens à ne penser qu’à eux. C’est vrai, ça, d’abord. Pourquoi qu’ils sont nombrilistes comme ça, les gens ? Les téléspectateurs, eux, ont toutefois bien compris son message, et ont décidé d’accorder leurs suffrages à d’autres chansons, histoire d’être dans ce partage prôné par la chanteuse. Résultat : c’est la Grèce qui a gagné. Ortal n’a fini que 23e. En queue de peloton.

Virginie Pouchain : Faudrait savoir ce que tu veux ! (2006)

Virginie Pouchain : Faudrait savoir ce que tu veux ! (2006)

Tragédie à l’Eurovision : alors qu’on lui avait imposé une chanson lors de la sélection nationale à laquelle elle avait participé, Virginie Pouchain a préféré changer de titre dans la foulée, pour finalement interpréter à Athènes Il était temps, composé par Corneille. « Je ne le regrette pas, assume-t-elle aujourd’hui, puisque je préférais largement interpréter Il était temps que la précédente composition qui m’étais réservée. » Grâce à ce choix bienvenu, Virginie est parvenue à se classer à la 22e position cette année. Un sacré soulagement. Car avec son autre titre, Vous c’est nous, elle aurait sans doute fini dernière. Ouf, nous étions sauvés !

Les Fatals Picards : L’humour à la Française (2007)

Les Fatals Picards : L’humour à la Française (2007)

Mieux vaut en rire. Puisque les Français ont fait leur deuil de l’Eurovision, les Fatals Picards, représentants en 2007, on prit le parti de la déconnade, en interprétant L’Amour à la Française. Une chanson à la fois sympa et rythmée, et qui exposait les uns après les autres ces nombreux clichés dont nous sommes les victimes. Mais là aussi, ce type de private joke n’a fait rire que nous. La sanction a été sans appel : les Picards se sont pris un coup de massue sur la tête, en finissant 22es. Un choc qui n’a toutefois pas été fatal à leur carrière.

Sébastien Tellier : Enfumeur de première (2008)

Sébastien Tellier : Enfumeur de première (2008)

À ses successeurs, Sébastien Tellier conseille vivement d’affronter la scène du concours Eurovision dans un état d’ébriété avancé. Ou leur recommande carrément de fumer un bon pétard avant d’aller affronter le public européen. Manque de bol, le représentant français de 2008 - malgré cette recette « miracle » - n’a réussi à se classer qu’à la dix-neuvième place de l’édition de Belgrade. Peut-être que les téléspectateurs auraient-ils dû être dans le même état que lui pour apprécier et voter pour Divine, sa chanson d’alors ? Chanter à l’Eurovision ou boire, il faut choisir !

Patricia Kaas : Pas sûr qu’elle le referait (2009)

Patricia Kaas : Pas sûr qu’elle le referait (2009)

Le concours ayant lieu à Moscou, la délégation française ne s’est pas foulée. Histoire de marquer des points, il lui fallait - pour nous représenter cette année là - une artiste à la renommée internationale. Ni une, ni deux, et voilà qu’on nous refourguait Patricia Kaas. Un choix aussi judicieux qu’attendu, finalement. Mais sa chanson Et s’il fallait le faire n’était pas calibrée pour l’Eurovision. Depuis, tous les férus de l’Eurovision se recueillent chaque jour, avec assiduité, pour réfléchir au dicton suivant : « Quand c’est trop classe, sûr que ça Kaas ». On vous laisse méditer.

Jessy Matador : Pas de vague (2010)

Jessy Matador : Pas de vague (2010)

Pour le concours 2010, France Télévisions avait décidé de s’essayer au deux-en-un. Avec le Allez Ola Olé, un morceau ensoleillé interprété par Jessy Matador, le service public avait donc décidé de concevoir à la fois une chanson pour l’Eurovision, mais aussi un tube pour l’été qui approchait. Résultat : la chanson n’a pas eu la « Ola » escomptée lors du concours, mais a cartonné sur les dance-floors européens. Mais aussi lors des corridas espagnoles. Non, vous ne voyez pas ? « Olé » ? « Matador » ? OK, on sort.

Amaury Vassili : Un soupçon d’arrogance (2011)

Amaury Vassili : Un soupçon d’arrogance (2011)

Il devait gagner. C’était écrit. Les bookmakers l’avaient prédit. Il en était lui aussi persuadé. Mais voilà, Amaury Vassili s’est lamentablement planté avec son Sognu, que personne n’a compris. Affublé d’une coupe à la Chewbacca, stressé à mort, et déstabilisé par ses oreillettes qui l’ont fait chanter faux, le bellâtre s’est totalement fourvoyé. Et a été jusqu’à vomir en coulisse. Sympa ! Mais pas de quoi être déçu : quinzième, au regard des autres résultats de la France, c’est pourtant pas si mal !