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Jack Wagner

Tony Cotte
Publié le 05/05/2006 à 01:31 Mis à jour le 04/05/2011 à 15:31

Peter Burns : ce personnage parle à tous les français accros à Melrose Place, le feuilleton à succès dérivé de Beverly Hills 90210. Programmé pendant des années sur TF1, Melrose Place a marqué à tout jamais les 15/35 ans de l’époque. Aujourd’hui, Jack Wagner, qui interprètait Peter Burns, se retrouve dans la distribution d’Amour, Gloire et beauté, le soap des matinées de France 2. Diffusé dans 130 pays, ce feuilleton captive chaque jour environ 45 millions de téléspectateurs, dont 1 million sur France 2. Pour mieux faire connaissance avec son personnage de Dominick Marone et son métier d’acteur, Jack Wagner s’est livré à coeur ouvert aux lecteurs de Toutelatele.com..

Tony Cotte : Votre parcours est essentiellement composé de soap/feuilletons. Pourquoi de tels choix ?

Jack Wagner : Aux Etats-Unis, quand on a du succès dans quelque chose on vous propose de le faire à nouveau. Lorsque j’ai besoin de me ressourcer, je retourne vers le théâtre. J’ai déjà participé à une quarantaine de pièces. C’est mon premier amour.

Tony Cotte : Le soap est un genre dont l’audience s’amenuise au fil des années. Malgré leurs anciennetés, est-ce que ces feuilletons ont encore un long avenir devant eux ?

Jack Wagner : La concurrence entre les chaînes est de plus en plus acharnée. C’est difficile pour un programme d’être toujours au top sur le long terme. Mais Amour, gloire et beauté est un des rares soap à avoir vu son audience augmenter dans le monde entier. Son écriture est plus contemporaine. Elle ne reste pas coincée dans le stéréotype des autres feuilletons qui ont beaucoup de mal à évoluer.

Tony Cotte : En France, le fait de tourner pour la télévision ferme les portes du cinéma. Est-ce la même situation aux Etats-Unis ?

Jack Wagner : Je pense que la situation est semblable dans tous les pays. C’est compliqué pour un artiste d’être reconnu pour une autre forme d’art qu’il exerce à l’origine. Un acteur de télévision doit rester un acteur de télévision. La barrière entre le petit et grand écran reste difficile à traverser.

Tony Cotte : En avez-vous été victime ?

Jack Wagner : J’ai ressenti cette dualité étant jeune. Je souhaitais vraiment avancer dans ma carrière. Aujourd’hui, je suis bien avec moi-même et avec ce que je fais.

Tony Cotte : Vous avez rejoint le casting d’Amour, gloire et beauté à sa 16eme saison. L’intégration a t-elle été difficile ?

Jack Wagner : C’est comme un nouvel élève dans une école. Il faut un certain temps d’adaptation. C’est important d’observer et d’écouter les autres. Je me suis intégré petit à petit de cette façon.


Tony Cotte : Au cours de votre carrière, avez-vous déjà rencontré une équipe peu accueillante ?

Jack Wagner : Je n’ai pas besoin d’être accepté par les autres. Nous sommes des professionnels. Mon but est d’imposer mon personnage, de le faire évoluer et qu’il ait un impact sur la série. Je pense que j’ai réussi à le faire avec Dominick Marone.

Tony Cotte : Certains acteurs restent ad vitam aeternam dans des soap. Vous voyez-vous aller jusqu’au bout de votre carrière dans Amour, gloire et beauté ?

Jack Wagner : Aucun personnage principaux d’Amour gloire et beauté n’a quitté à ce jour la série. Mon contrat est valable pour encore une année. Je ne sais pas s’il sera ou non renouvelé.

Tony Cotte : En France, nous n’avons pas d’équivalent des « Daytime Emmy Awards ». Quelle influence a cette récompense dans la carrière d’un acteur ?

Jack Wagner : La sélection est étrange. Une nomination est décidée sur un épisode de 26 minutes et non sur l’ensemble du travail fourni. Mais ça n’a pas d’influence sur l’évolution de carrière d’un comédien.

Tony Cotte : Vous ne regrettez donc pas de ne point l’avoir remporté l’an dernier ?

Jack Wagner : Cela faisait douze ans environ que je n’avais pas tourné pour des programmes de journée. Au bout d’une saison seulement après mon retour, j’ai eu une nomination. C’était plutôt flatteur. Sur le coup, la défaite est contrariante mais c’est une locomotive qui permet de nous faire évoluer.

