Toutelatele

Jean-Michel Maire (Touche pas à mon poste) : « Je ne suis pas désespéré ! »

Robin Girard-Kromas
Publié le 19/06/2013 à 18:24 Mis à jour le 27/06/2013 à 13:09

Reporter de guerre à France Soir après avoir assuré une chronique judiciaire dans le quotidien, Jean-Michel Maire plonge dans l’univers des médias en rejoignant le service médias du Figaro. A la télévision, le journaliste de 51 ans fait ses armes sur Telle est ma télé (TPS Star) avant de débarquer aux côtés de Cyril Hanouna dans Touche pas à mon poste !. Son image de dragueur invétéré, ses projets pour l’année prochaine ou sa récente arrestation, ce dernier se confie à Toutelatele. Entretien.

Robin Girard-Kromas : Comment un reporter de guerre se retrouve -t-il dans le monde de la télévision ?

Jean-Michel Maire : J’étais reporter de guerre il y a plus de 15 ans. Entre temps, je suis arrivé au Figaro, où j’ai intégré au départ le service multimédia avant de rejoindre le service télévision/radio. En 2005, c’était le début de la mode des talk-shows avec des journalistes spécialisés qui s’exprimaient sur les médias. J’avais ainsi été contacté par 3e oeil, la société de Pierre-Antoine Capton (C à vous) qui lançait Telle est ma télé sur TPS Star. C’était une émission animée par Julie Raynaud où différents journalistes débattaient télévision. C’est à cette époque que j’ai mieux connu Cyril Hanouna. Puis, quand il a créé Touche pas à mon poste, il m’a demandé si ça me plairait de le rejoindre et c’est comme ça que j’ai quitté TPS Star pour France 4.

N’avez-vous pas appréhendé le passage de l’ombre à la lumière et l’exercice devant la caméra ?

Je n’avais pas vraiment le trac ! Sur Telle est ma télé, l’émission n’avait pas la popularité et l’audience de Touche pas à mon poste, elle était faite davantage pour les professionnels. Si mes souvenirs sont bons, ça ne devait pas dépasser 70 000 téléspectateurs donc il y avait beaucoup moins de pression qu’aujourd’hui. Et puis dès la première émission, on se rend compte tout de suite si on arrive à faire abstraction du public et des caméras. Pour moi, ça s’est bien passé, ça m’a plu. Je ne sais pas si j’étais brillant, mais en tout cas je n’ai pas perdu mes moyens comme ça peut arriver à certains. Du coup, j’ai perduré dans ce créneau.

L’expérience de Telle est ma télé a sûrement été bénéfique pour Touche pas à mon poste...

Ça m’a fait un bon galop d’essai. Après, le propos était beaucoup plus sérieux, on ne faisait pas les trublions comme on le fait maintenant à se déguiser et à faire des sketchs plus ou moins réussis. Mais c’est vrai que ça m’a donné l’occasion de me tester devant les caméras.

« Je suis comme tout le monde, j’ai des relations amoureuses »

Votre image de dragueur a-t-elle été « dévoilée » dès les premières émissions de Touche pas à mon poste sur France 4 ?

Non, ça s’est fait avec le temps, à cause ou grâce à Cyril, selon ce qu’on veut en déduire ! Au départ, j’étais pratiquement le seul célibataire autour de la table. Comme Cyril aimait bien feuilletonner l’émission, il prenait des nouvelles de tout le monde chaque semaine pour savoir ce qu’on avait fait le week-end et avec qui on l’avait passé. Comme je n’avais pas trop envie d’étaler ma vie privée et que mes relations n’étaient pas forcément sérieuses, je lui disais toujours que j’étais resté tranquille chez moi. À force de dire que je n’avais pas « pécho », c’est devenu un running gag avec le célibataire qui essaye et qui n’y arrive pas.

Cette image n’est pas forcément gratifiante... Avez-vous déjà eu quelques réserves à assumer un tel rôle dans l’émission ?

Ça s’est fait progressivement. C’est vrai qu’en prenant l’émission aujourd’hui, on peut penser que je prends cher sur mon célibat, mais c’est venu petit à petit. Et puis la vérité est quand même autre, heureusement que je ne suis pas aussi désespéré ! (rires) Je suis comme tout le monde, j’ai des relations amoureuses, mais c’est vrai que je n’en fais pas état dans l’émission. Du coup, je me suis fait une raison au fait d’avoir cette image de dragueur malchanceux. Mes proches savent que tout va bien, et ça ne me gêne pas du tout qu’on puisse en rire !

