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Frédéric Lopez... sans oreillette !

Tony Cotte
Publié le 03/03/2010 à 13:03 Mis à jour le 23/04/2010 à 09:20

Elu « Personnalité télé de l’année 2009 » par les lecteurs de Toutelatele.com en janvier dernier, Frédéric Lopez continue de divertir, un mercredi sur deux, les téléspectateurs de France 2 et de les émouvoir lors des diffusions événementielles de Rendez-vous en terre inconnue. Fait rare pour un visage du PAF : il est l’un des seuls aujourd’hui à séduire à la fois le grand public et la critique. En attendant l’arrivée de son « loto humanitaire », l’animateur / producteur se confie sans oreillette ni prompteur. Rencontre.

Tony Cotte : En janvier dernier, vous avez été élu « Personnalité télé 2009 » par les lecteurs de Toutelatele.com. Ressentez-vous au quotidien toute cette sympathie du public ?

Frédéric Lopez : Quand j’ai appris la nouvelle sur votre site, ça m’a fait super plaisir. C’est peut-être une banalité, mais je suis sincère. C’est une distinction qui récompense des années d’efforts et de sacrifices. Cela fait du bien de se sentir enfin compris après tout ce temps où j’imaginais, les yeux ouverts, mes émissions. Être apprécié de la part du public que je ne connais pas personnellement fait forcément plaisir. Je dirais même que c’est un euphémisme que ce soit par le résultat de ce sondage ou les témoignages des gens qui viennent me voir dans la rue.

Tony Cotte : Un mercredi sur deux, Panique dans l’oreillette permet à nouveau à France 2 de grignoter des parts de marchés aux séries américaines de TF1, voire de les devancer. La genèse du programme est un chemin dit « semé d’embûches ». Pouvez-vous revenir sur cette période ?

Frédéric Lopez : J’ai déposé le concept en février 2001, Panique dans l’oreillette a été diffusée pour la première fois en septembre 2008. Une attente de sept ans donc, dont deux de chômage pendant lesquels les patrons des chaînes refusaient ce projet. Ça été très frustrant, mon entourage ne comprenait pas pourquoi je n’abandonnais pas. On me disait : « Le secret du bonheur, c’est le renoncement », mais je ne voulais pas l’accepter.

Tony Cotte : Vivez-vous aujourd’hui cette émission comme une revanche, notamment après l’arrêt de Comme au cinéma, point de départ « de la galère entraînant chômage, Assedic et psychanalyste » ?

Frédéric Lopez : Le mot « revanche » n’existe pas dans mon vocabulaire. C’est peut-être mon côté Dalaï-Lama, mais ça ne m’intéresse pas de revenir sur le passé et de chercher des responsables. Ces derniers sont déjà tous venus s’excuser ou me féliciter. Je vis tout ça simplement comme une récompense. Quant à la psychanalyse, ce n’est pas du tout une galère, c’est une chance.

Tony Cotte : Le succès de Panique dans l’oreillette est d’autant plus une récompense que l’émission a été achetée par plusieurs pays dont en Espagne où « Panico en le Plato » a été le succès de l’été 2009 sur Antenna 3...

Frédéric Lopez : A ce jour, dix pays ont acheté l’option et le programme est également en production au Liban. Pendant mes années de chômage, mes potes m’invitaient à dîner car je n’avais pas d’argent. Je disais : « Quand mon émission fera le tour du monde, je vous inviterai à mon tour au restaurant ». Ils ne l’ont jamais pris au sérieux et rigolaient. Le lendemain de la première émission en France, celle avec Florence Foresti, des producteurs italiens ont fait part de leur intérêt pour acheter le format, puis le groupe anglais RDS, à l’origine de l’export de N’oubliez pas les paroles dans 40 pays, a pris ça en main.

Tony Cotte : Quel est, concrètement, votre rôle pour les Panique dans l’oreillette internationaux ?

Frédéric Lopez : Je fais du « consulting », avec une « bible ». Le décor, la musique, la mécanique et le générique doivent être similaires. J’ai été en Espagne pour les réunions de production, puis sur le tournage de Panico en le Plato. C’est très gratifiant. Il y a six ans, mon psy m’a affirmé que j’avais déplacé mon égo de ma personne à mes idées. Autant dire que mon ego est forcément gonflé quand je vois mon idée faire le tour du monde...

Tony Cotte : La démarche du programme est de mettre en exergue des personnalités qui ont gravi des obstacles pour réaliser leur rêve. Auriez-vous fait un bon invité de Panique dans l’oreillette ?

Frédéric Lopez : (rires) C’est quelque chose qui m’habite pas mal à vrai dire. Ce programme est une manière d’encourager ceux qui le regardent, de leur faire comprendre qu’il ne faut jamais lâcher ses rêves. C’est forcément un clin d’œil à tous ceux qui m’ont incité à abandonner pendant ces années.

