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Jean-Luc Reichmann, un animateur qui surfe sur le succès

Claire Varin
Publié le 15/04/2011 à 15:46

Alors qu’il a fêté ses dix ans sur TF1, Jean-Luc Reichmann parle de son nouveau « bébé » qui lui tient à coeur : la fiction Victor Sauvage. Acteur, producteur et animateur, l’homme, âgé de 51 ans, revient sur le succès de ses émissions et sur sa popularité.

Claire Varin : Qui est véritablement Victor Sauvage, le héros que vous incarnez sur TF1 ?

Jean-Luc Reichman : C’est avant tout un homme proche des animaux et de la nature. Il est parti vivre sa passion en Afrique et il revient du côté de la France pour se rapprocher de ses enfants et de son épouse. Mais il a quand même un peu de mal puisque le monde a bougé, depuis son départ. Il va vivre des aventures cocasses entre ses copains, ses enfants et les animaux. Le lion est le seul être vivant qu’il ait rapporté d’Afrique. C’est son compagnon de route, son confident et son psychologue. Et c’est avec lui qu’il va trouver des solutions.

Vous sentez-vous à l’aise de tourner avec des animaux ?

Au début, ce n’est pas évident, car il faut s’adapter à chaque animal. Cette fois-ci, j’ai pour partenaire un gibbon. Mais la prochaine fois, ce sera un éléphant et des gorilles. A chaque épisode, il y a des énigmes animalières différentes, mais on s’habitue et on est super bien entouré. Qui aurait pu croire que j’allais donner la réplique à un lion, peigner une girafe et discuter avec elle.

Vous faites donc un peu dans le documentaire animalier...

Je trouve que c’est intéressant parce qu’on apprend aussi des choses sur les animaux grâce à ces épisodes. On apprend qu’il peut y avoir des trafics d’animaux. C’est d’ailleurs tiré de faits réels.

Ce personnage a t-il spécialement été créé pour vous ?

Oui, je suis à la base de l’histoire car je suis un amoureux du Livre de la jungle et j’ai tout fait pour développer ce personnage. Quand je suis arrivé chez TF1, j’ai dit que je ne serai pas l’homme d’un programme ou d’une tranche horaire. Et donc, il fallait développer ça pour que je me sente bien. J’ai continué à être comédien au théâtre, à la ligue d’improvisation et à faire des téléfilms. Et Victor Sauvage est aussi un prétexte de m’exprimer différemment, et de faire de la création française. Parce que pour moi c’est important. Attention à la marche était une création française, Victor Sauvage l’est également. Alors, prenons les bonnes ondes françaises !

Vous avez aussi souhaité délivrer un message sur la famille...

Je suis sur des messages rassembleurs autour de la famille, du vivre ensemble. Que ce soit là ou dans mes émissions, le but est d’apprendre en s’amusant. Il faut être divertissant. Dans Victor Sauvage, on apprend des faits sur les animaux, sur les enfants, sur la vie de famille. Et c’est vraiment quelque chose d’actuel. Qui plus est, aujourd’hui, on met le doigt sur la nature et sur le fait que l’on doit y faire attention à notre planète. Les animaux sont vraiment directement liés à ça. Il faut qu’on se réveille.


Jouer la comédie, est-ce une récréation ou une nécessité ?

C’est un besoin. Celui de m’oxygéner. Je ne vais pas attendre en tant qu’animateur ou producteur tous les jours que tombent les audiences. J’ai aussi envie de vivre de mes passions et de mes rêves avant que la vie ne les déforme.

Auriez-vous envie d’un rôle purement dramatique, histoire de jouer la carte du contre-emploi ?

J’adore jouer la comédie alors je suis heureux de pouvoir le faire. Mais ça me plairait beaucoup de faire d’autres choses également. Il faut attendre de voir comment ça va se passer pour Victor Sauvage. Si tout va bien, on partira sur de nouvelles salves à des rythmes un peu plus fous. Nous sommes tous un peu assujettis à l’audience... Nous avons plein d’envies, mais la télé, c’est plus si affinité. Nous verrons bien ce qui se passera demain. Aujourd’hui, on surfe sur une belle vague.

Le premier épisode avait rassemblé près de 7 millions de téléspectateurs. Avez-vous une appréhension pour ce nouvel épisode diffusé un an près, presque jour pour jour ?