Partie 2 > Ses rapports avec son complice Thierry Moreau


Suite à votre image de dragueur, avez-vous parfois constaté des réactions étonnantes de certaines invitées, potentiellement effrayées ?

Non (rires) ! Aujourd’hui, les invités connaissant bien l’émission et les personnages qui sont autour de la table donc ils jouent le jeu. J’en connais beaucoup en dehors de Touche pas à mon poste. Après, quand Cyril leur demande si elles sortiraient avec moi si on était seuls sur une île déserte, je pense que certaines qui pourraient dire oui, sans me vanter, disent non aussi pour jouer le jeu de l’émission.

Lors de la spéciale années 2000, Kenza a révélé sur le plateau que vous aviez eu une aventure avec elle. N’était-ce pas un peu gênant sur le moment ?

Ça ne m’a pas gêné, car c’est une histoire qui date de plusieurs années et que c’était dit sur un ton bon enfant. Mais ça aurait pu être moins agréable si j’étais maqué à ce moment-là. Ou si une actrice X rentrait sur le plateau et disait que j’étais sorti avec elle et que j’avais aussi dragué toutes ses copines (rires).

Ne craignez-vous pas parfois d’aller un peu trop loin ?

Les gens ne savent pas toujours qu’on ne prépare pas en amont les happenings qui vont se dérouler pendant l’émission. Généralement, on arrive une heure avant le tournage, après avoir vu les programmes dont on va parler, et c’est là qu’on découvre ce que la production a prévu. La plupart du temps, au moment où j’arrive, on me propose de participer à ces différents happenings. Comme avec Lorie, où on m’avait proposé de rentrer sur le plateau en chantant « Ma meilleure amie ». De mon côté, ça me fait poiler. Oui, ce n’était peut-être pas un épisode glorieux dans ma carrière. J’avais un déguisement de bric et de broc comme la production ne roule pas sur l’or, j’étais un peu foireux, car je ne suis pas imitateur, et, du coup le résultat était plutôt pitoyable (rires). Après, on essaye que ce soit drôle, sans être trop vulgaire, et que ça respecte la philosophie de l’émission. Même si parfois c’est limite, ça part toujours d’un bon sentiment et ça reste bon enfant.

« Je n’arrive pas à ne pas dire de conneries »

Lors de ses questions en 4/3, vous êtes souvent l’une des victimes préférées de Jean-Luc Lemoine. Comment réagissez-vous à la vue de ces images ?

Les premières fois, je n’étais pas au courant donc c’était la surprise ! C’est vrai que maintenant, on sait qu’on peut se faire piéger. On me demande souvent pourquoi je continue à parler pendant les pauses pubs, mais en fait, je ne suis pas un grand fan de Twitter et Facebook comme d’autres chroniqueurs qui se ruent sur leur téléphone. Du coup, je parle avec mes voisins pendant les pauses pubs. Et en 7-8 minutes de pub, avec trois coupures par émission et cinq émissions par semaine, je n’arrive pas à ne pas dire de conneries (rires). Du coup, Jean-Luc finit toujours par avoir des choses pour la rubrique, mais ce n’est jamais télécommandé. Parfois, je me rends compte sur l’instant que j’ai dit une bêtise. Mais je ne me vois pas aller demander à Jean-Luc de retirer la séquence.

Dans l’émission, vous formez un duo complice avec Thierry Moreau...

On se connait très bien. On passe pas mal de temps ensemble, car on vient une heure et demie avant l’émission et ensuite le tournage dure presque deux heures. Pendant 3h30, tous les jours, on est donc à côté ! En plus, je le connaissais avant l’émission, car nous étions tous les deux journalistes dans le milieu de la télé. Aujourd’hui, notre entente n’en est que renforcée. On est devenu vraiment complice, notamment depuis que Cyril et Jean-Luc ont fait de notre duo une sorte de binôme infernal.

Il y a peu encore, les chroniqueurs de Touche pas à mon poste se sont visiblement retrouvés chez Thierry Moreau. Comme si la bande de l’émission ne se quittait plus...

