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Frédéric de Vincelles (Directeur général des programmes de M6) : « M6 est la grande gagnante de l’année, à la fois dans ses audiences, et dans son image »

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Directeur exécutif en charge des contenus
Publié le 02/01/2017 à 15:30

En gagnant 0.3 point de part d’audience sur l’année 2016, pour atteindre 10.2%, M6 est la seule chaine à réaliser une progression sur un an. Ainsi, portée par l’Euro, elle réalise son record annuel depuis 2013, et creuse son écart avec TF1, auprès de la cible stratégique des femmes de moins de 50 ans avec 16.1% de part de marché. La chaine a su renouveler et consolider ses marques fortes comme Top Chef, La France a un incroyable talent, Le meilleur pâtissier ou encore Scènes de ménages. Elle a également réalisé ses meilleures performances depuis 2009 en access grâce à Chasseurs d’appart’ et a lancé de nouvelles marques (Garde à vous, Une ambition intime, Mariés au premier regard…). Et si des failles subsistent, Frédéric de Vincelles compte bien les balayer en 2017. Des succès aux déceptions, tour d’horizon sans concession avec le directeur général des programmes de M6.

Benjamin Lopes : M6 est la seule chaîne historique à progresser sur l’ensemble de l’année 2016 sur la cible stratégique, et auprès de l’ensemble du public. En plus de l’Euro 2016, sur quoi s’est reposé ce succès ?

Frédéric de Vincelles : M6 est la grande gagnante de l’année, à la fois à travers ses audiences, et en terme d’image. Sur la cible des femmes de moins de 50 ans responsables des achats, nous présentons la plus forte progression, toutes chaînes confondues. C’est remarquable. On a réalisé le record d’audience de l’année 2016 avec la finale de l’Euro en fidélisant plus de 20 millions de téléspectateurs. De plus, M6 est leader du lundi au vendredi entre 18 heures et 21 heures sur la cible commerciale. C’est la première fois dans l’histoire de la chaîne. C’est extrêmement important, car ça participe à notre succès. Enfin, l’écart avec nos principaux concurrents n’a jamais été aussi faible. On a donc fait une superbe année.

M6 progresse, et TF1 et France 2 ont connu de nombreux revers en 2016. La hausse de M6 n’est-elle pas liée à la chute de ses deux principaux concurrents ?

Pour nous, l’analyse est extrêmement claire. Je ne conteste pas le fait que l’on a pu profiter de la faiblesse momentanée d’un de nos concurrents, mais le public dispose d’un éventail de 26 chaînes et pourrait très bien faire le choix de ne pas venir sur M6, d’aller plutôt vers la TNT première et deuxième génération. S’il vient chez nous, c’est que l’on est attractif.

Quels sont aujourd’hui les atouts de M6 en terme de programmation ?

On a consolidé nos marques importantes que l’on a su faire progresser, ce qui est assez rare dans notre paysage audiovisuel actuel qui est morcelé et dilué. On a travaillé fort. Top Chef progresse de 100 000 téléspectateurs par rapport à 2015, La France a un incroyable talent de 600 000 téléspectateurs, Le Meilleur pâtissier de 500 000 téléspectateurs, En Famille de 600 000 téléspectateurs, et Scènes de ménages de 500 000 téléspectateurs. De plus, on a lancé énormément de nouveautés, et donc pris beaucoup de risques. Et nous avons pu le faire, car nous avons un socle d’audience extrêmement solide avec l’access prime time. Ainsi, on a pu compter sur Une ambition intime, À l’état sauvage, Chasseurs d’appart’, Garde à vous, Mariés au premier regard, La famille à remonter le temps, Un an dans la peau d’un bébé ou encore le spectacle Kev et Gad. Les séries ont également marché avec Quantico et X-Files. Aucune autre chaîne ne peut se targuer d’avoir lancé autant de nouveautés, qui plus est avec succès.

« L’écart avec nos principaux concurrents n’a jamais été aussi faible »

M6 a réussi le pari de faire progresser la quasi-totalité de ses marques, à l’exception de L’amour est dans le pré, qui a bénéficié d’une programmation décalée cette année. Quelle est la stratégie de la chaîne sur cette émission phare ?

