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Hollywood Girls, Loana, Star Academy : Stéphane Joffre-Roméas dit tout

Tony Cotte
Publié le 26/02/2012 à 11:05 Mis à jour le 09/03/2012 à 17:25

Tony Cotte : Lundi 12 mars, NRJ12 proposera Hollywood girls. Annoncé comme une adaptation française de The Hills, le projet n’a pas grand-chose à voir avec l’émission de MTV et est devenu une « création originale NRJ 12 ». Pouvez-vous revenir sur sa genèse ?

Stéphane Joffre-Roméas : Il n’a jamais été question que ce soit une adaptation de The Hills. C’est une erreur sortie de Twitter, comme le prétendu retour de L’île de la tentation il y a quelques jours. Hollywood girls s’inspire de certains codes des programmes américains, mais ça s’arrête là. Il s’agit d’une « scripted reality » qui s’inscrit dans une stratégie de nouvelles écritures narratives de notre part. Et l’ensemble est innovant.

Ne craignez-vous pas que son aspect hybride puisse déstabiliser le public ?

Il faut laisser du temps au programme pour s’installer. Il est évident que nous ne ferons pas 500 000 téléspectateurs dès le premier épisode. Les gens doivent le découvrir et le voir au fil des jours. C’est un nouveau format. On va un peu au charbon : on commencera sans doute à 200 000 pour atteindre progressivement nos ambitions. L’objectif à terme est de réaliser la moyenne de la case, que ce soit en individus, en ménagères et sur les 25/49 ans.

Sur Hollywood girls, vous occupez la fonction de scénariste sur ce programme. N’avez-vous pas l’impression de marcher sur les plates-bandes de Jean-Luc Azoulay ?

Nous avons inventé l’idée et nous avons développé tous les « plots » de Hollywood Girls pour le groupe NRJ. Après, il n’y a pas de texte, ni de scénario. C’est du développement d’intrigue conjointement avec les membres de La Grosse équipe. Une fois la trame écrite, ce n’est que de l’improvisation. Je ne veux pas être Jean-Luc Azoulay. Lui est producteur, moi je suis un directeur des programmes actif. D’ailleurs nous travaillons avec un cinquantaine de producteurs au quotidien pour toutes nos émissions.

Le terme « directeur des programmes actif » semble inclure votre rôle de juré dans Encore une chance. N’avez-vous pas l’impression d’être sur tous les fronts ?

La télévision c’est mon métier. Je suis arrivé à 19 ans sur Le Miel et les abeilles en tant qu’assistant-réalisateur. J’ai gravi toutes les marches, jusqu’à producteur et directeur des programmes. Nous sommes dans un lieu où plein de choses convergent. Faire mon métier et être suivi par les caméras ne me pose aucun problème, comme dans Encore une chance. Le public a trouvé le jury professionnel et juste. Mais je ne veux pas forcément faire de l’antenne. Je préfère créer des idées. Au sein du groupe NRJ, nous sommes tous des créatifs, comme Jean-Paul Baudecroux et Gérald Brice Viret. Je pense que l’on sait globalement ce qui plait au public. On essaye d’être des précurseurs. Et c’est nécessaire puisqu’en tant qu’indépendants, nous n’avons pas les moyens de nous offrir The Voice ou Nouvelle Star.

Vous avez cependant de quoi proposer une nouvelle saison de Star Academy...

Nous ne sommes pas idiots pour autant : passer à côté de Star Academy aurait été une faute professionnelle. Surtout quand on voit les scores de nos deux soirées spéciales. Les autres gros formats sont bloqués. Si demain on veut Desperate Housewives, on ne peut malheureusement pas. On doit donc avoir des idées.


Que retenez-vous du parcours de l’émission Encore une chance ?

Ça a touché les jeunes adultes (15/34 ans) et les cibles (25/49 ans), mais ça n’a pas suffisamment rassemblé en prime-time. On a voulu jouer dans la cour des très grands. C’est une bonne émission, mais face à une concurrence comme celle des gros films, le défi était trop difficile. On a mis une écriture qui était plus destinée à de la deuxième partie de soirée. Peut-être que notre écueil a été de raconter des histoires de gens et de ne pas être dans le « talent quest » pur ? Malgré tout, la finale est en prime. Nous sommes extrêmement fiers de cette émission.

N’avez-vous pas peur que cette performance puisse être un indice pour la Star Academy ?

Star Academy n’a rien à voir : c’est une quotidienne qui nourrit un prime-time. Ces histoires de gens se retrouvent tous les jours en soap. Nous, chaîne de la TNT, il nous faut de la visibilité. Mais je n’ai pas peur, c’est une marque exceptionnelle. Le principe avec ses nominations, évaluations et les grandes stars qui viennent chanter ... j’y crois beaucoup ! Je n’ai aucun doute que les stars internationales viendront sur le plateau. C’est un projet de groupe et NRJ est la première radio musicale de France. Morgan Serrano (directeur des programmes de la station, ndlr) fait un travail remarquable : nous sommes partenaires des plus grands artistes.

La présence de ce dernier assure-t-elle une diffusion à l’antenne de NRJ, à l’inverse de tous les titres issus des Anges de la télé-réalité ?

Disons que ça aide... Pour les Anges, Sofiane est allé jusqu’au bout de son rêve. Son single a été diffusé sur les radios en province. Cindy Sander, elle, a fait les routes de France. Ils ont tous avancé. Ils font ce qu’ils veulent de la clé qu’on leur donne. Morgan est patron de son antenne. Les Anges, c’est un starter, mais pas une baguette magique. Le single du gagnant de The Voice n’a pas l’assurance d’avoir le soutien de NRJ, s’il n’est pas cohérent par rapport à son antenne.

Après ses récents déboires, Loana peut-elle être considérée comme un échec des Anges de la télé-réalité dont la participation avait pour but de lui offrir un nouveau départ dans la vie ?

Elle a des blessures antérieures à son exposition médiatique. La télé-réalité l’a sauvée. Sans ça, elle ne serait peut-être pas là pour en parler aujourd’hui. C’est une personne fragile, mais avec un grand cœur. On lui a proposé les Anges 2. Elle a rayonné grâce à cette émission. Je lui ai proposé de participer à la quatrième saison. Étant donné son état, j’ai préféré qu’elle soit aux côtés de Matthieu Delormeau dans la partie magazine, en tant que chroniqueuse. Elle n’était pas prête de faire 24 heures d’avion et se rendre à Hawaii, même si elle en avait très envie. C’est une personne complexe et qui se bat contre ses démons. Je la considère comme une amie. Je l’aide donc du mieux que je peux. Sa participation à la deuxième saison a été une victoire : elle a perdu du poids et s’est sentie plus à l’aise dans son corps.

En matière d’acquisition, vous évoquiez la difficulté en tant que groupe indépendant. Sans output deal, pouvez-vous vraiment lutter contre W9 (groupe M6) ou TMC & NT1 (groupe TF1) ?

Heureusement que nous avons des studios amis. Sinon, on ne pourrait pas faire grand-chose. On a quand même pu diffuser Eragon devant 1.5 million de téléspectateurs. On a aussi des partenariats avec des studios. Et nous sommes malins. On se bat avec nos moyens et notre passion. Jean-Paul Baudecroux est un passionné. Il n’en est pas là par hasard. Il booste son entreprise dans les gènes.