Toutelatele

Jean-Marc Morandini : l’enfer du décor

Alexandre Raveleau
Publié le 30/03/2005 à 00:24 Mis à jour le 05/05/2011 à 16:40

Du matin au soir, Jean-Marc Morandini est un homme de la télévision. Sur Match TV, il anime actuellement Ca reste entre nous et Ca reste entre nous 2. Et chaque matin, il passe en revue l’actualité de la télévision entre 10h30 et 12 heures sur Europe 1. Si son retour à l’antenne d’une grande chaîne nationale n’est, selon lui, plus à l’ordre du jour, sa présence dans les librairies et sur les ondes pourrait créer quelques jalousies. Son nouveau pavé dans la mare s’intitule L’Enfer du décor...

Alexandre Raveleau : Dès le début de votre livre, vous attaquez vos confrères journalistes avec le classement des questions les plus stupides. Lesquelles dois-je éviter ?

Jean-Marc Morandini : Vous avez le droit de me poser toutes les questions possibles ! Mais l’autre jour encore, j’ai fait une émission télé pour la promo. C’était en direct en plus. Et la journaliste, qui me précise quand même qu’elle a lu mon livre, me demande après deux minutes d’interview : « Est-ce que vous pensez que votre livre va intéresser les lecteurs ? » C’est la question stupide à éviter ! Sur le coup, j’ai été un peu désespéré.

Alexandre Raveleau : Quelle était votre ambition : parler du trop plein d’argent à la télévision ou dresser un simple état des lieux ?

Jean-Marc Morandini : Ouvrir le débat. Il faut aujourd’hui que l’argent cesse d’être un sujet tabou. En 1985, le Nouvel Observateur sortait un dossier spécial sur le sujet. J’en parlais récemment avec Pierre Bénichou. Il m’a dit qu’à l’époque il n’avait jamais subi autant de pression ! Dans mon cas, j’ai eu des réactions très diverses. Il y a celle d’Arthur qui m’appelle pour me dire que le chiffre n’est pas bon. Et puis, il y a des méthodes un peu plus vicieuses. Daniel Schneidermann par exemple qui comme par hasard, quinze jours après la sortie du bouquin, fait une demi-page sur moi dans Libération. Enfin, il y a ceux qui ont appelé le Canard enchaîné pour faire une enquête.

Alexandre Raveleau : On peut vous reprocher de toujours donner votre avis et de promulguer vos petits conseils ?

Jean-Marc Morandini : C’est juste spontané. J’écris comme je parle sur l’antenne d’Europe 1. La télé, ce n’est pas un sujet grave quand même. Donner son avis sur la télé, c’est pas la fin du monde ! Plutôt que de me cacher derrière une pseudo objectivité, je donne juste mon point de vue. Ce n’est pas pour autant une vérité absolue.

Alexandre Raveleau : Vous revenez également sur les années Berlusconi, la privatisation de TF1 en 1987 et sur les animateurs producteurs. La télévision a-t-elle changé ?

Jean-Marc Morandini : Rien n’a véritablement changé. Par contre, je ne trouve pas qu’il y ait trop d’argent à la télé. Si les animateurs, les producteurs gagnent tous si bien leur vie, c’est sans doute qu’ils doivent le mériter. Je vois mal un directeur de chaîne jeter son argent par les fenêtres. Ce sont des gens qui ont un véritable talent, qui sont rares et qui rapportent beaucoup plus à leur employeur. Si, demain, je vais voir TF1 et que je leur demande 50 000 euros, ils me diront tout simplement que je ne les vaux pas ! C’est le principe de l’offre et la demande.


Alexandre Raveleau : Vous parlez très peu des gains parfois exorbitants des jeux de télé ?

Jean-Marc Morandini : Tout simplement, parce que je ne suis pas très fan de jeux ! (rires) C’est la même logique. Les gains du Loto ne sont-ils pas honteux ? Mais les milliers d’euros que rapportent les candidats de Qui veut gagner des millions par exemple, représentent quoi pour TF1 ? Deux spots publicitaires ? Maximum trois.

Alexandre Raveleau : 10 000 euros sur Europe 1, Match TV, vos livres... Votre salaire est-il honteux ?

Jean-Marc Morandini : J’en suis très fier ! Quand je suis arrivé à Paris, je gagnais moins de 1000 euros pas mois, au sixième étage Boulevard Pereire sans ascenseur. J’ai bossé pour gagner ce que j’ai aujourd’hui. Je n’ai aucune honte.

Alexandre Raveleau : Peut-on envisager une suite à l’Enfer du décor ?

Jean-Marc Morandini : Il faudrait le remettre à jour, c’est vrai ! J’ai beaucoup d’autres chiffres depuis sa sortie. Le salaire d’Olivier Minne, celui de Laurence Boccolini aussi. Elle m’a beaucoup amusé d’ailleurs ! A la fin d’une émission radio, elle m’a dit : « Et pourquoi tu n’as pas mis le mien ? » Alors je lui dis que je ne le connaissais pas... Et elle me l’a donné !

Alexandre Raveleau : Vous êtes tous les matins sur Europe 1. Quelle mission vous donnez-vous au quotidien ?

Jean-Marc Morandini : Je suis quelqu’un qui adore la télé. Il faut juste la regarder en comprenant ce qu’on y voit. Je veux donc donner les clés aux auditeurs : le marketing, la mise en scène, l’exagération de la télé réalité. Et je pense que les téléspectateurs sont de moins en moins dupes.

Alexandre Raveleau : Vous animez également Ca reste entre nous sur Match TV. Est-ce très objectif de travailler à la télévision le soir et d’en parler le matin ?

Jean-Marc Morandini : Mon constat est très simple. Dès que j’ai commencé Ca reste entre nous, j’ai dit que je ne parlerai plus de Match TV sur Europe 1. On me reproche aussi d’utiliser ce que je dis le matin pour le resservir le soir. Ca me fait bien rigoler ! Regardez les journaux télévisés des grandes chaînes par exemple et vous verrez...