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Jason Momoa (The Red Road / Game of Thrones) : « Quand on a commencé dans Alerte à Malibu, rien ne peut faire mal à votre carrière ! »

Marion Olité
Publié le 01/05/2014 à 19:01 Mis à jour le 27/05/2022 à 00:43

Jason Momoa, inoubliable Khal Drogo de Game of Thrones mais aussi Ronon Dex pour les fans de Stargate Atlantis, était de passage à Paris pour promouvoir sa dernière série, The Red Road. Souriant et affable, l’acteur s’est confié avec enthousiasme sur ce nouveau projet et sa vie post-Game of Thrones.

Que saviez-vous de la communauté de Lenape, la tribu indienne au cœur de l’intrigue, avant de débuter The Red Road ?

Je ne savais pas grand-chose avant de lire le script. L’histoire de cette tribu m’a inspiré, tout comme les personnages de fiction imaginés par Aaron Guzikowski. J’ai regardé un documentaire, Man V. Ford, qui retrace la façon dont ils ont été dupés dans les années 50 et 60. Ça a été un grand choc pour moi. C’est une de nos plus grandes hontes. C’est révoltant la façon dont on s’est joué de leurs terres. C’était nouveau pour moi, et j’ai été très heureux de pouvoir l’évoquer, même à travers des personnages de fiction. Ça parle de ce qui se passe actuellement dans cet état, où un procès est toujours en cours à la Cour fédérale. C’est fou de se dire qu’à 45 minutes en voiture de New York, vous avez toute cette communauté qui vit dans les montagnes. Ils n’ont rien fait de mal, et ils ont été poussés toujours plus loin par le gouvernement fédéral, qui ne pense qu’à ouvrir des casinos ou un nouvel Atlantic City.

Que pouvez-vous nous dire sur votre personnage, Phillip Kopus ?

Il n’y a pas de personnages réels comme le mien dans The Red Road. J’ai été voir la tribu des Ramapough Lenape. Nous avons rencontré l’une d’entre elles, Autumn Wind, qui est consultante sur la série. Elle nous a parlé des Indiens, de toute leur histoire. Quand tu es indien en plus, tu veux leur rendre justice et faire ça bien. Or, mon personnage ne fait rien de bien ! Sa propre mère ne veut pas le voir. Personne ne l’apprécie. C’est fun à jouer. Je me retrouve dans la peau de cet abruti (rires), qui ne souscrit à rien. Au début de la série, il sort de prison et il s’est éloigné de ses racines. Mais il va y revenir, que ça lui plaise ou non.

Le personnage de Phillip est effrayant, mais peut aussi se montrer charmant, voir puéril d’une certaine manière. Était-ce écrit dans le script ou avez-vous apporté cette dimension vous-même ?

Un peu des deux. Le public ne connaissait pas les aspects vulnérables ou puérils de ma personnalité, tout comme les producteurs. Avec l’aide de James Gray et d’Aaron Guzikowski, qui a créé un très beau rôle avec un passé très intéressant, tout ce que j’avais à faire était de penser à ce qui était arrivé à cet homme. Ce qui a été dur, c’était de faire en sorte qu’il sourit de façon ambiguë. Il peut parler avec une personne en souriant, mais on ne sait jamais s’il ne va pas le tuer juste après ! (rires) C’est vraiment très plaisant de jouer ce bad boy, qui fait aussi partie des marginaux. Il est capable de changer, et c’est peut-être le plus honnête des protagonistes de l’histoire. C’est un peu pour toutes ces raisons que j’ai été séduit par ce personnage.

Vous jouez avec votre femme, Lisa Bonet, dans The Red Road. Comment s’est déroulée votre collaboration ?

C’était génial. Elle joue aussi dans mon premier film, Road to Paloma. Les producteurs de The Red Road l’ont vue et ont aimé son jeu. Elle incarne une avocate qui défend les intérêts de la tribu Lenape pour tenter d’avoir une reconnaissance fédérale. Nos personnages vont grandir ensemble. Vous avez envie de les voir tomber amoureux, mais c’est trop compliqué. Phillip aimerait se laisser aller, mais il n’y arrive pas. Il reste très concentré que ce qu’il est en train de faire avec le shérif. Et puis, il sort de six ans de prison. Il a beaucoup de gens à voir, des idées de revanche en tête... Il n’est pas prêt à se poser et à tomber amoureux.

« James Gray a eu un immense impact sur The Red Road »

Qu’a donc apporté James Gray en tant que réalisateur sur le pilote de The Red Road ?

Je pense qu’il a eu un immense impact. Il a su mettre des images sur les idées de Aaron Guzikowski. Il est le pinceau de cette œuvre. On a passé deux semaines et demie ensemble. Il est d’une rare intelligence, et il possède une vision artistique aiguë. Nous avons eu des conversations très animées sur nos personnages. Quand nous sommes passés à l’action, la route était toute tracée. Je savais qui est était Phillip et ce qu’il allait devenir. James Gray est un directeur d’acteurs génial. Je n’avais jamais eu autant confiance dans un cinéaste avant lui. Et quand tu te sens en confiance, tu es libre de pouvoir essayer plein de choses différentes.

La patte de James Gray sur le pilote de The Red Road est plus discrète que celle d’un Martin Scorsese sur le pilote de Boardwalk Empire. Comment l’avez-vous ressentie ?