Tony Cotte : N’est-ce pas trop frustrant de travailler avec des femmes qui ont fini par faire un parcours plus populaire que le votre (Heather Locklear, Marcia Cross, Courtney Thorne Smith ...) ?

Jack Wagner : Les comédiennes de Melrose Place avaient toutes des formations d’actrice. Elles travaillaient leurs rôles en profondeur. Je suis vraiment heureux pour elles. Une femme à la télévision a une carrière beaucoup plus courte qu’un homme étant donné de l’évolution physique. Desperate Housewives est un joli tournant pour Marcia Cross.


Tony Cotte : Dans Melrose Place, vous aviez un rôle ambiguë entre gentil/méchant. Dans les soaps, les personnages sont souvent lisses. Aimeriez-vous que les producteurs fassent évoluer Dominick vers un nouveau Peter Burns ?

Jack Wagner : C’est très intéressant de jouer un rôle aussi ambiguë que celui de Peter Burns. J’ai pris beaucoup de plaisir à le faire. Dans Amour gloire et beauté, Dominick a sa propre personnalité. Il est plus difficile de faire développer sur une base quotidienne le rôle d’un « méchant ». On ne peut pas rendre agréable ce genre de personnage pour ce public. Ce sont des rôles qui sont rapidement supprimés.

Tony Cotte : Vous avez réalisé plusieurs épisodes de Melrose Place. Passer derrière la caméra c’est un exercice qui vous manque ?

Jack Wagner : Enormément. J’adore diriger les acteurs et faire de la mise en scène. La façon de tourner de Melrose Place était proche de celle des longs métrages. Amour, gloire et beauté est filmé avec trois caméras. C’est une réalisation totalement différente.

Tony Cotte : Dans la vie de tous les jours, on vous reconnaît comme Dr Peter Burns de Melrose Place, Frisco Jones de General Hospital ou comme Dominick Marone d’Amour, gloire et beauté ?

Jack Wagner : En Italie, je suis populaire pour mon rôle de Dominick. En France, c’est Peter Burns. Mais aux Etats-Unis, c’est un mélange de mes trois personnages de Melrose Place, General Hospital, Amour, gloire et beauté et de moi-même, Jack. (rires)

Tony Cotte : Souvent les acteurs ont des anecdotes sur l’amalgame que font les gens dans la vie de tous les jours entre un personnage et son interprète. En avez-vous ?

Jack Wagner : Je n’ai jamais eu de problèmes. Les gens me reconnaissent de façon aimable. Par exemple, à midi j’étais au Louvre avec mon fils, les touristes ont pris plus de photos de moi que de la Joconde (rires).


Tony Cotte : En 1989, vous disiez que votre maison de disque vous considérait seulement comme un acteur de série qui pense savoir chanter. Après cinq albums, est-ce que c’est toujours aussi difficile aujourd’hui d’avoir de la crédibilité ?

Jack Wagner : Il y aura toujours des gens pour critiquer. C’est une histoire sans fin. Je suis acteur et musicien. J’arriverai toujours à être ce que je veux être sans devoir choisir.

Tony Cotte : Avez-vous des modèles d’artistes qui ont réussi à concilier ces deux activités ?

Jack Wagner : A une certaine époque tout le monde acceptait que des acteurs chantent ou que des chanteurs jouent la comédie. Il suffit de voir Bill Crosby, Franck Sinatra ou encore Dean Martin. Ce sont des hommes de spectacle. Je me considère comme tel.

Tony Cotte : Si tout devait s’arrêter, est-ce que vous participeriez à une real tv pour vous relancer comme de nombreux anciens acteurs de soap ?

Jack Wagner : Je n’aime pas du tout la télé-réalité. Ce ne m’intéresse pas de participer à ce genre d’émissions. Elles délivrent de mauvais messages qui peuvent être nocifs pour les enfants.

Tony Cotte : Cela va faire plus de 20 ans que vous tournez pour la télévision, quel regard portez vous sur le petit écran et son évolution au cours de ces deux décennies ?

Jack Wagner : La télévision a une tendance à ne pas considérer les gens comme intelligents. Je suis pour le divertissement à condition qu’il soit instructif. Il y a une génération de téléspectateurs qui va devoir faire réaliser aux dirigeants des chaînes qu’ils ne sont pas des crétins. Ils peuvent réfléchir eux aussi !


L’équipe de la 19ème saison d’Amour, Gloire et Beauté