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Familles d’explorateurs, Carré Viiip, X Factor : la real tv dans la tourmente

Aurélie Demarcy
Publié le 06/05/2011 à 12:30 Mis à jour le 06/05/2011 à 12:31

Alors que la télé-réalité fêtait le 26 avril dernier, ses dix années d’existence dans le paysage audiovisuel français, il semblerait que le genre télévisuel accuse le coup de sa longévité et commence à en ressentir les premiers signes de faiblesse. En effet, ce nouveau mode de divertissement qui, lors de son avènement avec Loft Story, avait fasciné les téléspectateurs avant de se décliner au travers d’autres programmes à succès, subit aujourd’hui un certain revers de notoriété.

Preuve en est avec le Carré Viiip de TF1 qui aura fait plus de bruit par sa déprogrammation que par sa diffusion, laquelle n’aura pas dépassé les deux semaines... Un retrait de la grille des programmes aussi soudain qu’inhabituel qui allait alors s’avérer annonciateur d’un désintérêt accru du public pour les émissions de télé-réalité. Aussi, suivant la même logique, d’autres concepts ne tardent pas à connaître ce contrecoup à l’image de Familles d’explorateurs sur TF1, X Factor sur M6, voire même le divertissement à succès de la chaîne privée, Pékin Express. Viennent alors les interrogations face à ce boycott en masse semant le trouble dans la machine, pourtant bien huilée, de la télé-réalité. Petit tour de piste de ces questionnements.

Le 18 mars dernier débarquait sur les écrans de TF1, le tant attendu et médiatisé Carré Viiip de TF1. Une émission flambant neuve proposée par la chaîne à l’occasion de la décennie atteinte par la real tv. Au programme d’anciens visages vus et reconnus çà et là dans différentes émissions, réunis au sein d’une villa et qui sous l’appellation Vip se devaient de jouer « les stars » face à des Wanna Vip en quête de notoriété. L’objectif final de cet affront étant alors d’être celui ou celle qui, à force d’entretiens avec la presse et de buzz effectués, allait voir sa côte de popularité monter en flèche lui permettant de prolonger son séjour dans le jeu le plus longtemps possible.

Et ayant misé gros sur son casting constitué entre autres d’une Afida Turner débordante d’énergie, d’un FX toujours aussi méprisant ou d’une Cindy plus girl power que jamais, TF1 risquait le pari de remettre à l’antenne une télé-réalité d’enfermement. Or, les résultats ne se sont pas fait attendre et dès son lancement en prime time, Carré Viiip ne parvient à fédérer que 3.92 millions de curieux, avec une part de marché de 18.3 %. Un score peu reluisant qui, loin de connaître un mieux au fil des opus, va s’avérer des plus insatisfaisants au point de connaître une déprogrammation du jour au lendemain. Aussi, dès le 1er avril, la real tv de TF1 disparaît de la grille laissant alors son lot de questionnements vis-à-vis de cet échec cuisant.

De fait, la télé-réalité d’enfermement aurait-elle fini par lasser le public ? Le concept de Carré Viiip demandant aux téléspectateurs d’aborder l’émission avec un recul et un second degré propres au genre de la fiction était-il approprié pour une émission basée sur le quotidien ? Ou encore, le casting de personnalités à l’égo surdimensionné a-t-il fait barrière à une quelconque identification de la part du quidam ? Toujours est-il que l’émission oscillant de manière floue entre prise de distance et proximité n’est pas parvenue à capter le public, peut-être un peu perdu devant une mécanique aux ressorts mal définis...


Autre émission, autre échec ; celui de Familles d’explorateurs. Et si Carré Viiip avait les allures extérieures d’un Loft Story « amélioré », ici, les candidats de Denis Brogniart perdus en plein cœur de l’Australie donnent à voir une déclinaison familiale du célèbre divertissement de TF1, Koh Lanta. Or malgré les modifications du concept original suivant des fratries unies contre l’adversité à l’inverse de la survie individualiste, l’émission signée ALP, producteurs de Koh Lanta, n’aura pas créée l’engouement attendu. Si bien que le programme, affichant des audiences nettement ne déca des espérances pour la chaîne ; 4.26 millions de curieux, et une part de marché de 18.7 %, et des scores peu reluisants les semaines suivantes, aura vu sa diffusion modifiée.

De fait, dès le 22 avril soit trois semaines après son lancement, TF1 décide de fusionner deux épisodes de Familles d’explorateurs en un, afin de limiter les dégâts. Un choix, là encore, sanctionné par le public toujours indifférent au nouveau jeu d’aventure. Ainsi, avec 2.93 millions de fidèles, le 29 avril, TF1 enregistre une part de marché de 14.8 %.laissant présager une disparition définitive du jeu après la diffusion du dernier opus de la saga, ce vendredi 6 mai. Cependant, les raisons de cette érosion ne peuvent, dans ce cas, s’expliquer par l’absence d’identification du citoyen lambda au casting du programme. En effet, ici, la thématique familiale qui n’a pour autre but de fédérer le plus large public aurait dû trouver son écho chez le téléspectateur, mais en vain.

Cet échec proviendrait-il du concept qui, trop proche de Koh-Lanta, n’a pas su trouver sa propre identité ? À en croire les scores peu encourageants d’un autre divertissement proposé par M6, X Factor, directement inspiré de feu Nouvelle Star, on pourrait, effectivement, s’interroger sur la capacité de renouveau des programmes...

Car, ici aussi, le télé crochet emmené par Sandrine Corman donne du fil à retordre à la chaîne. Avec 3.35 millions de téléspectateurs, soit part de marché de 13.3 %, pour son lancement le mardi 15 mars, le successeur de Nouvelle Star opère un timide démarrage, laissant deviner un succès mitigé à venir. Une prédiction alors largement confirmée le mardi 26 avril. Avec un peu plus de deux millions de fidèles, et 9.9% de part de marché, X Factor connaît une baisse de régime retentissante. Malgré les changements proposés ; jury, format, processus de votes, tout laisse à penser qu’aux yeux des téléspectateurs, le lot de nouveautés annoncé par ce nouveau concept n’est pas suffisant pour prétendre à une réelle métamorphose.

Et cette attente manifeste de renouveau n’épargnera pas non plus, le jeu d’aventure de M6, Pékin Express. En effet, fort de ses nombreuses éditions, Pékin Express se trouve, lors de ce 7e opus, également marqué du sceau de la lassitude du public et enregistre un démarrage en demi-teinte lors de la soirée du 20 avril, avec seulement 2.74 millions de téléspectateurs, soit 12.7% de part de marché...

Finalement, en cette dixième année de télé-réalité, il s’avère donc que le genre télévisuel peine à séduire encore le public. Trop longtemps resté campée sur ses acquis, la real tv se trouve alors en pleine remise en question et pourrait bien être forcée d’explorer de nouvelles pistes et de proposer de nouveaux protagonistes, sous peine d’être totalement boudée par un public qui, de plus en plus, addict aux séries, semble accorder davantage de crédit aux héros de la fiction qu’à ceux du quotidien...