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Philippe Antoine (BFM Régions, Directeur des rédactions) : « Nous sommes en progression d’audience, c’est très encourageant »

Joshua Daguenet
Par
Rédacteur TV & Séries
Publié le 07/09/2020 à 14:39

Près de quatre années après le lancement de BFM Paris, le groupe comporte désormais trois antennes régionales. Philippe Antoine a tiré un premier bilan en se projetant sur l’avenir des locales.

Joshua Daguenet : Quel bilan d’audience faites-vous des antennes régionales développées par BFM à Paris, Lyon et Lille ?

Philippe Antoine : Un excellent bilan puisque nous avons fait des mesures au cours de l’été sur la saison précédente et que ce soit à Lille, sur le littoral, à Lyon et Paris, nous sommes en progression. C’est très encourageant. À Paris, nous réunissons plus de 600 000 téléspectateurs alors que l’offre est pléthorique parmi les chaînes d’information. L’attente est réelle pour l’information de proximité.

Voilà 20 ans que France Bleu développe l’actualité des régions à la radio. Notez-vous une évolution de la demande des Français de s’intéresser autant voire davantage à l’actualité locale plutôt que nationale ?

Nous essayons de faire de la proximité et de la praticité, dans le sens rendre service aux gens qui nous regardent. De l’information de proximité dans le sens géographique du terme en parlant des sujets et des préoccupations de ce qui est dans la vie courante des gens à qui l’on s’adresse ; nous souhaitons aussi développer des informations utiles et le Covid nous conforte dans cette idée. Les réseaux sociaux nous ont permis de vérifier que les téléspectateurs ont vivement réagi à nos différents modules. Face à ce constat, on s’est dit qu’il fallait aller encore plus loin dans ce service. Par exemple, à Paris, nous avons poursuivi l’info trafic grâce à notre partenariat avec Waze et nous avons commencé à le développer avec le vélo, car les transports en commun sont délaissés depuis la crise sanitaire. C’est valable pour les vélos mécaniques et électriques.

Ces ouvertures locales ont-elles été une manière de répondre aux accusations envers les médias de « parisianiser » sans cesse l’information ?

Cette critique s’adresse plutôt aux médias nationaux. L’idée de départ est de se dire que plus on se rapproche de celui ou celle qui nous regarde, plus nous serons en capacité de délivrer une information précise, utile, intéressante et concernante. Ce fait est plus la vocation d’une chaîne à l’échelle d’une ville ou d’une métropole.

« Localement, nous avons noté une attente de service et de conseil beaucoup plus développée qu’auparavant »

La crise sanitaire complique-t-elle la mission des journalistes engagés dans les différentes antennes ?

La mission est plus compliquée, mais elle l’est pour tout le monde. Nous avons tous été amenés à changer notre façon de travailler, réadapter les protocoles, c’est-à-dire porter des masques en reportage, mettre des gants pendant un certain moment, utiliser des perches pour se tenir à distance des gens interrogés, protéger les micros, respecter les gestes barrières dans les studios, développer les interviews à distance... Toutes les chaînes nationales et locales ont procédé de la même façon. Localement, nous avons noté une attente de service et de conseil beaucoup plus développée qu’auparavant.

De quelle nature est la collaboration entre la rédaction nationale et les rédactions régionales de BFMTV ?

À Lyon, les reporters de BFMTV ont été intégrés et embauchés par la rédaction de BFM Lyon, mais ils travaillent en priorité et sous l’ordre de la rédaction en chef de BFMTV. Si la chaîne a besoin du correspondant pour aller dans les Alpes parce qu’il y a une avalanche, celui-ci quitte Lyon pour couvrir l’antenne nationale. Très souvent, il arrive que le sujet du correspondant diffusé sur BFM soit utilisé pour la chaîne locale. Inversement, des gens de la rédaction de BFM Lyon peuvent faire des duplex pour la chaine nationale.

« On se rend compte que l’information locale peut devenir nationale »

Quelles villes pourraient profiter des prochaines délocalisations ?

Nous avons trouvé un accord pour racheter Dici TV, une chaîne ultra locale qui couvre toutes les Alpes du Sud. Elle fonctionne bien et elle s’adresse à la partie montagneuse dans le Nord du département et à la Provence dans le Sud. Cette région a une activité touristique neigeuse et estivale. Demain, la chaîne sera différente de ce qu’elle est aujourd’hui.

Aucun cap à l’ouest dans l’immédiat ?

Il y a beaucoup de discussions qui se jouent au niveau de Patrick Drahi [Président fondateur d’Altice, ndlr], Alain Weill [Président fondateur de NextRadioTV] et Arthur Dreyfus [Secrétaire général d’Altice France] tout en essayant de discuter avec les acteurs de la presse quotidienne régionale avec lesquels on a envie de travailler. Dans le sens de l’Ouest, il n’y a rien dans l’immédiat. Nous essayons de faire les choses les unes après les autres, mais la création d’une chaîne et même son rachat représente un travail monstrueux, car il faut repenser la grille, les programmes, la technique...

Avec cinq années de couverture à New York pour RTL, est-ce le même exercice de couvrir l’actualité internationale pour la France et couvrir celle d’une région ?

Parfois, ce n’est pas très loin. On se rend compte que l’information locale peut devenir nationale dans le sens où l’on observe des choses en région qui, à un moment, deviennent de l’actualité nationale, car ce sont des phénomènes, des tendances ou des travers. Ce qui se passe à Lille peut être vu à la loupe et se dérouler ensuite à Nantes ou à Paris. J’ai eu cette impression aux États-Unis lorsqu’en 2009, j’ai réalisé un reportage sur les premiers pas de Netflix dans le New Jersey. Leur première mission consistait à faire de la location de DVD par la Poste. Cette boîte posait déjà la question de comment regarder la télé différemment.

[+ D’INFOS]
BFM Paris a réuni 2.1 millions de téléspectateurs en moyenne chaque semaine, 2.2% de part de marché et une hausse de 7% par rapport à la période septembre-décembre 2019.