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Evelyne Thomas (1/2)

Tony Cotte
Publié le 26/06/2006 à 00:53 Mis à jour le 18/04/2011 à 16:59

En 2004, France 3 décide de mettre un terme à l’une de ses émissions phares : C’est mon choix. Depuis l’incroyable succès de ce talk show prisé des ménagères de moins de 50 ans, Evelyne Thomas semble avoir du mal à trouver un nouveau rôle à la télévision. Combien ça coûte, C’était mieux hier, Starting Over, les émissions présentées sur TF1 n’ont pas rencontré leur public. Aujourd’hui, Evelyne Thomas est libre de tout engagement et prépare activement sa rentrée. Rencontre avec une animatrice, constamment dans les starting block...

Tony Cotte : Votre livre, Entre vous et moi, vient de paraître. Vous auriez mis quatre mois pour l’écrire. Est-ce une manière de démentir de nombreuses allégations vous concernant dans la biographie non-officielle de Cédric Potiron sortie à cette époque ?

Evelyne Thomas : Pas du tout. J’avais déjà signé avec Ramsay (son éditeur, ndlr). Il s’agit d’une coïncidence. J’ai été d’ailleurs fort surprise d’avoir les honneurs d’une biographie non autorisée. Cela concerne en général le Président de la République ou Alain Delon. Jean-Luc Delarue en a fait l’objet après. Mais, en général, les présentateurs de télévision ne sont pas concernés.

Tony Cotte : En 1996, le grand public vous découvre avec votre talk show quotidien, Evelyne. Les médias vous ont comparée à Oprah Winfrey. Vous reconnaissiez-vous dans cette description ?

Evelyne Thomas : Mon dieu quel grand honneur ! J’aimerais avoir sa longévité et son parcours. Ce n’est pas mon modèle car je n’aime pas ce mot, mais c’était la première fois que l’on proposait ce type de show en France. Oprah Winfrey a la chance de faire un talk show soft aux Etats-Unis et de pouvoir se diversifier. Dans une société où les femmes commencent à monter, je trouve très bien qu’une personne aussi proche de son public puisse être une vraie chef d’entreprise.

Tony Cotte : Au bout d’une saison, vous vous êtes retrouvée sans rien. De là commence une petite traversée du désert. Dans le contexte de l’époque, et si la télé-réalité avait existé, auriez-vous participé à La Ferme à l’instar de Danièle Gilbert et autres Philippe Risoli ?

Evelyne Thomas : (rires) Je vous remercie de la comparaison avec Danièle Gilbert. On m’a déjà proposé de faire La Ferme et récemment une autre real-tv. Moi je présente des émissions !

Tony Cotte : Vous dîtes « Pendant un an et demi, j’ai passé mon temps à sonner à toutes les portes et à présenter des projets, sans le moindre résultat ». Puis C’est mon choix est arrivé tel un cadeau du ciel... (Elle interrompt)

Evelyne Thomas : Je ne pense pas que les choses viennent du ciel. Elles viennent de la volonté, du travail, de la ténacité et de la foi en son métier. J’ai eu des coups de blues. J’ai proposé de nombreux « talk-show societo » aux chaînes. Je pense que l’on vit dans une démocratie et la télévision se doit d’être démocratique. Les gens ont besoin de parler à ceux qui dictent les lois. Ca n’a pas marché. Mais lorsque l’on est passionné par son métier on sait attendre son heure. Peut-être étais-je trop en avance ? Arlette Chabot le fait bien aujourd’hui.

Tony Cotte : Dans votre livre, vous faîtes de nombreux parallèles entre votre parcours et des témoignages de C’est mon choix. Avez-vous eu besoin de visualiser les K7 ou vous rappelez-vous par cœur de ceux qui ont marqué vos émissions ?

Evelyne Thomas : Ce sont des témoignages qui m’ont réellement marquée. Même si j’ai fait un millier d’émissions, il s’est passé des choses émouvantes, étonnantes ou énervantes. C’est ça aussi qui en a fait le succès. Les gens avaient le sentiment de pouvoir y retrouver des choses qui leur sont proches. J’ai toujours fait mon travail avec sincérité. Lorsque l’on vient vers moi ou que l’on m’écrit des choses agréables, c’est fascinant. Quand je regarde dans le rétroviseur, et même pendant l’émission, beaucoup de leurs témoignages me rappelaient ma propre vie.


