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Jean Louis Blot (Danse avec les stars) : « C’est une vraie compétition qui demeure malgré tout bon enfant »

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Directeur exécutif en charge des contenus
Publié le 27/03/2014 à 17:01 Mis à jour le 27/03/2014 à 17:31

Jean-Louis-Blot est à la tête de BBC Worldwide France. Cette société de production est à l’origine de nombreux succès à la télévision française. Danse avec les stars sur TF1, Le Meilleur Pâtissier (M6), ou encore Top Gear (RMC Découvertes) sont les marques fortes de la BBC en France. Jean-Louis-Blot revient pour Toutelatele sur les performances des programmes phares du groupe et les projets qui pourraient arriver prochainement à l’antenne.

Benjamin Lopes : Avec plus de 48 millions de téléspectateurs en moyenne, Danse avec les stars s’affiche comme le 2e format le plus puissant. Quelles sont les recettes de ce succès ?

Jean-Louis Blot : Cette réussite est due principalement à la force de son format, c’est-à-dire son adaptabilité dans tous les pays à travers le monde. C’est aussi lié à l’authenticité. Les célébrités qui participent à Danse avec les stars ne peuvent pas tricher, ni mentir, elles se montrent telles qu’elles sont en se confiant à un danseur. C’est une vraie compétition qui demeure malgré tout bon enfant, et un cocktail clairement dans l’ère du temps. Ce format existe depuis onze ans et il continue à être numéro 1 en Angleterre et aux États-Unis (13.4 millions en 2013, contre 13.1 millions pour Nouvelle Star et 12.4 millions pour The Voice, ndlr).

Malgré cette réussite, des versions internationales ont été interrompues comme en Ukraine, en Pologne ou aux Pays-Bas. Comment analysez-vous ces échecs ?

Ces versions n’ont jamais été annulées après une ou deux saisons. Il s’agissait dans ces cas précis d’usure. C’est un processus qui arrive plus rapidement dans certains pays. Mais le format n’est pas mort. En Allemagne, Danse avec les stars a été arrêtée pour revenir ensuite. Lorsque le programme doit assurer une vingtaine de prime par année avec deux saisons, il n’est pas toujours évident de trouver les célébrités. Je pense que le bon rythme de ce programme est une saison par an.

Avec 6.2 millions de téléspectateurs en moyenne, Danse avec les stars sur TF1 demeure une des versions les plus puissantes, après les adaptations américaines et anglaises. Un rythme plus soutenu de deux saisons par an est-il envisageable ?

Nous l’avons fait la première année avec deux saisons, une lancée au mois de février, l’autre au mois de septembre. Ça n’a pas été facile, car la force du programme est aussi l’attente qu’on créé autour de lui et toutes les nouveautés qu’on met en place. Avec deux saisons par an, on se coupe de cette capacité créative.

« Un prime time de lancement avec la révélation des couples du casting serait une bonne idée »

Quelles innovations peut-on attendre pour la 5e saison de Danse avec les stars sur TF1 ?

Nous réfléchissons actuellement aux nouveautés à apporter à la prochaine édition. Ce que je voudrais, mais qui n’est peut-être pas forcément le cas de TF1, c’est que la saison soit plus longue. J’aimerais également qu’il y ait une émission qui soit délocalisée comme en Angleterre, au Blackpool Tower, doté d’une salle de danse. Je pense que c’est un élément absolument nécessaire. Un prime time de lancement avec la révélation des couples du casting, trois semaines avant le début de la compétition, serait également une bonne idée.

Comment comptez-vous « évènementialiser » l’annonce du casting de la prochaine saison, une tactique souvent utilisée à l’internationale ?

C’est vrai que nous sommes un peu les parents pauvres en France. La plupart des pays font une émission spéciale ou utilisent un show déjà existant comme support pour créer l’évènement. Nous avons fait l’année dernière deux conférences de presse en direct sur internet, je pense que clairement ça mérite mieux. Aujourd’hui, on parle avec TF1 de tout ça, mais rien n’est fait.

BBC a-t-elle un droit de regard sur le casting ?

Oui effectivement, c’est un choix qui se fait en commun avec la chaîne qui diffuse le programme, en l’occurrence TF1.

On a du mal en France à rendre les votes gratuits. Qu’en pensez-vous ?

Le vote payant permet d’avoir une réelle implication du téléspectateur, il choisit le candidat auquel il décide de donner une voix. C’est un acte militant. La personne ne le fait pas au hasard. Le vote gratuit peut être piégeant.

Aujourd’hui, la version française de Danse avec les Stars est-elle un modèle d’adaptation montré avec fierté à l’étranger ?

Oui, mais la version qui reste la plus utilisée pour la promotion reste la version américaine, car c’est celle qui présente le plus de nouveautés. Les célébrités outre-Atlantique sont connues dans le monde entier. En France, elles ne parlent à personne. Quand on a Pamela Anderson ou Nicole Scherzinger, ça a un impact plus important à l’international que Laurent Ournac par exemple.

Partie 2 > Danse avec les stars plagié à l’international, Le Meillleur pâtissier et le retour du Maillon faible


Comment BBC réagit face l’apparition de concepts très proches de son format, produit par Endemol, notamment en Espagne avec Mira quién baila sur TVE1 ?

