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Géry Leymergie (Directeur des programmes BBC France) : « Il n’y a aucune raison que M6 perde Le meilleur pâtissier »

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Directeur exécutif en charge des contenus
Publié le 12/10/2016 à 18:59

Benjamin Lopes : La saison 5 est lancée ce mercredi 12 octobre sur M6. La version anglaise qui fait référence est-elle la source majeure des nouveautés de l’adaptation française du Meilleur pâtissier ?

Géry Leymergie : On est à 90% sur des créations françaises sur les thématiques d’épreuves. Après, tous les deux ans, on fait ce que les Anglais appellent un « creative exchange » où l’on se retrouve avec tous les producteurs du monde entier, soit environ une quinzaine. La dernière fois c’était à Liverpool. On essaie de voir comment chacun fait évoluer cette émission au fil des années. On peut donc également s’inspirer de la version allemande ou turque.

La mécanique du programme est-elle figée ou peut-elle être amenée à évoluer ?

Sur les épreuves, c’est un travail de longue haleine qui dure quatre mois où on l’on travaille en étroite collaboration avec Cyril Lignac et Benoît Couvrand qui est conseiller culinaire. On lit beaucoup de livres et on invente parfois des choses de toutes pièces. On essaie toujours de mettre des grands classiques, mais aussi des nouveautés. La mécanique ne bouge pas. On a, par exemple, fait switcher l’épreuve signature car on s’est rendu compte que le public ne voulait pas voir des gâteaux qu’ils font chez eux, mais des versions plus originales. On doit garder la même recette.

La version britannique, The Great British Bake Off, réunit actuellement plus de 13 millions de téléspectateurs sur BBC One. Comment expliquez-vous ce succès grandissant ?

C’est devenu un véritable phénomène de société. L’Angleterre s’est prise de passion pour la pâtisserie à haut niveau. C’est une offre de programme qu’il n’avait pas, ils ont un peu moins de formats culinaires qu’en France. La production a réussi à avoir des personnages très forts dans leurs castings, notamment à partir de la saison 4. Ce sont des héros de la nation. Dans le jury, Mary Berry est une personnalité de la télévision anglaise depuis 40 ans. Le duo d’humoristes à la présentation apporte quelque chose de fabuleux à l’émission. Tout cela mit bout à bout en fond un phénomène. En France, on est déjà très content d’être le deuxième programme le plus regardé de M6. Pas à pas, on fait notre nid.

L’aspect comique est encore renforcé cette saison. Pourquoi avoir opté pour ce choix éditorial ?

L’aspect comedy show est encore plus mis en avant cette saison et on se rapproche de la version anglaise qui est très clairement dans cette lignée. Nous sommes diffusés le mercredi, mais aussi le samedi après-midi, et on est regardé par tous les publics. Si on arrive à faire rire l’ensemble de la famille, on a tout gagné. On était beaucoup plus sur la technique dans les deux premières saisons. On retrouve plus d’astuces maintenant dans l’after À vos fourneaux et sur internet, et on a augmenté le curseur comique.

« L’aspect comedy show est encore plus mis en avant cette saison et on se rapproche de la version anglaise qui est très clairement dans cette lignée »

Le meilleur pâtissier, à vos fourneaux ! connait un joli succès. La formule évolue-t-elle cette année ?

On a un peu poussé le curseur sur la recette. Comme on a enlevé un peu de technique de pâtisserie dans le prime, donc on a voulu en rajouter sur la deuxième partie de soirée. Les masters class sont un peu plus longues. Il n’y a plus de coulisses décalées, mais il y a toujours un bêtisier, car ça marche très bien. On a des téléspectateurs qui réalisent les recettes de Mercotte dans la nuit après le prime time et qui envoient leurs photos sur les réseaux sociaux, c’est hallucinant.

Quelle est votre recette pour ne pas écœurer le téléspectateur dans l’univers extrêmement sucré qu’est celui du Meilleur pâtissier ?

On a redéfini la notion de gros plan, avec des ultras gros plans. Les gens sont aujourd’hui bien équipés avec leurs téléviseurs HD donc on peut se permettre de filmer une fraise de très près, de manière à ce que le téléspectateur ait l’impression qu’elle se trouve au bord de sa bouche. Ca existait dans la version anglaise et on l’a poussé à fond en France.

Vous inspirez-vous également du spin off anglais « An Extra Slice » ?

On ne s’en inspire pas, on rêve de le faire. J’espère que ça arrivera sur M6 prochainement. On se dit que la rediffusion du samedi marche bien alors pourquoi ne pas proposer « An Extra Slice » à la place, ou bien sur une autre chaîne du groupe M6. C’est un projet qui est dans les cartons car ça marche en Angleterre et ça commence un peu à titiller tout le monde.

En Angleterre, la BBC a perdu les droits du Meilleur pâtissier. Est-ce possible en France pour M6 ?

Il n’y a aucune raison que cela se produise en France car, pour le coup, on est dans une relation de confiance avec M6 et en aucun cas on aurait envie de la briser. On a un contrat qui n’est pas loin d’être ad vitam. On est très bien ici et on a d’autres marques qui sont présentes comme Cousu main et une autre en développement.