Toutelatele

Jean-Luc Lemoine (Touche pas à mon poste), roi des questions en 4/3

Robin Girard-Kromas
Publié le 06/06/2013 à 18:13 Mis à jour le 30/08/2013 à 00:45

Chaque jour autour de Cyril Hanouna et de la joyeuse bande de Touche pas à mon poste, Jean-Luc Lemoine anime les débats avec humour. Deux fois par semaine, il propose ses questions de 4/3. De quoi rendre hilares la plupart de ses collègues et inconditionnels de l’émission. Pour Toutelatele, l’humoriste retrace son parcours et son quotidien au sein du show le plus convoité de D8.

Robin Girard-Kromas : Comment avez-vous vécu l’arrivée de Touche pas à mon poste ! sur D8 ?

Jean-Luc Lemoine : C’était excitant d’arriver sur D8, car on avait l’impression d’être au début d’une grande aventure avec le rachat de la chaîne par Canal +. C’était super motivant. Il y avait une vraie part d’inconnu, on se demandait si on ne faisait pas une énorme bêtise, si on n’allait pas être bouffé par le rythme de travail. Donc un peu d’inquiétudes, mais surtout beaucoup d’excitation positive.

N’avez-vous pas hésité à rester sur France 4 comme Éric Dussart ?

J’ai réfléchi, car j’avais d’autres propositions par ailleurs, notamment pour rester chez France Télévisions. Je me suis donc posé la question. Mon vrai métier reste la scène et je me demandais si une exposition en quotidienne n’allait pas me desservir non plus. Mais ce qui a emporté le morceau c’est que Cyril est avant tout un pote de plus de 15 ans. On s’est connu à nos débuts : il était stagiaire Bande Annonces à Comédie et moi je commençais à peine un one man show. J’ai toujours vécu mes passages dans Touche pas à mon poste ! comme une aventure de potes donc ça m’aurait embêté d’arrêter là.

L’arrivée sur D8 vous a-t-elle également permis d’accroître votre notoriété ?

Oui, ça m’a apporté un nouveau public. Je me suis rendu compte que le public de Touche pas à mon poste ! était très différent de celui que j’avais pu toucher sur France 2, qui était beaucoup plus âgé. L’émission m’a donc ouvert à la jeunesse ! (rires) C’est assez surprenant quand ça fait plus de dix ans que vous faites de la télé sur une chaine nationale de voir que beaucoup m’ont découvert avec Touche pas à mon poste. Et depuis l’arrivée sur D8, le public s’est encore élargi.

Comment s’est déroulée l’intégration des nouveaux chroniqueurs ?

Il y a eu un moment de flottement à l’intersaison, car on entendait beaucoup de choses. Entre la presse et les gens que je croisais dans Paris, j’avais l’impression qu’on allait être 52 000 à la rentrée ! (rires) Et puis très vite, Cyril a vu qu’il valait mieux resserrer la bande sur un plus petit nombre. C’est pour cela que quand j’entends plein de projets de talk-show en bande, je leur souhaite bon courage, car cela ne se crée pas comme ça, il faut que ça prenne. À l’époque d’On a tout essayé, c’était Laurent Ruquier qui avait forgé des liens sur la longueur à la radio, rien n’était triché. Monter une bande 15 jours avant le pilote, c’est compliqué.

« Ma chance est de travailler avec des gens qui ont énormément d’autodérision »

Comment cette nouvelle formule a-t-elle affecté votre participation à l’émission ?

À l’époque, je venais vraiment en touriste sur France 4, donc c’était très confortable (rires). Ce qui a changé, c’est l’arrivée de ma chronique. Mais je savais le boulot que ça allait impliquer, car j’avais fait des choses de ce type par le passé.

Partie 2 > Ses questions en 4/3


Ne peut-on pas vous reprocher de faire toujours le même type de chroniques ?