Le problème se pose avec le cas espagnol depuis plusieurs années. Si un format très proche devait à nouveau arriver sur le marché, je pense que la BBC réagirait différemment. Nous faisons très attention à ce que nos formats ne soient pas galvaudés et copiés. Sur l’artistique, il est très compliqué de prendre position et de faire une action. Danse avec les stars dispose d’une mécanique assez simple : un magnéto, une danse avec une célébrité, l’avis des juges et les notes des juges. Beaucoup essaient de faire des formats en creux avec assez de différences pour qu’ils ne soient pas considérés comme des copies.

Autre format phare de BBC Worlwide, Le Meilleur Pâtissier, diffusé en France sur M6 (3e version la plus puissante du top 10 des divertissements). Comment ce format se démarque-t-il des autres concours culinaires à l’international ?

C’est une émission qui est dans l’ère du temps, où on ne va pas changer de vie en y participant. C’est déjà une grosse différence. La compétition entre les candidats dans Le Meilleur Pâtissier n’écrase pas tout. Et puis, c’est un format ouvert. La transparence de la tente qui abrite le concours l’illustre avec une vision du monde extérieur. Les participants ne sont pas enfermés dans une cuisine comme ils peuvent l’être dans Masterchef ou Top Chef.

L’écriture semble également différente dans Le Meilleur Pâtissier. Est-ce un axe de différenciation ?

Effectivement. Ce n’est pas de la slow tv mais nous en sommes pas loin. C’est une émission un peu contemplative. La pâtisserie est quelque chose de sucré, de doux et on le retranscrit à l’écran. Et puis, on est clairement dans l’authenticité avec ce format. Les candidats sont vrais, avec un jury bienveillant.

La France est l’un des rares pays où les audiences de la deuxième saison du Meilleur Pâtissier ne se sont pas envolées. Comment expliquez-vous ces résultats ?

Il n’y a pas eu d’augmentation des audiences, mais les scores sont restés très bons sur les cibles stratégiques. Je ne suis pas déçu, mais bien évidemment j’aurai espéré plus. Mais, nous avons fait mieux qu’Incroyable Talent ou encore Ice Show sur les ménagères. On est passé de quatre prime à huit. Je pense que tout ces évènements d’antenne arrivés sur la chaîne, à savoir Got Talent, le concours de patinage et la série Under the dome, ont monopolisé l’espace de communication de M6. Autant, il s’agit d’un évènement lorsqu’une nouvelle saison du Meilleur Pâtissier arrive en Angleterre, autant ça ne l’est pas sur M6. Je pense que cette saison en a souffert.

Pensez-vous que le format de France 2, Qui sera le prochain grand pâtissier ?, qui a également séduit le public cet été, a porté atteinte au Meilleur pâtissier ?

Je ne pense pas. Il s’agit de programmes différents et complémentaires à la fois. Plus on parle de cette thématique, mieux ce sera. Je ne pense pas qu’il faille les considérer comme nos ennemis. Ce sont des histoires de passionnés, donc le contenu sera différent à chaque fois, je ne crois pas à l’effet de lassitude.

« Le Maillon faible pourrait vraiment revenir à l’antenne en France »

Dans la même lignée, vous préparez The Great Sewing Bee (Cousu main), un concours de couture pour M6. Le format est-il également prévu pour la case du prime time ?

Encore une fois c’est une histoire de passionnés. Il s’agit de l’adaptation de la série. Il est encore trop tôt pour donner des indications sur sa case de diffusion. Cristina Cordula sera à la tête de cette nouvelle émission.

En Angleterre, BBC One a de grandes ambitions pour Let’s Get Ready to Tumble, le nouveau concours de gymnastique avec des célébrités. Le format intéresse-t-il déjà en France ?

Il y a déjà de la curiosité auprès des diffuseurs français. Je pense que si le programme obtient de bonnes audiences outre-Manche, il a de fortes de chances qu’il puisse arriver en France.

BBC détient également les droits du jeu Le Maillon faible. Un retour en France est évoqué. Les discussions sont-elles avec une grande chaîne ou sur la TNT ?

Ce format a connu son heure de gloire il y a une dizaine d’années. Un jeu présente une économie particulière. N’importe quelle chaîne peut s’offrir ce programme. Le Maillon faible pourrait vraiment revenir à l’antenne en France.

Ce format -accentué par le côté humiliation- n’est-il pas quelque peu daté ?

L’aspect humiliation est quelque chose qui n’existe plus aujourd’hui, mais il s’agit d’un vrai divertissement. La façon dont on humilie a changé. Chez Cyril Hanouna, dans Touche pas à mon poste, on dit « Tu sors » à un chroniqueur, c’est la même chose. C’est la différence de ton qui fait la différence, mais le résultat est le même. Le Maillon faible peut fonctionner sans cet aspect là.

Top Gear UK et US réalisent de bons scores sur RMC Découverte. Une version française est-elle envisageable ?

Nous y travaillons, car nous aimerions beaucoup faire une version française de Top Gear, qui ne serait pas forcément diffusée sur RMC Découverte. On le fera avec qui le voudra. Il y a un véritable potentiel. À l’origine, personne ne croyait au succès des émissions automobile. On disait que ça n’intéressait que la régie, qu’il fallait les diffuser le samedi ou le dimanche. Il s’agit encore une fois d’une histoire de passionnés...