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Jean-Baptiste Boursier (Qui a tué François Fillon ?) : « BFMTV n’a jamais été aussi puissante »

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Rédacteur - Expert TV
Publié le 29/01/2018 à 18:52 Mis à jour le 29/01/2018 à 23:00

Ce lundi 29 janvier à 22h40, BFMTV diffusera une longue enquête sur l’affaire Fillon. Jean-Baptiste Boursier, animateur de Grand angle, se confie sur l’évolution de la chaîne d’information vers de grands formats et l’arrivée de nouveaux concurrents.

Benoît Mandin : Ce lundi 29 janvier à 22h40, BFMTV diffuse Qui a tué François Fillon ?. Pourquoi s’être intéressé à cette affaire ?

Jean-Baptiste Boursier : Elle a été l’élément marqueur de l’élection présidentielle. Les Français ont traversé une année électorale extrêmement longue. Si on compte le début de la primaire de la droite, cela fait presque un an. On a assisté à un véritable scénario digne d’un film où tout était fou ! On part d’un candidat qui bat tous les favoris de la primaire de la droite et est donné quasiment élu président de la République à un candidat qui se retrouve à être battu et vaincu par ses affaires. Il nous a semblé naturel de faire cette enquête avec cette question : « Qui a vraiment tué François Fillon ? ». Il se peut qu’il y ait la réponse dans le documentaire (rires).

Quelles différences le public pourra-t-il découvrir par rapport aux autres enquêtes réalisées sur l’affaire Fillon ?

La clé du documentaire est que l’on n’a pas cherché à se différencier puisque l’on n’a pas regardé ce que faisaient les autres. Pauline Revenaz et Camille Langlade (réalisatrices de l’enquête, ndlr) sont parties de la question « Qui a tué François Fillon ? » et sont pour cela aller à la rencontre de tous les protagonistes de l’affaire. Elles ont recueilli les témoignages de tous ceux qui étaient aux premières loges : le directeur de campagne, les personnalités de la droite et de l’opposition… Des proches de François Fillon parlent même pour la première fois.

Avez-vous rencontré des difficultés à les faire témoigner ?

J’imagine que le sérieux de cette enquête et de la chaîne les a poussés à accepter de témoigner. Pauline Ravenaz et Camille Langlade ont réalisé un travail colossal. Je suis très fier de ce documentaire, car c’est la première fois que BFMTV fabrique un long format. Il y a eu des démarches longues, un travail d’explication et il y a fallu convaincre. Le sérieux du projet a fini par convaincre ceux qui auraient pu être réticent.

Pour la première fois, Robert Bourgi assume publiquement avoir voulu « niquer » François Fillon…

Il porte une grande partie de la réponse du documentaire. Son témoignage est inédit et extrêmement fort. On ressent la violence de la déception de Robert Bourgi et c’est assez surprenant que cet homme s’exprime aussi clairement et avec autant de franchise sur le rôle qu’il a joué dans cette affaire.

« Avec l’affaire Fillon, on a assisté à un véritable scénario digne d’un film »

Est-ce une volonté de BFMTV de se tourner vers des grands formats ?

Depuis quatre ans, Grand angle (diffusé entre 22 heures et minuit, ndlr) a beaucoup évolué. Je suis arrivé sur BFMTV il y a sept saisons et j’ai amené une offre de débats le soir. Avec Hervé Béroud (directeur général de BFMTV, ndlr), on s’est dit que l’on devait amener était plus d’images le soir. On a donc commencé à intégrer des formats longs de reportages, ce qui était totalement inédit sur une chaîne d’information. Cette saison, on est monté à un quart d’heure d’images et de reportages. Il m’a semblé naturel de basculer vers ce long format et on est maintenant prêt pour les fabriquer nous-mêmes.

Comment choisissez-vous les sujets des reportages proposés dans Grand angle ?

Il y a en fait trois formats de reportages. Le plus long est un peu plus magazine et prend du recul bien qu’il ne soit pas totalement éloigné de l’actualité. Pour les deux autres qui sont un peu plus courts, on les fabrique au jour le jour en fonction de ce qui fait l’actualité. On s’interroge sur la manière de le raconter et comment on peut prendre le recul vis-à-vis de l’actualité sans oublier que le public a déjà reçu de nombreux « push ». On va par exemple raconter la crue de la Seine sur cinq minutes.

Salhia Brakhlia a rejoint Grand angle à travers L’œil de Salhia. Est-ce une volonté d’apporter un regard différent sur l’actualité ?

On cherche à être tout le temps en mouvement et que l’émission continue de répondre aux attentes des téléspectateurs. On est de plus en plus informé donc le soir l’idée est comment on peut raconter les choses autrement, tout en traitant moins de sujets. On décide de s’axer sur un ou deux sujets et dans cette offre alternative, j’ai trouvé très intéressant d’intégrer Salhia. Sa signature et sa manière de traiter l’actualité sont connues. L’œil de Salhia est extrêmement complémentaire à ce que l’on proposait en débat. C’est la vision un peu décalée de l’émission. Elle vient, par exemple, de raconter les coulisses de la visite d’Emmanuel Macron à Davos.

Vous êtes régulièrement à la tête de grands événements et vous avez remplacé Apolline de Malherbe dans BFM Politique. Avez-vous d’autres envies sur BFMTV ?

Tout ce que je fais actuellement sur BFMTV me plaît beaucoup et m’occupe à plein temps. J’ai eu la chance de faire beaucoup de choses et que la chaîne me fasse confiance. J’ai pu proposer de faire évoluer Grand angle et même de délocaliser l’émission. Je veux que l’on continue à être meilleur sur les reportages, les invités et les débats, tout en étant encore plus pointu.

« Je suis loin de rêver d’un 13 heures ou d’un 20 heures »

Le public pourrait-il voir Jean-Baptiste Boursier à la tête d’un grand JT comme le 20 heures ?

Ce n’est pas un rêve ! Évidemment que j’y réfléchirais si on venait à me le proposer, mais je suis loin de rêver d’un 13 heures ou d’un 20 heures.

BFMTV domine les audiences des chaînes d’information. Comment l’expliquez-vous ?

L’essence de la chaîne est la priorité au direct. BFMTV a apporté ce modèle qui était calqué sur une chaîne d’information aux États-Unis. L’idée est de se dire qu’un événement est en train de se produire donc nous allons courir pour vous raconter ce qui est en train de se passer. La chaîne a grandi avec cette idée là, a creusé ce sillon et est devenue incontournable sur ces événements grâce à une offre parallèle de talk et de décryptages à partir de 18 heures. Elle sait aussi renforcer ces moments-là avec la venue d’invités de plus en plus importants.

La TNT comporte désormais quatre chaînes d’information. Que cela vous évoque-t-il ?

À titre personnel, la pluralité ne me dérange pas. Beaucoup pensaient qu’avec quatre chaînes d’information, BFMTV serait affaiblie et que le paysage audiovisuel serait bouleversé. On a continué à travailler sans se soucier plus qu’avant de ce que faisaient nos concurrents et sans souhaiter leurs pertes. BFMTV n’a jamais été aussi puissante depuis qu’elle a plus de concurrents. La difficulté principale de l’arrivée d’une nouvelle chaîne était le modèle économique et on l’a vue avec le plan social de Vincent Bolloré chez ITELE. Plus il y a de chaînes, plus c’est difficile de survivre !