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Jonathan Blot : « Le gâteau de mes rêves sublime la pâtisserie, là où tous les autres font des concours »

Marion Olité
Publié le 15/02/2014 à 17:24 Mis à jour le 22/02/2014 à 22:17

Nouveau venu dans le monde des émissions culinaires, Jonathan Blot a fait ses classes chez Alain Ducasse et d’autres établissements réputés, avant de lancer son propre concept, Acide Macaron. Ce jeune chef pâtissier ne manque ni d’énergie, ni d’idées. Il prendra le relais de Christophe Adam ce 16 février pour faire saliver les téléspectateurs devant Le Gâteau de mes rêves sur Téva. Rencontre.

Marion Olité : Comment êtes-vous arrivé sur l’émission Le Gâteau de mes rêves ?

Jonathan Blot : Je connaissais Christophe Michalak, qui était venu tourner une émission sur les macarons dans mon établissement (Acide Macaron, à Paris dans le 17e, ndlr). J’ai rencontré l’équipe à cette occasion. Quand Christophe a quitté l’émission, il a pensé à moi. On m’a présenté le concept et l’histoire.

Que pensez-vous apporter au programme ?

Christophe Adam et Christophe Michalak ont dix ans de plus que moi. C’est proche, mais je fais déjà partie de la génération suivante. J’ai voulu apporter mon côté ultra moderne, tout en restant très simple, en me déplaçant pour cuisiner chez les gens des desserts connus. J’avais envie de rajeunir encore plus le concept.

Quelles sont les différences entre vous et les deux Christophe de la génération précédente ?

Des univers et des styles différents. Mon univers , c’est le macaron. J’ai créé l’établissement Acide, pas seulement pour avoir un nom « qui claque ». Je cuisine avec une touche d’acidité. Je mets en avant des couleurs flashy, et je propose une modernité dans la texture, les goûts, et même la taille. Tout ce qu’on fait est en petite taille. On voulait amener ce côté dégustation, et puis c’est proche de la tendance « streetfood ». On peut prendre une bouchée en marchant. Pour la première émission par exemple, j’ai proposé une bouchée de Paris-Brest au lieu d’en faire un grand à partager.

Le gâteau de mes rêves est votre première expérience télévisée. Comment l’avez-vous vécue ?

Ça s’est super bien passé. Je suis dans mon élément, la pâtisserie. Et l’équipe est vraiment géniale, on est sur la même longueur d’onde. Ils sont très conscients de cette nouvelle vague de jeunes téléspectateurs fans de ce genre d’émission. J’ai, par exemple, pris en stage des jeunes complètement fans de pâtisserie. J’aime aussi l’état d’esprit de ce programme, qui est de sublimer notre métier là où tout le monde fait des concours, avec des participants qui se mesurent les uns aux autres. Nous, on n’a pas de concurrent, on s’invite chez les gens. C’est un échange, et vraiment un autre état d’esprit.

« Je représente la nouvelle génération de pâtissiers »

Comment expliquez-vous l’engouement de la télévision pour les émissions culinaires dédiées à la pâtisserie ?

On a envie de savoir faire quelque chose de nos mains aujourd’hui. La pâtisserie permet aussi de faire retomber la pression d’une vie stressante et plus rapide qu’avant. Pour beaucoup de gens, je pense que ça relève quasiment de la thérapie. Beaucoup me disent que ça les détend de faire de la pâtisserie. J’entends souvent : « Ça me fait du bien, je ne pense plus à rien, ni à mon boulot, ni à mes emmerdes ». On fait quelque chose qui nous fait du bien, et en même temps, on peut partager ce plaisir en mangeant ou en offrant ce gâteau à quelqu’un.

Partie 2 >Ses spécialités et sa vision de la pâtisserie


Quelles spécialités avez-vous prévu de concocter pour Le gâteau de mes rêves ?

J’ai établi une sélection avec la chaîne. J’aime bien retravailler des choses assez classiques, en enlevant le beurre et le sucre en trop. Ma touche perso, c’est l’acidité. Je rajoute souvent un jus d’agrume ou d’acide citrique pour rétablir de l’équilibre. J’ai notamment préparé un Paris Brest et un fraisier, deux gâteaux très populaires. Il y aura aussi un soufflé au chocolat. On reste proche des classiques, car les gens cuisinent pour les repas familiaux, pour leurs enfants. Je vais aussi apporter ma rapidité. Quand on a trois heures pour faire un gâteau, c’est bien, mais quand il reste seulement 15 minutes, comment faire un fraisier ? Moi, je propose une version « freestyle » du fraisier en un quart d’heure chrono !

Qu’avez-vous pensé du niveau des gens chez qui vous êtes partis cuisiner ?

J’ai été bluffé ! Sur la première émission avec le Paris Brest, quand j’ai goûté le dessert fait par la personne, je n’avais quasiment rien à corriger. J’ai failli dire à l’équipe : « C’est bon, on remballe, il est parfait son Paris Brest ! » (rires). Les gens parlent de cuisson, de la température du sucre, de choses techniques comme la réalisation d’un praliné, de noisettes... C’est la folie ! Je pense que c’est grâce à toutes les émissions télévisées culinaires. Ils sont au courant, de plus en plus équipés et réceptifs. Pour plein de personnes, c’est devenu une vraie passion. Avant, ils faisaient peut-être du cheval ou du dessin, maintenant ils sont passés à la cuisine. Certains enchaînent les heures de stages. L’une des participantes avait cumulé 40 heures de stage chez Le Nôtre !

Le coaching culinaire, est-ce une activité qui vous tente ?

Oui, je coache des particuliers, mais aussi des pâtissiers pour le Championnat de France de desserts et d’autres professionnels. On a fait aussi quelques cours sur demande. Ça marchait très bien, mais on a arrêté par manque de temps.

Comment parvenez-vous à gérer votre emploi du temps ?

J’ai douze personnes tous les jours à Acide. On a une grosse production à assurer, avec environ 6000 macarons par jour. On fournit six palaces parisiens, donc il y a beaucoup de boulot. On ne peut pas tout faire. Quand je m’engage dans quelque chose, je m’engage vraiment. Je ne veux pas partir dans tous les sens.

« La pâtisserie relève de la thérapie pour beaucoup de gens »

Seriez-vous, malgré tout, partant pour une nouvelle saison du Gâteau de mes rêves ?

Il faut voir comment se dérouleront les diffusions. Avec cette émission, je m’attendais à quelque chose de sympa, mais c’est vraiment très sympa (sourire) ! Je suis donc évidemment partant pour rempiler.