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Jane the virgin / Ugly Betty : l’inévitable filiation

Tony Cotte
Publié le 09/08/2014 à 13:46 Mis à jour le 03/08/2018 à 16:10

Quand l’un des producteurs d’Ugly Betty revient avec un projet d’adaptation de telenovela en dramédie, les futures comparaisons semblent inévitables. Ben Silverman l’admet lui-même : c’est le succès de cette première à l’international qui l’a encouragé à développer Jane the virgin. Juana la Virgen, telenovela vénézuélienne, s’américanise ainsi huit ans après la colombienne Yo soy Betty, la fea. Et l’analogie entre Betty Suarez et Jane Villanueva ne s’arrête pas là puisque l’héroïne est elle aussi une jeune femme consciencieuse, proche de sa famille et une aspirante auteure. À la différence, la nouvelle venue, chaste comme le titre l’indique, se retrouve par accident inséminée artificiellement. Le père n’est autre que Rafael Solano, un playboy à la tête d’un empire hôtelier, coincé dans une situation maritale qui ne lui convient plus. Rapidement, un jeu de séduction s’opère entre celui-ci et l’immaculée.

À l’instar de sa grande soeur, Jane the virgin reprend les codes des telenovelas. Pour Jennie Snyder Urman, productrice dont les crédits incluent Gilmore girls, 90210 nouvelle génération et Emily Owens, il n’est pas question de s’adonner à « une satire » du genre mais, au contraire, de faire une « déclaration d’amour » à ces feuilletons aux intrigues abracadabrantesques. Jane, comme Betty avant elle, doit faire face à des situations cocasses, mais avec une approche un minimum « réaliste », le tout dans une ville de Miami presque fantasmatique où évoluent des personnages aussi vifs que les couleurs à l’écran.

Autre référence : un narrateur conte aux téléspectateurs l’histoire de Jane depuis sa jeunesse, à la façon de Pushing Daisies. « Notre histoire commence treize ans et demi auparavant, quand Jane Gloriana Villanueva a tout juste dix ans. Il faut noter qu’à dix ans, les passions de Jane incluent, sans ordre de préférence, sa famille, Dieu et les sandwiches au fromage fondu... (grilled cheese sandwiches) », peut-on entendre dès la première minute du pilote.

Sous ses apparences de fable pour (jeunes) adultes, Jane the virgin joue sur une imagerie sortie d’un livre pour enfants où la communauté latino-américaine est au premier plan. A l’occasion du Television Critics Association summer press tour de The CW, Gina Rodriguez, interprète du rôle-titre, a d’ailleurs indiqué avoir refusé de jouer dans Devious Maids en raison de la représentation de cette communauté dans les médias. Pour elle, à ce jour, la population hispanique est essentiellement composée de « boniches, jardiniers et d’adolescentes enceintes ». La métaphore entre l’arrivée de Jane the virgin et l’attente du Messie est toute trouvée.

 Diffusion US : A la rentrée sur The CW.