L’amour est dans le pré a rassemblé 4.8 millions de téléspectateurs en moyenne, M6 a été leader 15 fois sur 17. C’est une émission extrêmement puissante. Le programme a subi l’effet de la dilution, avec une concurrence plus forte. Mais, puisque l’on a réussi à faire progresser d’autres marques, on entend bien le faire également avec L’amour est dans le pré. Les portraits seront diffusés dès le 2 janvier prochain. Pour la production de cette nouvelle saison, on a travaillé activement avec FremantleMedia afin d’identifier un certain nombre d’éléments qu’on va mettre en œuvre pour faire remonter cette émission. On est confiants. Ça concerne à la fois des questions d’exécution et des questions liées au casting.

Les séries américaines font partie de l’ADN de M6. Les marques récurrentes sont en baisse, sans être un cas isolé dans le PAF. Comment va donc évoluer l’offre des séries américaines sur M6 en 2017 ?

On constate en France, un phénomène qu’on a repéré en Europe bien avant. Les gens ont envie de voir des productions locales, des histoires plus proches des leurs, et moins dans les codes des séries américaines. C’est peut-être aussi la qualité des productions américaines qui est plus inégale aujourd’hui. Le genre est, en effet, en baisse sur toutes les chaînes. On se prépare à cela, ça nous pousse à être inventifs et créatifs.

Le groupe M6 est celui qui a le plus d’output deal avec les majors américaines. Ce changement de stratégie va-t-il pousser M6 à se séparer de certains catalogues ?

Ce sont des questions que l’on doit se poser. Il faut trouver la réponse juste, car nous devrons produire des programmes qui sont capables de délivrer toute l’année des scores de bons niveaux, à l’instar de NCIS par exemple. Ça demande beaucoup de travail et de l’inventivité. On est depuis deux ans déjà dans une politique du développement de la fiction française. Elle commence à porter ses fruits. Nous avons déjà diffusé Beaux malaises, et nous aurons Glacé à l’antenne en début d’année 2017. D’autres projets sont en cours comme L’origine du mal de Pierre Aknine, Quadras avec François-Xavier Demaison, et puis Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux avec Lorànt Deutsch. On alterne entre le thriller et la comédie, on est confiant dans cette politique. Et puis, nous avons bien sûr Scènes de ménages et En famille qui continuent de fonctionner. On retravaille régulièrement sur ces séries et elles progressent dans une concurrence de plus en plus rude.

« On est depuis deux ans déjà dans une politique du développement de la fiction française. Elle commence à porter ses fruits »

L’information fait également partie de l’ADN de M6. Les magazines Capital et Zone Interdite ont subi un renouvellement de leur image à la rentrée. En l’absence de progression d’audience, quelle est la politique de la chaîne concernant ces deux marques ?

On est très satisfait du renouvellement des incarnants, tant d’Ophélie Meunier que de Bastien Cadéac. Ils correspondent totalement à l’image que l’on souhaite donner à ces magazines. On fait également confiance à Ophélie Meunier pour les JT en tant que joker. C’est une belle rencontre professionnelle. Il ne suffit pas de changer d’animateur d’une émission pour que du jour au lendemain les audiences explosent. Nous n’avions aucune illusion là-dessus. On s’inscrit dans un travail de moyen et long terme. Et il y a eu des gros succès avec le premier numéro de la rentrée de Zone Interdite sur Monaco. Cependant, parfois, les sujets sont plus difficiles et les audiences s’en ressentent, comme pour le mal-logement par exemple. On est conscient qu’avec un développement pléthorique de l’offre des magazines sur la TNT, la mission n’est aisée. La concurrence de dimanche avec France 5 est frontale. Mais on est motivé et on s’obstine à faire progresser Capital et Zone Interdite. On travaille sur l’editing. On veut surprendre le public, c’est un véritable mot d’ordre.

