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France 2 : la création et la culture pour seuls mots d’ordre

Tony Cotte
Publié le 05/09/2007 à 13:00 Mis à jour le 05/09/2007 à 14:03

C’est sur la symphonie du Nouveau Monde de Dvorák que Patrick De Carolis fait son entrée sur la scène de la Salle Pleyel, jeudi 30 août dernier à l’occasion de la conférence de rentrée des chaînes du groupe France Televisions. Précédé par l’animation de Jean-François Zygel ( La boite à musique), le ton est d’office donné : place à la culture et la création. Un créneau dans lequel le groupe a déjà « massivement investi », comme se plait à le rappeler, et répéter, De Carolis. Pas question donc de s’arrêter en si bon chemin et plus particulièrement pour France 2 qui s’affiche résolument, cette année, comme la « chaîne de la création et de l’événement » capable de fédérer « le plus large public, alliant intelligence et émotion », selon les termes de Patrice Duhamel, Directeur des antennes.

Pour officier son discours, Patrick De Carolis dresse la liste de ses « promesses tenues ». Celles présentées il y a maintenant deux ans dans son plan d’action au CSA : Investissement dans les nouvelles technologies, construction d’un grand groupe audiovisuel, conclusion de nombreux chantiers sociaux, réformes structurelles pour la filière production de France 3 et résultats financiers records depuis 6 ans sur l’année 2006. Mais de toutes ses actions, celle dont le Président du groupe France Televisions est le plus fier reste l’investissement dans la création avec 365 millions d’euros annuels, soit « 1 million par jour ».

L’année 2007/2008 est donc l’occasion de poursuivre ces réformes. Les téléspectateurs pourront ainsi retrouver les grandes fictions emblématiques sur France 2, jugées comme les « blockbusters du service public ». Parmi elles, le mastodonte Guerre et Paix. Portée sur grand écran dans les années 50 avec Audrey Hepburn et Henry Fonda, l’œuvre de Léon Tolstoï est aujourd’hui adaptée dans une co-production par 7 pays dans un 4x100 minutes au budget de 28 millions d’euros. Prévue pour une diffusion en fin d’année, cette « superproduction européenne » peut compter sur 15 000 figurants, 2400 costumes, 1800 cascades, 105 lieux de tournage et 10 nationalités de comédiens.

Toujours dans le format 4x100 minutes, la chaîne publique proposera Le sanglot des anges mettant en scène Ruggero Raimondi, le célèbre baryton italien. Fort du succès de la première saison, la collection « Chez Maupassant », quant à elle, sera de retour pour de nouveaux épisodes. En 2009, France Télévisions en profitera pour revisiter le patrimoine littéraire de Zola, Flaubert et Hugo puis, en 2010, les grandes œuvres du 20e siècle.

Les séries françaises auront également la part belle, puisque France 2 proposera Fais pas ci, fais pas ça dans sa case fiction du samedi en access prime time ainsi qu’un feuilleton quotidien prévu pour le printemps. Nul doute, la chaîne fait de la création une de ses priorités éditoriales, créneau sur lequel elle tacle ses concurrentes.

Ainsi, Patrick de Carolis, se basant sur des « chiffres indiscutables », tient à rappeler aux médias annonçant l’érosion de l’audience du service public, que la chute est « équivalente à celle de TF1 et moins forte que celle de M6 ». Sur le contenu de ses grilles, l’ancien animateur de Des racines et des ailes a employé le ton offensif pour comparer la présence de l’offre en matière de séries américaines avec 33% du côté de TF1 et 45% chez M6. Des « chiffres édifiants », loin devant les 6.5% en moyenne du service public. « Nous ne faisons pas la même télévision que les autres, la nôtre est plus exigeante », annonce t-il. Pourtant, Patrick De Carolis semble oublier que FBI : portés disparus ou encore Cold Case représentent la meilleure audience hebdomadaire de France 2 et permet même de réaliser souvent des performances supérieures à cette fameuse concurrence.

Du côté des nouveautés, la Deux peut compter sur des divertissements quotidiens comme Les 60 secondes du Colisée, animé par Olivier Minne ou encore On n’a pas tout dit, successeur de feu-On a tout essayé. Les magazines ont également la part belle avec, notamment, Rendez-vous avec l’Histoire de Stéphane Bern le dimanche après-midi, Science on tourne avec Philippe Gougler le samedi dès 14 heures ou encore Les tabous de..., nouveau programme de Karine Le Marchand, deux fois par mois en alternance avec Ca se discute le mercredi en deuxième partie de soirée. L’animatrice des Maternelles revient ici pour « décoder les pudeurs d’hier et d’aujourd’hui ».

« Fermez les yeux. Imaginez un instant que dans le paysage audiovisuel français [les chaînes de France Télévisions] n’existent plus. Mais où seraient les grandes émissions culturelles, les documentaires diffusés à 20h50, les grands débats de société tout au long de l’année (...) et les fictions françaises patrimoniales ? Sur TF1 ? Sur M6 ? », s’interroge Patrick de Carolis.

Alors quand ce dernier déplore le « sous-financement chronique » et réclame une augmentation de la redevance ou l’introduction d’une coupure publicitaire dans les programmes de flux, on peut rappeler que France Télévisions a acheté 24.5 millions d’euros les droits d’images de matchs de football pour le magazine France 2 Foot, là où TF1 en proposait 14. De plus, les contrats d’exclusivité du groupe sur certains catalogues sont tels que des millions d’euros de programmes n’auraient toujours pas trouvé leur place sur la grille...