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Jérémy Ferrari : ses confidences sur le ONDAR show et Touche pas à mon poste !

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Directeur de la publication
Publié le 10/12/2013 à 19:16 Mis à jour le 29/12/2013 à 11:56

Sur scène avec son spectacle « Hallelujah bordel ! » prolongé jusqu’à l’été 2014, en librairie avec son livre illustré « Hallelujah bordel ! » en cours de réimpression, à la télévision avec « Touche pas à mon poste ! » jusqu’à la fin de l’année, les succès se multiplient pour Jérémy Ferrari. L’humoriste de 28 ans aime provoquer, toucher là où ça fait mal. Pour Toutelatele, Jérémy Ferrari tombe le masque, et se souvient de ses débuts à « On n’demande qu’à en rire », de l’arrêt du « Ondar Show » et de son arrivée fracassante à « Touche pas à mon poste ! » à la rentrée dernière. (L’interview ayant été réalisée début novembre, l’arrivée de Jérémy Ferrari dans le talk-show quotidien de Laurent Ruquier, prévu pour janvier prochain, n’avait pas encore été évoquée).

Jérôme Roulet : Vous avez débuté à la télévision dans le Morning Café de M6. Comment avez-vous atterri dans cette émission ?

Jérémy Ferrari : A l’époque, j’ai rencontré Jacques Pessis qui travaillait pour Studio 89. Il a apprécié mon écriture et m’a proposé de tester une pastille, « Réveillez-vous ». Ça devait être un peu trop décalé pour le matin à 7h30, et du coup ils ne m’ont gardé qu’une semaine.

La grande révélation a été On n’demande qu’à en rire, fin 2010. Quel était votre état d’esprit à cette période de votre vie ?

A ce moment-là, ma situation financière était périlleuse et j’étais sur le point d’être expulsé de mon appartement. Ça faisait dix ans que j’étais tout seul à Paris, je n’avais pas de vie… J’étais lassé, fatigué, déprimé, et je ramais en enchaînant les petits boulots pour 800 euros par mois. Personne ne m’accordait de crédit, personne ne me donnait de travail. Bref, ça devenait très compliqué et j’étais pratiquement prêt à arrêter le métier. Puis, j’ai eu cet appel pour faire On n’demande qu’à en rire. Au départ j’ai dit « non », et je suis revenu sur ma décision.

Vous souvenez-vous de vos premiers pas sur le plateau ?

Oui très bien ! Quand je descends les escaliers pour le premier sketch, je suis intimement convaincu que je vais me faire éliminer en quarante secondes. D’ailleurs, sur mon premier passage, je souris un peu, c’était mon côté « Je n’en ai plus rien à foutre, virez moi, ce que je fais n’est pas drôle ». Et les premières minutes, personne ne rit. Mais je suis dans une telle désinvolture que je commence à choper un rire, deux rires etc... Finalement, sur la première année, en dehors de Ruquier qui a adhéré tout de suite à l’humour noir, j’avais des notes assez moyennes. Il a fallu un an au jury pour me donner de bonnes notes.

« Je ne suis pas du tout confiant, c’est pour ça que je travaille tout le temps et que je multiplie les projets »

Sentiez-vous alors poindre une amorce de succès ?

Non, j’ai d’abord cru à un coup de bol. A ma première tournée, je me suis encore dit c’était de la chance... Actuellement, je continue à me dire que ca doit être un coup de bol. [Rires.] Je ne suis pas du tout confiant, c’est pour ça que je travaille tout le temps et que je multiplie les projets.

Le succès à On n’demande qu’à en rire vous a ouvert les portes du Ondar Show . Comment est née cette aventure ?

France 2 avait envie de prolonger l’expérience, ce qui était plutôt une bonne idée. Mais la bonne idée aurait été de nous laisser faire totalement ce que l’on avait envie et ça n’a pas été le cas. Et l’émission n’a pas été bien lancée non plus. Laurent Ruquier n’était pas d’accord avec le directeur artistique, qui était lui-même parfois en désaccord avec la production, qui, elle, n’était pas d’accord avec les artistes… En bref, personne n’était d’accord avec personne. [Rires.]

Comment avez-vous vécu l’expérience de l’intérieur ?

Il y a eu un problème de confiance de la chaîne envers les humoristes. Il ne fallait pas dire de gros mots, on était un peu censuré... Je passais un peu outre car il m’aimait beaucoup mais quand même… Pour moi, les artistes ont manqué de courage. Il y a eu beaucoup trop de larmes et d’abandon après le premier numéro alors qu’on était tous dans le même bateau. Il aurait fallu se battre. Bon nombre ont baissé les bras car On n’demande qu’à en rire était plus facile : tu écris sur ton thème, tu viens, tu fais ton sketch et tu te casses. Quand on te confie une émission, c’est autre chose niveau travail. Il y a des responsabilités, des comptes à rendre… Certains n’avaient pas les épaules pour ça et au final, ça a donné une émission moyenne.