Le 19.45 de M6 est un véritable repère, mais le rendez-vous est en baisse depuis plusieurs semaines. Comment peut-on l’expliquer ?

La concurrence dans cette case, avec le renforcement de chaînes de la TNT, est importante. Les grilles horaires des chaînes de télévision sont en évolution perpétuelle. Là aussi, on est conscient de notre capacité à faire progresser de JT. On est très régulièrement leader auprès des moins de 50 ans, malgré une forte concurrence. Ça reste une satisfaction. Il faut que l’on continue à se renouveler, à trouver de nouvelles rubriques et à faire évoluer le contenu.

Chasseurs d’appart’ reste le grand succès de M6 cette saison, notamment auprès de la cible stratégique. Les autres programmes n’atteignent pas les mêmes niveaux d’audience. M6 est-elle tentée de proposer des saisons plus longues de Chasseurs d’appart’ ?

Ce sont des questions que l’on peut amener à se poser. Chasseurs d’appart’ sera d’ailleurs décliné en prime time. Stéphane Plaza sera plus impliqué, car il accompagnera les agents immobiliers dans leurs visites. On est très content de cette déclinaison avec une compétition entre les meilleurs. On la verra prochainement à l’antenne.

« On veut surprendre le public, c’est un véritable mot d’ordre »

Les téléfilms de M6 restent un pilier de la grille daytime de M6. En 2017, TF1 diffusera également en frontal deux téléfilms après le large succès de la programmation de Noël. Quelle est la réaction de M6 à cette offensive ?

Malheureusement, on ne pouvait pas déposer de brevet sur cette idée de programmation. À la fois c’est une sorte de fierté pour nos équipes de voir que nos idées sont utilisées par d’autres (ce n’est d’ailleurs ni la première, ni la dernière fois que M6 est prise comme modèle), mais ça nous oblige aussi à redoubler d’astuces. On fait un gros travail de marketing pour bien communiquer sur notre offre de téléfilms de qualité, avec des histoires exceptionnelles. Un travail doit être également réalisé sur la grille avec un calage antenne. C’est une nouvelle donne que l’on prend en compte et sur laquelle on réfléchit pour trouver les bonnes réponses. La concurrence était déjà très rude sur les achats de téléfilms, donc nous sommes habitués. On sait répondre à cette nouvelle programmation de la concurrence.

TF1 a devancé M6 sur sa programmation des téléfilms de Noël cette année, avec d’excellents scores à la clé, au détriment de votre chaîne qui s’était illustrée les années précédentes. Peut-on parler d’erreur stratégique ?

Je crains que Noël ne démarre encore plus tôt l’année prochaine... En 2015, on était au-dessus de TF1 tous les jours pendant toute cette période. On a considéré que la période de Noël démarrait là où nous commencions la programmation des téléfilms. Nous verrons ce que nous déciderons pour Noël prochain.

La fin d’année de M6 a été quelque peu mouvementée avec les revers de Murder et Once upon a time en prime time. Comment l’expliquez-vous ?

On a des programmes dont on sait qu’ils peuvent manquer de puissance, mais on a tout de même couru le risque de leur faire trouver leur public. C’est aussi notre devoir d’essayer. Quand ce n’est pas couronné de succès, on en prend acte et on agit, mais « Once upon a time » fait désormais le bonheur de 6ter : c’est ça aussi la politique de groupe.

Quel est l’impact de ces succès d’audience sur l’image globale de la chaîne ?

On a fait une année fantastique avec en point d’orgue l’Euro 2016. D’autres chaînes, qui ont diffusé cet évènement, ne sont pas en progression comme nous. L’image de M6 est, par ailleurs, excellente. Le double pari est gagné pour nous, à la fois de l’audience et de l’image. Le sondage IFOP met encore en tête M6 comme la chaîne préférée des Français. C’est aussi la consécration du fait que M6 est une chaîne de proximité et de créativité et d’innovation, saluée par le public avec les innombrables succès connus cette année. On clôture donc 2016 avec la satisfaction du travail bien fait et la motivation de faire encore mieux l’année prochaine.