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Julien Courbet (Sans aucun doute) : « La guerre de l’access ? C’est un pétard mouillé ! »

Marion Olité
Publié le 16/09/2013 à 18:34 Mis à jour le 24/09/2013 à 16:24

Cinq ans après son départ de TF1 et de son émission phare Sans aucun doute, Julien Courbet revient dans le groupe avec une nouvelle formule du magazine qu’il a présenté durant 14 ans. Clairement associé à son animateur star, Sans aucun doute avait essuyé un revers côté audiences en 2008. TF1 avait arrêté les frais en décembre 2009. Rebaptisée « Courbet Sans Aucun Doute », cette nouvelle mouture, qui débute le lundi 16 septembre sur TMC, est défendue avec enthousiasme par Julien Courbet.

En quoi ce Sans aucun doute version 2013 se différencie-t-elle de la version précédente ?

Julien Courbet : Cette nouvelle formule n’a rien à voir avec l’ancienne. On va aller vers des cas très légers, en restant dans le sourire. Le changement a surtout lieu dans le rythme. Avant, je présentais un cas avec un témoignage de 8 à 9 minutes, puis on avait un reportage de 15/20 minutes, puis le coup de fil. Là, il n’y aura plus de témoins en plateau ; je ne veux pas de ces regards anxieux et apeurés, car ils ne comprennent pas trop ce qu’il se passe. Le témoin sera tranquillement chez lui avec un envoyé spécial. Je vais passer d’un cas à l’autre comme dans un multiplexe de football. Dès que quelqu’un est d’accord pour prendre l’antenne, dès qu’il se passe quelque chose, nous « zapperons » d’un sujet à l’autre avec pour objectif de rester dans ce rythme soutenu.

Comment le choix des cas est-il justifié ?

Les gens s’inscrivent sur le site de TMC ou par téléphone. J’ai aussi une armée de 25 personnes pour réceptionner les courriers et les appels. Ils enquêtent et demandent des documents à soumettre aux avocats. Une fois l’affaire validée, on part tourner. On aura au moins trois cas par émission.

Cette configuration sera-t-elle identique sur les primes ?

Pour les primes prévus une fois par mois, il n’y aura pas forcément plus de cas, mais ils seront plus longs. En access, les téléspectateurs pourront retrouver des petits reportages de 2 min 30, alors que les formats dureront plutôt dans les 10 minutes en première partie de soirée. Si en quotidienne va avoir un problème avec sa maison, ce sera plutôt un lotissement entier arnaqué pour le prime-time. On passera au niveau au-dessus dans la taille de l’enquête et, évidemment, dans la problématique.

La version en première partie de soirée comprendra-t-elle plusieurs rubriques ?

Non, je ne veux pas faire une émission de conso. J’ai déjà donné, je ne vais pas tendre la joue gauche ! Je n’y crois pas aux émissions de conso avec des rubriques. Je fais un multiplexe de l’arnaque et je ne souhaite faire que ça. Je vais en revanche avoir un journaliste présent si ça traîne à répondre sur un cas. Entre deux sujets, il racontera une arnaque franco-française, puis un avocat répondra au mieux aux questions « Qu’est-ce qu’on risque » et « Comment on s’en sort-on » ? Dès que c’est terminé, on relance un autre sujet. Ça permet de rester dans l’air du temps de ce qu’il se passe, comme cette arnaque où les gens se font passer pour des agents SFR.

« Je ne crois pas aux émissions de conso »

Qui fera partie de votre nouvelle équipe ?

J’ai gardé deux piliers : le meilleur des négociateurs Bernard Sabbah, et l’avocate Sylvie Noachovitch qui tape du poing sur la table comme personne. Après, je voulais du sang neuf. J’ai recruté Sandrine Pegand, très sympa et glamour, puis un autre avocat, Pierre Godinot, qui est plus dans la sagesse. J’aime bien dans une équipe avoir des personnalités qu’on identifie facilement. On a vu plus de 50 personnes avant de recruter ceux-là.

N’êtes-vous pas un peu lassé par ce type particulier d’ « émission à arnaques » ?