Je peux voir la signature de James Gray quand je regarde mon personnage ou celui incarné par Julianne (Nicholson, ndlr). Je pense aussi que Martin Scorsese a bénéficié de millions de dollars que l’on n’avait pas sur The Red Road. Boardwalk Empire bénéficie d’une très grosse production. Si James Gray avait du faire Game of Thrones avec l’argent qui va avec, ça aurait été très différent. Ça a été un travail d’équipe, et puis The Red Road est la première série sur laquelle il travaille. Ça prend du temps de changer d’échelle, entre le cinéma et le petit écran.

Partie 2 > Ses souvenirs de Game of Trones et Stargate Atlantis


Comment s’est déroulée la collaboration avec Martin Henderson, qui incarne le shérif ?

C’est un abruti complet (rires). Non, on a développé une belle amitié. Il est actuellement en train de tourner un film à Rome (Everest, avec Robin Wright et Jake Gyllhenhaal, ndlr). Je suis très jaloux ! C’est un partenaire fantastique. L’alchimie fonctionne bien. Il est plus petit que moi, mais il est tout aussi fort. J’arrive un peu comme un gros chat effrayant dans la série, mais c’est lui qui porte toute l’action. Son personnage de flic qui pensait tout avoir, et qui va dévier de sa route, est très intéressant. Il n’a pas l’intention de faire de mauvaises choses, mais je vais lui amener à en faire.

Y a-t-il une différence pour vous dans la façon de travailler un personnage pour le cinéma ou la télévision ?

Je suis bon à la télévision parce que j’en fais depuis très longtemps. Quand je me retrouve sur un plateau de tournage de cinéma, je me dis toujours qu’on a tellement de temps pour réfléchir ! C’est un luxe. En télé, tu dois être dans l’énergie, « choper » ton personnage et avancer. Tu dois bouger très vite. Pour certains, c’est très difficile de suivre le rythme. Sur des chaînes comme HBO, on a un rythme plus proche du cinéma. Game of Thrones est produit comme un film de dix heures. Sur The Red Road, c’est plus rapide et ça ne me dérange pas. J’ai assez de temps pour faire ce que je veux. De toute façon, c’est une première saison, et également le premier show d’Aaron. J’espère que le public va l’apprécier. J’aimerais beaucoup réaliser la prochaine saison.

Regardez-vous Game of Thrones ?

Oui, je continue de regarder la série. Elle m’a offert le rôle le plus imposant que je n’ai jamais eu à jouer, et j’ai beaucoup grandi personnellement à ce moment. J’adore l’équipe, je suis resté proche de pas mal de monde. C’était une super expérience. Je ne me doutais pas, quand j’ai tourné la saison 1, que le show prendrait une ampleur pareille.

Ce rôle de Khal Drogo ne vous a-t-il pas enfermé dans un type de personnage un peu sauvage, qui s’impose par la force ?

Pour ma carrière, The Red Road et mon film vont probablement m’ouvrir plus de portes. Mais je viens d’Alerte à Malibu, rien n’est comparable à ça. [Rires.] Ça a été vraiment dur de me sortir de cette série. Game of Thrones ne peut pas me faire souffrir ! J’ai rencontré des acteurs que j’admire énormément qui me complimentaient sur Khal Drogo et découvraient en même temps que je savais parler anglais. [Rires.] C’était drôle parce que moi et Peter Dinklage, on était à ce moment les deux seuls Américains de toute la série. Pour en revenir à ma carrière, je suis patient. Je ne vais nulle part de toute façon. Je la construis petit à petit.

« Les fans de Stargate sont les plus fidèles »

Avez-vous plus de retours des fans pour votre rôle dans Game of Thrones ou Stargate Atlantis ?

Les fans de Stargate sont les plus fidèles. Je les adore, car ils me suivent depuis longtemps. Ils savent que je suis plus qu’un colosse qui séduit les filles et prend du bon temps. Ils m’ont soutenu pendant quatre ans sur Stargate Atlantis, et quand ils ont vu Game of Thrones, ils étaient à fond, genre « C’est mon poulain !  » [Rires.] J’ai eu des moments très sympas avec eux. D’ailleurs, j’adorais Stargate Atlantis. J’ai pris tellement de plaisir à tourner. Elle était à la fois fun et kitsch, ridicule et sérieuse. C’était un honnête divertissement qui souhaitait vous faire passer un bon moment.

Quels sont vos projets ?

Je suis en train d’écrire mon second film, avec un personnage à la « Braveheart ». Il est basé sur l’histoire de la communauté des lépreux à Hawaii, quand elle fut déplacée par les autorités au XIXe siècle sur une petite île isolée. Le Père Damien, très connu à Hawaii, s’est alors occupé de tous ces gens. C’était un héros. L’histoire est racontée du point de vue de sa femme, qui a écrit des mémoires après la mort de son mari. C’est donc aussi une magnifique histoire d’amour. Je co-écris le scénario et je réalise le film, mais je ne pense pas jouer dedans. Nous recherchons un producteur qui défendra l’intégrité de cette histoire. Sinon, j’ai joué dans d’autres films, qui vont sortir bientôt au cinéma, et j’espère vraiment que The Red Road aura une saison 2 (confirmée depuis cette interview, ndlr). Je suis très enthousiaste.