Tony Cotte : Pour réaliser cette interview, un complice nous a parlé de Liane Foly. Elle serait à l’origine de l’une de vos premières embauches...

Frédéric Lopez : (rires) Il y a eu un casting à Télé Lyon Métropole pour devenir animateur. Pour ce faire, je devais interviewer une personnalité factice. Le directeur des programmes de la chaîne à l’époque (Gérald Brice Viret, aujourd’hui à la tête du pôle Télévision de NRJ, ndlr) a ainsi incarné Liane Foly face à moi et je devais improviser des questions. Suite à cet exercice, j’ai été pris !


Tony Cotte : La prise de risques jalonne votre parcours. On parle souvent de la fameuse hypothèque de votre maison pour la conception de Rendez-vous en terre inconnue, mais ce que l’on sait moins, c’est le départ de TLM en tant qu’animateur en CDI pour le poste de JRI en CDD de trois mois sur LCI...

Frédéric Lopez : La prise de risque est inhérente, c’est un peu le propre de notre métier. Il faut savoir accepter l’hyper précarité. J’ai d’ailleurs parfaitement conscience que mon succès actuel a une date de péremption...

Tony Cotte : Ne peut-on pas parler de pérennité avec la vente à l’étranger de vos formats ?

Frédéric Lopez : Ça ne rend pas milliardaire tant que le programme en question ne cartonne pas dans de nombreux pays. Nous ne sommes pas Fremantle ou Endemol. Financièrement parlant, je ne suis pas sorti d’affaires avec ça. On se rassure toujours en faisant croire que si ça ne marche plus, on peut faire autre chose. Je rêve assez d’avoir un restaurant par exemple. Ça se rapproche de la production télé : il faut avoir un bon chef ou encore choisir la bonne carte...

Tony Cotte : Vous terminez toujours l’émission Panique dans l’oreillette par votre citation préférée d’Oscar Wilde : « Il faut viser la lune car, même en cas d’échec, on atterrit toujours dans les étoiles ». De ce même auteur il existe aussi : « C’est lorsqu’il parle en son nom que l’Homme est le moins lui même. Donnez lui un masque, et il vous dira la vérité »...

Frédéric Lopez : D’où l’importance d’avoir des complices dans l’émission (rires) ! Il n’est pas rare d’entendre dans l’oreillette des amis qui indiquent quand l’invité exagère ou romance des faits. Pour l’émission avec Jacques Séguéla, on nous a prévenus qu’il a une tendance à tout enjoliver. Florence Foresti, elle, affirmait que, plus jeune, elle n’était pas très jolie et était toujours la « meilleure pote » des garçons. Sa meilleure amie disait le contraire... Ce n’est pas une volonté de mentir de la part des invités, mais on a tous tendance à occulter certaines périodes de notre vie et à en valoriser d’autres.

Tony Cotte : Vous dites également à chaque numéro : « Grâce à cette oreillette, impossible (...) de pratiquer la langue de bois ». On a vu que ce n’était pas toujours le cas, notamment avec Ophélie Winter, sans compter l’incident avec Geneviève de Fontenay et ses Miss...

Frédéric Lopez : Le cas Ophélie est vraiment à part (rires). Elle a été d’accord pour faire l’émission. Je lui ai même téléphoné juste avant le tournage pour m’assurer que l’on pouvait tout dire. Elle m’a fait alors la liste des choses parues dans la presse à scandales que nous pouvions citer et dont je n’étais même pas au courant. Entre temps, elle a changé d’humeur et s’est décomposée sur place quand j’ai commencé à évoquer certains sujets. A la fin, elle m’a demandé de couper des passages. Les invités étant généreux et faisant le show pendant deux heures, je n’ai aucun problème à le faire. Quant aux Miss France invitées dans la bulle, certaines sont restées plus longtemps que d’autres. Il s’agit seulement d’un problème d’égo...

Tony Cotte : Aujourd’hui, vous préparez le fameux « loto humanitaire ». Peut-on dire que vous êtes en train de poser le premier pas sur cette « lune » si souvent citée en reprenant Oscar Wilde ?

Frédéric Lopez : Effectivement. Ce sera une émission humaniste, mais pas humanitaire. L’idée est de faire le prolongement naturel de ce que l’on fait avec Rendez-vous en terre inconnue. On ne fera ni appel aux dons et on ne culpabilisera pas les téléspectateurs. Il s’agit d’un tirage supplémentaire du loto de la Française des jeux. Les gens n’auront pas à se sentir coupables de vouloir être millionnaires et de gagner le gros lot, car, s’ils perdent, ils gagnent un monde meilleur...

Tony Cotte : Qu’en est-il de la diffusion de ce projet prévue, à l’origine, pour le début de l’année 2010 ?

Frédéric Lopez : Entre la mobilisation des ONG et le décret gouvernemental de l’État pour changer la répartition des gains, la concrétisation de cette émission est compliquée et prend du temps. Nous sommes en train de tout mettre en place pour une diffusion à la rentrée de septembre.