Partie 2 > Retour sur son arrivée dans Touche pas à mon poste


Même si vous avez rajeuni le public, les audiences ne vous ont pas été très favorables…

Je pense qu’on n’aurait jamais dû être à 19 heures mais en deuxième partie de soirée. Après, on rassemblait 1.4 million de téléspectateurs en moyenne. On était en dessous de Mot de passe qui était à 1.7 million, mais on faisait mieux que Sophia Aram ou Un air de famille ! Ça n’a pas été un échec d’audience, mais ca n’a pas été un succès non plus. Ils ont enlevé Mot de passe qui n’était pas très cher à produire et qui faisait de l’audience pour mettre Ondar show car il s’en foutait de perdre des téléspectateurs pour rajeunir la chaîne. Et bien finalement non ! [Rires.] L’émission coûtait quand même chère, elle ne faisait pas une audience exceptionnelle et dérangeait certaines patrons de la chaîne... on a donc été déprogrammés. Mais ça a été malhonnête de leur part de dire que ca avait été a cause des audiences, car ce n’est pas vrai. Et en plus, on a rajeuni le public. Il fallait assumer !

Pourquoi avez-vous décliné la proposition de France 2 de rejoindre Jusqu’ici tout va bien à la rentrée dernière ?

Je venais de porter à bout de bras le Ondar Show en bossant jour et nuit. Mais j’étais tout seul à pousser cette émission. J’ai été soulagé que ça s’arrête ; j’en avais marre et j’y ai laissé beaucoup d’énergie… Alors, quand on est venu me voir pour faire l’émission de Sophia Aram, j’ai eu l’impression qu’on me demandait beaucoup. Ça ne me pose pas de problèmes, car je suis un vrai bosseur et je mets toute ma vie personnelle de côté pour y arriver, mais je veux aussi bénéficier de ma force de travail. Je ne voulais pas repartir sur un truc ou les mecs ne savaient pas ce qu’ils voulaient faire. J’ai fait le pilote. Et à un moment donné, je ne souhaitais pas redémarrer sur une émission qui pouvait encore se planter !

Ce qui a justifié le choix de Touche pas à mon poste...

J’avais discuté avec Le grand journal aussi, mais j’ai choisi Touche pas à mon poste car Cyril (Hanouna, ndlr) m’a vraiment convaincu. Il m’a dit : « Tu fais ce que tu veux en direct ! Et en plus je t’engage sur mon émission radio.  » En m’offrant cette liberté, le choix a été vite fait. Pourtant, il sait que je ne vais pas plaire à tout le monde, mais il s’en fout. Et ça se passe très bien.

Quel rapport entretenez-vous avec Cyril Hanouna ?

Je le connais depuis longtemps. Il sait ce qu’est l’échec, quand on ne croit pas en lui... Il s’est fait tout seul. Aujourd’hui, il est critiqué par pas mal de personnes, mais au lieu de le critiquer, elles feraient mieux de se demander pourquoi il a du succès. Cyril ne se moque pas du public, il ne se fait pas passer pour ce qu’il n’est pas. Quand on allume la télévision, on est face à quelqu’un qui est vrai.

« Le ONDAR show dérangeait certaines patrons de la chaîne »

Etes-vous satisfait de votre collaboration ?

Oui, je m’éclate totalement ! Mes vidéos sont les plus vues de la chaîne D8, je suis celui qui suscite le plus de réactions et de polémiques. C’est un vrai succès, donc je suis super content.

Répétez-vous vos happenings ?

Je demande toujours l’avis de Cyril. Si une vanne ne le fait pas marrer, je l’enlève. Ce n’est pas une censure. On est en duo. Mais ce n’est pas systématique, je le fais quand je ne suis pas sûr d’une vanne car il faut que ça fasse quand même marrer l’équipe. Enfin, pour l’instant, les gens ne s’en vont pas quand je passe dans Touche pas à mon poste ! (rires)

Cette exposition télé est-elle importante pour vous ?

Beaucoup de gens ne me connaissent pas ; je n’ai qu’une jeune notoriété. J’ai encore du travail, du public à convaincre et à conquérir… et de nombreuses saloperies à dire ! Et puis, j’aime aussi beaucoup cet exercice éprouvant psychologiquement mais grisant quand ça marche.

Retrouvez la première partie de l’interview de Jérémy Ferrari où il parle de son spectacle Hallelujah bordel