C’est quelque chose que j’ai un peu créé, donc on ne peut pas m’en retirer la paternité. Je n’ai pas le souvenir qu’avant le médiateur certains se moquaient de leur émission en détournant ainsi les images. Du coup, je me sens légitime et j’essaye de faire évoluer le concept. Quand j’ai commencé, dans le Médiateur (dans On n’est pas couché, ndlr), je faisais plutôt un best of et il fallait que je ramène un peu de légèreté après les clashs avec Polac et Zemmour, montrer que les « méchants » pouvaient eux aussi s’en prendre plein la tête. Aujourd’hui, ce n’est pas du tout la même démarche. Le travail d’écriture est différent, c’est presque de la sitcom avec des personnages de comédie. Je fais aussi ce que je ne faisais pas avant Le bureau des plaintes en sortant des offs.

Y-a-t-il déjà eu une chronique qui est mal passée auprès de vos collègues ?

Ça a toujours été bien pris. Ma chance est de travailler avec des gens qui ont énormément d’autodérision. C’est un contrat de confiance, ils savent que je ne joue pas contre mon équipe et que s’il y a vraiment quelque chose qui peut être dérangeant, je ne le montre pas. Je n’essaye pas d’installer un climat de terreur ! (rires) Il faut que ça reste convivial et bon enfant.

Comment parvenez-vous à trouver cette « ligne rouge » à ne pas dépasser ?

Des fois, il ya des mots, peut-être, trop crus ou qui peuvent être facilement mal interprétés. Il y a des vannes qu’on peut se faire entre potes, mais qui ne devraient pas passer devant tout le monde, ou des commentaires un peu vachards. Cela dit, il n’y a pas beaucoup de censure, car l’équipe de Touche pas à mon poste ! est vraiment composée de gentils (rires). La ligne rouge, j’y suis toujours au bord et je m’en approche. La première fois que j’ai sorti un off ou Jean-Michel Maire disait le mot « teub », ça a choqué, mais ça a amusé aussi. Aujourd’hui, si je le fais, c’est presque un nom commun ! L’impact n’est plus le même. C’est ce qui est intéressant, mais ça prend du temps.

Pourquoi avoir cumulé chronique et présence en plateau ?

Si j’avais dû choisir entre les deux, j’aurais préféré rester sur le plateau. Je ne suis plus tout jeune dans le métier et ça m’intéressait un peu moins de rentrer et sortir comme j’ai pu le faire par le passé. Mais le problème ne s’est pas du tout posé, car Cyril voulait que je cumule les deux.

« Il y a peut-être une certaine forme d’inconscience de ma part »

Ne craigniez-vous pas de vous mettre en porte à faux vis-à-vis de possibles employeurs en critiquant des émissions sur le plateau ?

Non. Il ya peut-être une certaine forme d’inconscience de ma part, mais mon vrai métier reste la scène. Cela me manque d’ailleurs, car la quotidienne était très prenante cette année. Je ne cours pas après les projets télé. En plus, si un décisionnaire pense que vous êtes intéressant, même si vous avez massacré sa chaîne quelques semaines plus tôt, si c’est dans son intérêt, il passera outre. Et à contrario, être gentil ne donne pas du boulot !

Partie 3 > Son projet de série avec Cyril Hanouna


Quel est votre meilleur souvenir sur l’émission cette saison ?

Des questions en 4/3 où on s’était vraiment marré, celles avec le « commissariat ». C’était le premier gros fou rire en plateau, car tout le monde était surpris que je sorte des offs à l’époque. On avait même plus l’impression de faire une émission !

Et le plus mauvais ?

C’est compliqué ! Parfois quand j’ai l’impression qu’une rubrique passe moins bien. Quand, pour X raisons, parce que je n’étais pas bon, ou que ce n’était pas drôle, ça ne prend pas comme je le souhaite. C’est frustrant, car la sanction est immédiate si les gens ne rient pas.

Quel regard portez-vous sur Bertrand Chameroy, dont les chroniques sont souvent la cible des taquineries de Cyril Hanouna ?

Je suis en empathie totale ! Je connais la difficulté de cet exercice. On a l’impression qu’il suffit d’un peu d’humeur, mais c’est énormément de travail. Quand on fait ce métier, il faut les gens ne voient pas le travail que ça représente. Que ce soit Camille, Bertrand ou moi, Il faut se taper des heures et des heures de dérush. Donc quand je vois Bertrand faire sa chronique, je suis à 200% avec lui. Cyril le déstabilise parfois, mais c’est une forme de complicité. Bertrand a du mérite, car ce jeu vachard peut parfois se retourner contre lui. Une chronique c’est aussi un rythme...