J’espère qu’ils suivront, mais je pense que, quoiqu’il arrive, les téléspectateurs ont besoin d’évasion. Il est vrai que je ne suis pas un flic, je ne suis pas dans un hôpital, il n’y a pas de sang. Mais si on peut livrer un message positif, différent et voir un petit peu plus loin qu’un réverbère, ça me ferait bien plaisir. En ce moment, nous développons d’autres épisodes et si là tout se passe pour le mieux, on sera en tournage cet été pour la suite.

Vous avez fêté vos 10 ans chez TF1. Quel bilan faites-vous ?

Un bilan positif bien sûr. Et surtout, le bilan de se dire : « Tiens que va-t-il se passer demain ? ». C’est toujours une inconnue. Le temps a passé très vite. Attention à la marche, c’était déjà il y a dix ans. En ce qui concerne Les 12 coups de midi, nous allons voir quelle est la potentialité de ce programme. Si nous continuons cet été et l’année prochaine... Mais un programme comme celui-là ne s’est pas fait en un jour. L’émission a bien commencé, puis ça a faibli, maintenant on est au top. Pour l’heure, TF1 me fait confiance et c’est ce qui me fait le plus plaisir.

Comment vivez-vous votre popularité ?

Je vois cela comme une grande fidélité. Mais le public est fidèle lorsque vous le surprenez tout le temps. Il ne faut donc jamais rester sur ses acquis. Je ne crois pas qu’il y a d’amour. Il n’y a que des preuves d’amour. Vous devez prouver au public que vous l’aimez en lui donnant de la qualité et en proposant des choses dont il a envie, et différentes à chaque fois. Autrement, on s’endort et puis après on s’en va. Il faut donc toujours repartir et avancer. J’essaie d’être le plus proche d’eux et ils me le rendent bien.


Certains candidats ne vous effrayent-il pas un peu parfois ?

De temps en temps oui, quand ils me sautent dessus, c’est un peu petit peu effrayant, c’est vrai. Mais en même temps, c’est de l’amour et c’est aussi une surcharge de sentiments qu’il faut arriver à canaliser. J’ai commencé la télé avec Les Z’amours. Cela fait donc dix-sept ans que je suis, tous les midis, avec ces personnes. Alors, il y a parfois des débordements, mais c’est beau aussi. Ce sont des preuves d’amour et ça ne se refuse pas.

Tous les midis, vous êtes en concurrence avec Nagui avec des jeux ayant des concepts similaires : détrôner un champion. Vous avez déclaré y voir une analogie avec la télé-réalité, pouvez-vous expliquer cela ?

Nous nous sommes aperçus qu’avec la télé-réalité, les gens avaient besoin d’affect avec une ou plusieurs personnes. Dans Les 12 coups de midi, on s’attache à des personnes exactement comme dans la télé-réalité. Dans mes émissions, il s’agit du parcours extraordinaire d’une personne ordinaire et c’est ce que je trouve intéressant. À la base, la télé-réalité c’était ça. Maintenant, j’appelle ça de la télé-irréalité.

Quel téléspectateurs êtes-vous ?

Je m’abreuve beaucoup d’information et de sport. Et je regarde aussi les bons divertissements. Je suis ce qui se fait pour déterminer quelle est la tendance globale.

L’apparition de votre marionnette aux Guignols a été annoncée,. Comment l’appréhendez-vous ?

Je trouve ça super sympa parce que j’ai travaillé dix ans avec eux. J’ai appris qu’ils avaient quelques problèmes au démoulage. Ca fait quatre fois qu’ils essaient et qu’ils n’y arrivent pas. J’ai un problème au démoulage ! Ça me fait hurler de rire. Et puis c’est un copain qui va faire ma voix, c’est un clin d’œil qui me plait beaucoup. Il faut avoir de l’autodérision quand on fait ce métier, sinon on est mal. Il ne faut pas trop avoir de fierté personnelle dans ces cas-là.

Qu’en est-il de votre projet d’émission pour la case du 18 heures ?

On y travaille. On regarde quelles sont les fenêtres possibles pour ce créneau là. Mais si j’y vais, ce sera avec un concept qui tient la route. Je n’irai pas à la légère, ma musette sur l’épaule, parce que le créneau de 18 heures est très sévère et très délicat. En tout cas, le conjuguer avec la tranche horaire du midi ne me fait pas peur. Tout cela me motive.