Tony Cotte : Lequel vous a le plus marquée ?

Evelyne Thomas : Il y en a plein. Mais je me souviendrai toujours de cette jeune anorexique qui ne comprenait pas sa maladie. Elle était toute timide et frêle. Le fait d’avoir pu parler avec d’autres anorexiques et d’avoir confronté sa vie aux regards d’autrui, lui a fait prendre conscience de beaucoup de choses. Ca a été un déclic pour elle. Ca c’est du service public (rires). Je me rappelle aussi de ce garçon bègue qui ne sortait pas de chez lui. Quand il allait à la boulangerie, il préférait se faire passer pour muet, il n’osait pas affronter les gens avec son handicap. C’était très impressionnant. Il a réussi le défi de lire devant tout le monde une lettre. Sur le plateau, nous étions tous en larmes. C’était de la vraie télé, pas de la télé voyeurisme.

Tony Cotte : Quand l’émission était à son apogée les critiques étaient plutôt virulentes. Vous n’avez jamais craint d’être remise en cause ?

Evelyne Thomas : Les critiques touchaient plus le fond de l’émission que moi-même. C’est mon choix est un programme que j’ai porté, que j’ai aimé et que j’ai revendiqué. Mais il faut savoir passer à autre chose ...

Tony Cotte : Face au succès de l’émission, la chaîne a proposé des spéciales et des prime-time. vous ne vous êtes jamais dit que C’est mon choix commençait à s’éloigner de son concept originel ?

Evelyne Thomas : Pas du tout. Les primes marchaient très bien. Nous avons même battu une fois TF1 ! C’est mon choix n’est pas un format, ce sont des invités, un thème et une animatrice au milieu. La seule chose qui était compliquée c’était de faire un prime-time mensuel alors que nous avions déjà une quotidienne. C’est extrêmement lourd à porter.

Tony Cotte : Laurence Ferrari va produire et animer une émission politique sur Canal + à la rentrée. Vous auriez, vous aussi, un projet semblable ?

Evelyne Thomas : Il s’agit d’un documentaire. C’est un projet sur ces femmes et l’instant T qui les a poussé à faire de la politique. On verra comment elles se ressourcent suite aux aléas de la vie. Le sujet est abordé d’une manière plus humaine. Dans une société où le moindre petit mot fait mouche et où l’on préfère ces messages à sensation qu’aux vérités qui dérangent, je pense que les gens se retrouvent plus dans les femmes. Elles sont concrètes et ancrées dans la réalité.

Tony Cotte : Les femmes vous ont souvent inspirée. Starting over proposait du coaching à des femmes mal dans leur peau. Vous considérez-vous comme une porte-parole de la gent féminine ?

Evelyne Thomas : Je ne me sens porte-parole de personne. La société évolue tellement vite pour les femmes. C’est très perturbant et compliqué, on vit dans un monde où les hommes ont le pouvoir. Le concept original de Starting over sur NBC ne s’adressait qu’aux femmes. Il est vrai que nous nous sommes posés la question si l’on ne devait pas faire entrer des hommes. Nous avons préféré rester fidèles.

Tony Cotte : Que pensez-vous des tentatives de France 3 pour redynamiser la case de 14/15 heures après votre départ ?

Evelyne Thomas : Je n’en pense pas grand chose. Notre émission a connu une période extrêmement florissante pour la chaîne. Je regrette que ça ne soit plus à l’antenne. Mais je le répète : je n’ai pas arrêté C’est mon choix. Je voulais juste que la ligne éditoriale soit remusclée pour que l’émission dure dix années de plus et ça n’a pas été la volonté du producteur. A ce que je sache c’est un diffuseur qui prend une telle décision pas une animatrice. On le voit aujourd’hui avec Nouvelle Star qui continue sans Benjamin Castaldi. Il a été remplacé au pied levé par Virginie Efira.

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