Êtes-vous toujours en pleine écriture de votre prochain spectacle ?

En théorie oui, mais cette année ça n’a pas vraiment été le cas. Je ne me plains pas du tout, mais Touche pas à mon poste !, c’est beaucoup de travail. Du temps du « Médiateur », on faisait une émission par semaine et on était deux à écrire dessus. Sur D8, je suis tout seul pour faire deux chroniques, en plus des quotidiennes à préparer. C’est un travail à temps plein et il va falloir que je m’organise pour trouver du temps pour ce spectacle.

« Le projet d’une série avec Cyril Hanouna est dans les cartons »

En octobre 2011, vous indiquiez développer un « projet d’émission avec Thierry Ardisson ». Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Cela n’a jamais vu le jour. C’est un gros regret, car le pilote était vraiment bien selon moi. J’aurais adoré pouvoir faire cette émission, à chaque fois que je vois Thierry, nous en parlons. Il y avait un vrai projet artistique derrière. Mais ça ne s’est pas fait. C’est une décision qui ne m’appartient pas... Pour l’instant, c’est donc au point mort, et je ne pense pas que ça va changer.

Toujours en octobre 2011, vous nous indiquiez avoir un « projet de série avec Cyril Hanouna depuis six mois ». Qu’en est-il ?

À l’époque, avec Cyril, on était tous les deux sur France Télévisions et il y avait une volonté farouche du groupe de ne pas mettre ses animateurs dans des séries. J’ai vu que ça avait changé avec Michel Cymes, tant mieux pour lui. De notre côté, le projet est dans les cartons, mais la production est revenue vers nous récemment, car elle aimerait bien le relancer. Après, j’espère que Cyril aura le temps, car entre la radio, la télé et les séries ça fait beaucoup.

Partie 4 > Un départ de Touche pas à mon poste ?


Avez-vous un projet de comédie sur D8 ?

J’ai toujours été un très mauvais vendeur, je n’ai jamais su aller dans le bureau du directeur, j’attends qu’on me propose des choses ! (rires), Mais des productions m’ont approché. J’ai des propositions et maintenant il faut juste que je me décide en fonction des projets qui seront acceptés.

Votre statut d’animateur télé n’est-il pas gênant lorsque vous cherchez un rôle d’acteur ?

C’est sûr que ça peut être un souci, mais c’est quand même plus jouable en tant que chroniqueur par rapport au statut de présentateur principal. Je suis déjà apparu dans des séries françaises sur TF1, notamment dans Profilage.

Dans quelle série française souhaiteriez-vous apparaître ?

En comédie, ce qui se fait de mieux actuellement en France c’est Fais pas ci, fais pas ça. Sinon j’adorerais aller dans le contre-emploi avec un rôle de psychopathe. Pourquoi pas dans une série de Canal + !

Vous faites un peu partie de la famille Canal + désormais...

Non, ce n’est pas trop poreux entre Canal + et D8. Ce sont deux entités bien définies. Il ya quand même le vaisseau amiral Canal + et nous, D8, le petit poucet. En plus, il y a peut-être aussi la volonté de bien cloisonner les deux, car Canal+ reste une chaîne payante et il faut donner envie aux gens de prendre un abonnement.

« Il faudra vraiment un beau projet pour que je quitte Touche pas à mon poste ! »

Seriez-vous prêt à quitter Touche pas à mon poste ! pour reprendre la comédie la saison prochaine ?

Je suis à l’écoute, mais il faudra vraiment un beau projet pour que je quitte Touche pas à mon poste !. Je me sens bien ici et je me marre. C’est beaucoup de boulot, mais ce qui nous sauve de la fatigue c’est qu’on prend vraiment du plaisir à se retrouver. Je crois aussi que c’est ce qui fait le succès de l’émission, les gens voient qu’on ne triche pas. J’ai l’impression de faire de la radio libre comme au temps des années 80 ! Il y a une liberté de ton et c’est un bordel organisé auquel je n’avais encore jamais participé à la télé. Je suis conscient que c’est rare de trouver un terrain de jeu comme ça.