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Gilles Daniel, directeur des programmes de Virgin17

Tony Cotte
Publié le 20/10/2009 à 12:51 Mis à jour le 18/03/2010 à 15:29

Après NRJ12 et MTV, Gilles Daniel est arrivé à la direction des programmes de Virgin 17 en avril dernier. L’ambition de cet expert des diffuseurs destinés aux moins de 35 ans : travailler sur l’identité de la chaîne de la TNT. Et pour répondre aux valeurs de la marque, soit « l’audace, l’impertinence et le glamour », l’intéressé n’a pas fait les choses à moitié en annonçant le retour de L’île de la tentation. Virgin 17 espère ainsi, avec le programme sulfureux de TF1, entrer enfin dans la cour des grands. Rencontre en pleine période de transition avec un directeur confiant...

Tony Cotte : Vous avez annoncé une saison riche en nouveautés, parmi lesquelles L’île de la tentation. Considérez-vous ce programme comme votre « accélérateur d’audience », à la manière de X-Factor pour W9 ?

Gilles Daniel : Nous sommes ici dans une autre catégorie que X-Factor. On parle d’un programme déjà connu, qui a existé pendant 7 ans et avec 5 millions de fidèles. Ce n’est pas la même chose. Pour nous, X-Factor n’a d’équivalent que Pop job, même si les résultats obtenus n’ont pas été à la hauteur de nos attentes. L’île de la tentation a pour ambition de nous propulser dans une tout autre catégorie...

Si TF1 n’a plus voulu de L’île de la tentation, c’est, en partie, à cause des problèmes juridiques liés à l’émission. Allez-vous être particulièrement vigilants sur ce point ?

C’est un détail. A chaque nouvelle jurisprudence, les producteurs ajustent leurs contrats. Endemol nous a vendu une émission adaptée, il n’y a pas de crainte à avoir de ce côté-là. En réalité, cela arrive même souvent, sans forcément être médiatisé. Le statut juridique des futurs candidats est un non-événement.

La télé-réalité a une place importante sur votre grille. N’avez-vous pas l’impression de prendre davantage le chemin d’une chaîne comme MTV, dont vous avez été directeur des programmes, que celui de MCM, qui reste essentiellement une musicale ?

Les sujets sont différents. Si on se rapproche d’un MTV ce serait de la version italienne, où la marque n’a pas encore abandonné la musique, comme cela est le cas aux États-Unis ou en France. Pour une chaîne hertzienne musicale comme la nôtre, je dirais que c’est un bon modèle.

Selon L’express, vous auriez engagé des discussions avec le CSA afin de renégocier votre cahier des charges. Les obligations en matière de musique sont-elles si contraignantes ?

Je ne m’exprime pas sur ce sujet, je ne m’occupe pas de ces dossiers institutionnels. Mon rôle est de remplir les programmes musicaux et de divertissement de choses intéressantes. Toute l’année il y a des discussions avec les organismes et institutions, c’est la vie d’une chaîne de télévision. Les hertziennes sont dans le même cas.

N’est-ce pas frustrant pour une chaîne musicale de voir ses meilleures audiences réalisées par l’offre cinéma ?

Bien sûr, mais c’est une phase de maturité à acquérir. Les gens sont en train de découvrir le fonctionnement de la TNT. Jusqu’à présent, cette dernière représentait un second marché où les téléspectateurs allaient par défaut, quand il n’y avait rien de bien sur les chaînes traditionnelles. Puis, ils ont compris que la TNT était un vidéo-club avec de nombreuses heures de cinéma. Aujourd’hui, le grand public se rend compte qu’il y autre chose que de la fiction ou des films à l’antenne. C’est un bâton de pèlerin que l’on a saisi et que l’on doit agiter. Nous, comme nos concurrents, savons que tout ce processus coûte beaucoup d’argent, mais c’est une identité à creuser, un travail de longue haleine.

N’est-ce pas un peu tard par rapport à la concurrence de travailler aujourd’hui sur l’identité de la chaîne quatre ans après sa création ?