Ce serait mentir de dire qu’on passe tout notre temps ensemble. Mais on crée chacun de vraies affinités. De mon côté, je passe beaucoup de temps avec Enora, Camille, Thierry ou encore Jean-Luc. Après, certains ont une vie un peu plus tranquille ou une vie privée plus prenante donc ils ne peuvent pas non plus trop se disperser en dehors de l’émission. En tout cas, quand on se retrouve en off comme c’était le cas ce week-end, on ne parle pas une minute de boulot !

Partie 3 > La médiatisation et son arrestation


Comment avez-vous vécu l’explosion de popularité de Cyril Hanouna ces derniers mois ?

C’était très agréable et on était très contents pour Cyril. On a été entraîné dans la même vague donc on en a bénéficié aussi. Je suis aussi venu dans l’émission il y a trois ans, car je savais que c’était un très bon animateur et qu’il n’avait pas simplement pas encore trouvé le concept où il pourrait exprimer son talent d’anchorman, de trublion. Aujourd’hui, en chef d’orchestre qui discute d’un média qu’il connait très bien, il a le format idéal. Et nous, on a eu la chance d’être entraîné dans son sillage. Faire l’émission reste par ailleurs un vrai plaisir : on sort parfois en ayant mal à la mâchoire tellement nous avons ri !

Comment avez-vous vécu la très forte médiatisation qui a suivi l’arrivée de Touche pas à mon poste sur D8 ?

C’est plutôt agréable ! J’ai fait 20 ans de presse écrite avant, avec des sujets un peu partout en France ou dans le monde, sans vraie reconnaissance si ce n’est un confrère de temps en temps. Le reste du temps, c’est des lecteurs mécontents, car vous avez fait une faute d’orthographe ! (rires). La télé est d’une injustice totale, car en bossant moins, on a tout de suite une reconnaissance incroyable. Mais c’est la loi du genre, on s’y fait.

« J’ai eu l’impression d’être un forcené qui avait descendu en trombe les Champs Elysées »

On peut toutefois parler de revers de la médaille lorsque de nombreux sites d’info créent une alerte pour annoncer votre placement en « cellule de dégrisement »...

C’est une catastrophe, car il y avait des erreurs dans les papiers qui ont été faits. Comme la mode est aujourd’hui de reprendre directement les informations sans les vérifier, j’ai découvert après coup ce qui avait été écrit. J’ai eu l’impression d’être un forcené qui avait descendu en trombe les Champs Elysées avec des voitures de police qui me poursuivaient ! Alors que dans la réalité, j’avais été arrêté à un feu sur mon scooter... Donc c’est vrai que ce n’est pas évident à vivre, car c’est un moment qui n’avait rien à voir avec ma vie professionnelle. Je sortais d’une soirée, c’était du registre de la vie privée. D’autant que j’ai une fille qui est à l’école et à qui on est venu dire que j’avais été arrêté... J’essaye de me consoler en reprenant la phrase de Beigbeder : « être dans Voici c’est horrible, ne pas y être, c’est pire ».

Cet été, Cyril Hanouna a annoncé que des chroniqueurs prendraient la tête de Touche pas à mon poste pour les spéciales « été » mêlant séquences enregistrées et best of. Avez-vous été contacté ?

On fait ça un peu à l’arrache ! (rires) On enregistre tous les vendredis jusqu’à début juillet et on ne sait pas vraiment qui les présente. Pour l’instant, seule Enora a pris la tête de l’émission lors des premières sessions d’enregistrement.

Serez-vous de retour pour la prochaine saison de Touche pas à mon poste ?

Inch’Allah ! Cyril nous a dit un mot dans l’émission donc je pars de principe qu’il n’y a pas de raison que je n’y sois pas, mais je n’ai encore rien signé pour l’année prochaine.

Outre Touche pas à mon poste, avez-vous d’autres projets à la télévision ?

J’aimerais bien, mais j’ai un gros défaut, je ne suis pas offensif. Je ne suis pas dans la recherche, j’attends toujours qu’on vienne me chercher et c’est une très mauvaise stratégie. J’en paye le prix. Comme je ne fais état de rien, les gens pensent peut-être que je suis bien comme ça, mais j’aimerais aussi pouvoir faire autre chose en plus. Bien sûr, je ne suis pas un anchorman pour du divertissement comme Cyril, mais je serais amateur de formats qui mêlent complicité et empathie comme L’amour est dans le pré, les émissions de Stéphane Plaza ou encore de l’aventure. Voir même des émissions basées sur la séduction (rires). Ça me plairait...