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Inspecteur Barnaby > Rencontre avec Neil Dudgeon

Claire Varin
Publié le 31/03/2013 à 18:56 Mis à jour le 17/04/2015 à 20:14

Depuis 2010, Neil Dudgeon incarne John Barnaby. L’acteur britannique a ainsi succédé à John Nettles à la tête de la série policière populaire. Il y a quelques semaines, Neil Dudgeon était à Paris pour promouvoir le lancement de la saison 15 d’Inspecteur Barnaby, diffusée sur France 3 dès le 24 mars. A cette occasion, le comédien a répondu aux questions des journalistes.

Vous avez succédé à John Nettles dans Inspecteur Barnaby. Comment ce rôle est-il venu à vous ?

Neil Dudgeon : Un jour, mon agent m’a appelé pour me dire que la série pourrait peut-être continuer sans John Nettles, qui allait prendre sa retraite. La production l’avait contacté disant que peut-être ils seraient intéressés pour que je reprenne le rôle principal. Tout ça était très vague. Puis, un an plus tard, la production m’a proposé de jouer dans un épisode, dans lequel Barnaby travaillait avec la police de Brighton. J’ai été surpris puisque je croyais qu’ils devaient me donner le rôle principal. Mais l’auteur avait cette bonne idée d’introduire mon personnage en faisant de lui le cousin de Barnaby. De cette manière, si ITV souhaitait maintenir la série, ils pouvaient garder le nom du personnage, mais surtout, ils pouvaient décider s’ils m’appréciaient ou non. Cet épisode avait valeur de test. Six mois plus tard, j’avais le rôle.

Regardiez-vous Inspecteur Barnaby avant d’obtenir ce rôle ?

Oui, j’appréciais déjà beaucoup la série avant. J’avais une idée assez précise de ce qu’il fallait faire pour se glisser dans le rôle ; je savais ce que je pouvais apporter à ce personnage pour le rendre désirable auprès du public. J’aime le genre policier et en particulier les séries policières sur le mode « qui est l’assassin ? ». Dans Inspecteur Barnaby, l’environnement des suspects regorge de folie. Au centre, il y a des policiers qui ont une grande droiture. Les guests ont les choses les plus intéressantes à jouer et je me mets au service de tout ça...

John Nettles vous a-t-il donné des conseils ?

John ne partage pas beaucoup sur son travail. Et lorsque nous avons tourné ensemble l’épisode à Brighton, la décision de le remplacer n’avait encore été prise. Donc nous n’avons jamais vraiment discuté de la série ensemble.

Quelle est l’histoire de votre personnage ?

On sait peu de choses sur John Barnaby. Il a quitté Brighton pour remplacer son cousin à Midsomer. On sait qu’il a un diplôme en psychologie et qu’il a une femme et un chien. C’est à peu près tout. J’aime l’intérêt qu’il porte aux gens. Je crois qu’il aime la beauté de la campagne et la mentalité de ce milieu rempli de personnages excentriques.

« Le chien de Barnaby est plus intelligent que son maître »

Que réserve cette saison 15 ?

Je ne peux pas trop en dévoiler. Mais je promets des mystères très mystérieux. Les enquêtes sont très compliquées à résoudre. Chaque épisode réunit des acteurs fantastiques. Je suis toujours très étonné lorsque la production m’annonce quels comédiens vont venir pour un épisode, même pour jouer le mort. C’est extraordinaire de pouvoir donner la réplique à de grands acteurs. Cela me donne beaucoup d’énergie pour faire de bonnes choses pour la série.

Vous arrive-t-il de suggérer des acteurs à la production ?

J’ai donné plusieurs listes au directeur de casting. Et je crois que parmi ces noms, seul un acteur est paru dans la série, mais pas parce que je l’avais suggéré. Je crois que cela a un effet contraire. Quand le directeur de casting dit Neil a suggéré untel, on doit lui répondre non. Je devrais peut-être faire une liste des acteurs avec qui je n’ai pas envie de jouer (rire).