Virgin 17 n’existe pas depuis ce laps de temps. Il y a d’abord eu Europe2 TV avec son héritage de programmes, mais il a fallu repartir de zéro pour toucher les autres cibles que les jeunes. Je pense qu’il n’est jamais trop tard. Beaucoup de médias ont changé du tout au tout au bout de 5 ou 10 ans, je pense à Skyrock ou encore RFM. L’important est d’avoir la bonne stratégie et les investissements nécessaires pour coller aux désirs du moment.


S’il fallait quelques mots pour décrire la ligne éditoriale de Virgin17, quels seraient-ils ?

Tous nos programmes doivent être reliés aux valeurs de Virgin 17, soit l’audace, l’impertinence et le côté glamour. On peut toujours trouver des programmes de catalogue qui ne rentrent pas dans ces catégories, mais notre propriété est de répondre à ces trois critères.

Avec une telle description n’avez-vous pas l’impression de vous aventurer dans des terres déjà conquises par NRJ 12 et leur côté « décomplexé et assumé » ?

Next made in France existait bien avant les real-tv de NRJ 12. Des programmes de dating irrévérencieux sont présents sur notre antenne depuis très longtemps, avant même de s’appeler Virgin. Pour le coup, on a plus l’impression d’avoir été suivis.

Vous l’avez dit : le bilan de Pop Job est en demi-teinte. Il y aura-t-il malgré tout une deuxième saison ?

C’est beaucoup trop tôt pour répondre à cette question. Il y a un deuxième bilan à dresser avec les audiences des rediffusions et les résultats d’une enquête qualitative pour savoir si le public connaît l’émission, si il a envie de la voir ou, au contraire, s’il y a un rejet, ce qui m’étonnerait. Je suis profondément convaincu que c’est une bonne émission, nous avons eu des critiques positifs, le seul problème est dans la notoriété de la chaîne et la place de ce type de contenu sur notre antenne.

Qu’en est-il de Paparanews, produit par Cauet, annoncé l’an dernier comme un événement ?

Nous avons une nouvelle émission intitulée Celebrity 17, également sur le créneau du people. Chaque saison son événement. Nous sommes restés en très bons termes avec Cauet, mais Paparanews s’est essoufflé un petit peu et est arrivé au bout d’un cycle.

L’émission Music Strip avec Ariane Brodier a été annoncée avant de faire l’objet d’une déprogrammation quelques heures plus tard. Qu’en est-il exactement ?

Nous nous sommes rendu compte que l’émission n’était pas prête sur le plan technique et éditorial. Nous avons décidé de revoir notre copie. Cela arrive souvent, il est juste dommage d’avoir envoyé un communiqué de presse juste avant. Nous avons donc décidé d’attendre quelques semaines pour proposer au public un contenu parfait comme nous avons l’habitude d’en avoir à l’antenne.

Quelle est votre politique d’acquisition en matière de fictions ? Nous trouvons sur votre grille beaucoup de séries « vintage », parfois même en prime time, et des productions plus récentes...

Notre politique en matière de séries est large. Nous avons les acquisitions juste après Canal + ou TPS Star comme 30 Rock, The Office, The L Word ou Weeds, pour les faire découvrir au public qui n’a pas accès à la télévision payante. En parallèle à cette offre, nous proposons des séries à dimension culte comme Supercopter ou encore Tonnerre Mécanique. Il est naturel d’agiter les deux pour une chaîne de notre statut.

Autant on peut définir votre public en regardant vos divertissements, autant il est difficile de penser à une cible quand vous diffusez Happy Days, Greek, Sous le soleil et Tonnerre Mécanique, parfois à des horaires rapprochés...

C’est vrai, mais on arrive à avoir du public sur l’ensemble, alors nous sommes contents. Il arrive de cibler un public jeune et des téléspectateurs plus âgés à la suite, mais on essaye des combinaisons. Il arrive que l’on se trompe de cible, notre offre manga, par exemple, ne plaît pas qu’aux jeunes et réalise de belles performances sur les 25/49 ans. Nous découvrons cela tous les jours et n’hésitons pas à ajuster notre programmation en fonction.