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Il était une fois Patrick Bruel > à l’origine du projet avec Mathias Goudeau

Tony Cotte
Publié le 04/07/2014 à 18:43 Mis à jour le 12/07/2014 à 14:10

Auteur des livres sur Jean-Jacques Goldman, Zazie, Céline Dion, Hélène Ségara, M, Eminem ou encore Pascal Obispo dans la collection littéraire « A à Z », Mathias Goudeau connaît bien les artistes. Ce proche de JJG a, au fil des années, établi un lien de confiance avec de grands noms, au point d’être aujourd’hui membre de l’équipe artistique des spectacles des Enfoirés. Après « Il était une fois Céline Dion » l’an dernier, ce passionné revient, ce vendredi 4 juillet, avec « Il était une fois Patrick Bruel » sur TMC...

Tony Cotte : Votre nom est associé à de nombreux artistes depuis plusieurs années. Pourquoi ce projet sur Patrick Bruel ?

Mathias Goudeau : Il fait partie des grands artistes français sur lesquels on peut faire un documentaire de 120 minutes. Dans cet exercice, il y a avant tout une histoire à raconter et il faut trouver les moyens de le faire. Le parcours de Patrick Bruel le permet ; il a quand même marqué 30 ans de la chanson française.

Vous ouvrez votre film sur les Victoires de la musique. Un épisode assez peu connu de la carrière de Patrick Bruel...

Je cherche toujours des points révélateurs dans l’histoire d’un artiste. Raconter une histoire n’implique pas de commencer par le début : j’ai la volonté de faire des documentaires subjectifs, pas une simple chronologie. C’est un point de vue et des angles à trouver pour intéresser le téléspectateur. Cet épisode des Victoires de la musique est révélateur. Alors qu’il est au plus haut, il n’est pas reconnu par ses pairs. Il le dit lui même : c’est un problème et ça le renvoie à tous ses autres problèmes.

Qu’avez-vous découvert sur lui que vous ignorez au préalable ?

À quel point c’est un grand artiste en ne laissant jamais rien de côté. On le découvre notamment dans les périodes antérieures aux succès. C’est un battant qui a envie d’exister artistiquement. Son succès n’est dû au hasard.

Comment avez-vous pu convaincre Amanda Sthers de témoigner ?

C’est comme pour tous mes intervenants : je sais être persuasif et on me fait confiance. Ça fait 15 ans que je suis dans la musique et la télévision ; c’est une marque de confiance qui s’instaure. Je fais des documentaires a priori sérieux et en télévision, on n’en trouve pas tant que ça. Rien n’avait été fouillé à ce point-là sur Patrick Bruel. Certains de ses amis d’enfance n’avaient même jamais témoigné. Amanda Sthers rentre dans le même schéma. Elle est écrivaine elle-même, elle sait donc appréhender les artistes. J’avais, au-delà de son rapport à la séduction en tant qu’ex-femme, un double intérêt à l’avoir.

« J’avais un double intérêt à avoir Amanda Sthers »

Amanda Sthers comme Patrick Sébastien reviennent sur l’importance du rapport au père dans son évolution et dans celle de nombreux artistes. Au vu de votre expérience, partagez-vous cet avis ?

C’est vrai qu’on peut retrouver les mêmes failles chez Michel Berger. Beaucoup de gens ont des failles, mais les artistes, eux, savent l’exprimer. Une absence parentale est l’une des plus grosses failles pour un individu. Après, il ne faut pas forcément caricaturer. Je pense à Jean-Jacques Goldman : il a eu une relation « classique » avec sa famille et reste un grand artiste.

Partie 2 > L’implication de Patrick Bruel en politique, ses projets


Y a-t-il eu des sujets sur lesquels Patrick Bruel et son entourage n’ont pas souhaité s’exprimer ?

Je vais être très franc avec vous : il n’y a non seulement pas eu d’interdit, mais je ne pense pas qu’il y ait matière à en avoir. [Il réfléchit] Je ne m’étais d’ailleurs même pas posé la question.

Comédie, chanson, poker... Patrick Bruel multiplie les activités. A-t-il selon vous une préférence ?

Il a besoin de s’exprimer, et ce, quelle que soit l’expression. Ça ne l’empêche pas de s’appliquer dans tous les domaines. Si je faisais de la psychologie de bas étage, j’aurais pu dire que c’est pour combler un vide, mais c’est une autre réponse. Je n’ai pas l’impression qu’il préfère une activité à une autre. Après, pour bien connaître les artistes, l’adrénaline quand on est sur une scène face à un public est sans égale.

On connait aussi le Patrick Bruel « opiniâtre ». Après avoir soutenu publiquement Dominique Strauss-Kahn, pourrait-il un jour entreprendre une carrière politique ?

Je ne sais pas si on peut parler de « soutien » pour DSK. Il donne son avis, oui. Patrick est d’une famille ultra politisée. Ça fait partie de sa vie, entre son déracinement, ses rencontres et sa volonté de comprendre le monde. Je ne le vois pas aller dans une carrière politique ; il est plus un citoyen concerné qu’un chanteur engagé.

« Il est plus un citoyen concerné qu’un chanteur engagé »

Après Il était une fois Patrick Bruel, sur quel autre parcours allez-vous revenir ?

Je ne peux pas en parler car ce n’est pas encore fait. Il y a beaucoup de choses dans les cartons, sur plusieurs chanteurs différents. Tout artiste est intéressant à partir du moment qu’il a marqué, comme Patrick Bruel, son époque. Le coup marketing d’une carrière n’existe pas, il y a forcément autre chose, entre une imprégnation de l’époque, un public qui se reconnait...

Le nom de Mathias Goudeau permet-il aujourd’hui une facilité dans les démarches pour produire un documentaire ?

Rien n’est facile. Après il y a un réseau au fil des années qui s’est créé. Jean Jacques Goldman dit que l’important est la chanson, pas l’interprète. Je dirais qu’ici l’important c’est le documentaire, pas le réalisateur. En général, j’ai de bons échos sur mon travail. Et je prends un plaisir à construire des histoires et n’oubliant pas le téléspectateur et en ne faisant pas du copier-coller d’images.