Si Sherlock Holmes, Hercule Poirot et Miss Marple étaient réunis pour une enquête, qui résoudrait le crime en premier ?

Je pense que Barnaby est le moins intelligent de tous ces enquêteurs. Il serait sans doute le dernier à résoudre le crime (rire). Leurs procédés de déduction sont très différents. Celui de Sherlock Holmes est beaucoup plus pointu. La taille d’un simple mégot de cigarette suffirait à identifier le tueur. On blague souvent en disant que le chien de Barnaby est plus intelligent que son maître.

Partie 2 > La qualité des série britanniques et son regard sur la fiction française


Y a-t-il des conseillers techniques sur le tournage ?

Non, il n’y en a pas. Il arrive de manière exceptionnelle qu’un médecin légiste vienne sur le plateau pour donner des conseils sur une autopsie. En Grande-Bretagne, les policiers disent qu’Inspecteur Barnaby est la série policière la moins réaliste. En particulier, dans sa représentation des procédures policières. Mais je crois que si le téléspectateur veut voir ce genre de chose, il regarde Les Experts : Miami. L’intérêt d’Inspecteur Barnaby réside dans sa manière de dépeindre le milieu rural où tout le monde se mêle des affaires des autres. Lorsqu’on réunit dix personnages, il est certain que tout le monde ment. Ils ont tous quelque chose à cacher. Ce qui est intéressant, c’est de découvrir pourquoi ils mentent et qui ment parce qu’il a tué. Le public aime aussi la série parce que les Britanniques ont cette image de gens polis et sophistiqués, mais sous la surface, ils ne sont pas si lisses. Tout le monde couche avec la femme de quelqu’un d’autre et tout le monde vole son prochain ou a envie de tueur son voisin. C’est ce mix qui rend la série divertissante.

Downton Abbey, Luther, Sherlock,… Actuellement, beaucoup de séries britanniques rencontrent un succès international. La qualité des productions britanniques aurait-elle changé ?

Je suppose. Je crois que nous avons de bons scénaristes, réalisateurs et de bons acteurs. Mais il s’agit peut-être que d’un mouvement cyclique. Il y a des périodes comme ça où de très bonnes choses arrivent en même temps. Et on retrouve un âge d’or pour les séries. L’originalité de ces séries est aussi un facteur important. Elles sont assez différentes de ce que l’on a pu voir précédemment. Je n’ai pas vu Downton Abbey mais j’aime beaucoup Luther et Sherlock. Cette version contemporaine a su capter l’essence de Sherlock Holmes et les scénarios sont malins.

« Le public aime aussi la série parce que les Britanniques ont cette image de gens polis et sophistiqués, mais sous la surface, ils ne sont pas si lisses »

Vous arrive-t-il de regarder des séries françaises ?

J’aime beaucoup Engrenages et les acteurs sont fantastiques. La diffusion de la saison 4 vient de commencer sur BBC4, j’enregistre les épisodes. Ma femme et moi avons été passionnés par la saison 3. La complexité des personnages est captivante. Je pense en particulier au personnage du juge d’instruction guidé par une soif de justice. Son combat contre la corruption l’emmène à simuler un cambriolage dans son bureau. La fin justifie-t-elle les moyens ? Cette complexité morale est vraiment intéressante.

Comment votre passion pour l’art dramatique est-elle née ?

J’étais un adolescent très bavard. Un de mes professeurs voulait que j’utilise ma volubilité à bon escient. Il voulait que je participe à la pièce de théâtre du collège. J’avais 14 ans et je n’avais aucune envie de le faire et encore moins d’être maquillé. Mais il m’a forcé. Après cela, je n’ai jamais cessé de jouer. J’ai étudié l’art dramatique à l’Université de Bristol. Puis je suis entré à la Royal Academy of Dramatic Art de Londres. Aujourd’hui, je suis reconnaissant envers ce professeur de m’avoir forcé la main.