Chaque histoire est différente et tout évolue. Quand j’ai démarré Sans aucun doute, Internet n’existait pas. Maintenant, je reviens avec environ 40% des cas qui vont traiter des arnaques du web. Ça bouge en permanence. On a les compagnies low-cost, c’est tout nouveau, comme les banques en ligne. Je ne peux pas me lasser parce que j’ai ça dans le sang. Vous ne pouvez pas faire ce que je fais à la radio, à la télé, depuis maintenant vingt ans si vous n’aimez pas ça !

Partie 2 > Julien Courbet : ses échecs et sa vision de la guerre de l’access prime time


Avez-vous donc tourné la page du divertissement ?

Les jeux, c’est fini. J’ai essayé de mettre un peu d’ordre dans ma vie quand l’aventure s’est arrêtée sur France 2. Sur TMC, je ferai de l’ « infotainment », du magazine divertissant, et mes pitreries et guignolades, ce sera pour la scène. Les deux personnages sont bien séparés.

Dans quel état d’esprit êtes-vous à quelques semaines de votre rentrée, sur les planches parisiennes avec votre one-man-show Julien Courbet se lâche ?

J’ai plus de pression sur scène qu’à la télé où je maîtrise le concept. Là, c’est quelque chose de nouveau. Je m’attaque à Paris où je sais que les critiques vont venir me voir, donc oui, j’ai une grosse pression. Mais je me suis donné les moyens de bien répéter. Ça reste modeste tout de même : les scènes font 90 places et je tourne dans un petit café théâtre, la Comédie des boulevards. Je me moque de moi, de mes échecs, je parle de la télé...

Vous semblez beaucoup plus zen aujourd’hui...

Je suis passé dans une phase de ma carrière où, pardonnez-moi l’expression, je n’ai plus envie de me faire chier. Je ne fais que ce que j’ai envie de faire. Qu’il y ait 10 millions de téléspectateurs ou 700 000 sur TMC, la caméra reste la même. Je veux faire des choses que j’aime. J’avais envie de faire de la scène, que ça plaise ou non, peu m’importe. Je voulais refaire Sans aucun doute, donc je le refais. Je me laisse pousser par mes envies.

Ca n’a pas toujours été le cas ?

J’ai été jeune, j’ai couru après l’argent, la production et les parts de marché. Maintenant tout ça c’est fini ! Il me reste quelques belles années à vivre, et donc je vais là où ça m’éclate. J’ai pris des claques, j’ai compris pourquoi certaines choses n’ont pas marché. Finalement, je me suis relevé, et la vie était belle quand même. C’est inutile de se mettre du stress pour tout ça.

« Je veux faire des choses que j’aime »

Êtes-vous désormais totalement hermétique aux audiences ?

Je ne dis pas que je n’y pense pas, mais ça ne changera pas mon travail. Je ne me lève pas le matin en me disant : « Tiens je vais faire une émission à 4% ! » Ça ne sert à rien de se mettre la pression.

Vous allez malgré tout être un soldat de cette fameuse guerre de l’access...

C’est une fausse guerre. Si vous réfléchissez bien, c’est même un pétard mouillé. Ça fait écrire, mais au bout du compte les changements, ils n’arrivent qu’à partir de la cinquième position. TF1 ne change rien avec Lagaf, France 2 ce sera encore Nagui avec le même jeu, M6 mise sur Faustine Bollaert et 100% Mag. Sur France 3, ce sera toujours Carole Gaessler (le 19/20, ndlr). Après Lapix remplace Sublet, De Caunes remplace Denisot, mais il n’y a pas de vrais buzz. Ce sera le jour où TF1 dira « On arrête les jeux et on se lance dans un talk-show » que tout changera. Pareil pour France 2. Là, on parle de chaînes à audiences plus réduites quand même.

Avez-vous déjà regardé quelques-uns de vos concurrents ?

Cyril Hanouna (Touche pas à mon poste, ndlr), car c’est un pote. Je n’ai pas regardé les autres. Les responsables des chaînes ne sont pas guignols. Si on a mis Lapix par exemple, c’est bien parce qu’elle est bonne. Je ne regarderai pas tant que mon émission ne sera pas installée. Je ne veux pas me laisser influencer. Je l’ai fait par le passé et je refuse de retomber dans ce piège.