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Julien Pain et Les Observateurs (France 24) : « Nous voulons montrer l’envers du décor »

Alexandre Raveleau
Publié le 08/04/2013 à 15:51

Après cinq années d’existence, Les Observateurs de France 24 passent au niveau supérieur à partir de ce lundi 8 avril. Dès 21h45 (heure de Paris), Julien Pain embarquera pour le Sud de Madagascar pour le lancement de Ligne directe. Sur place, il mènera l’enquête avec Zafindrahono Saisandrata, l’une des 3 000 témoins des Observateurs, autour de l’exécution sommaire de 90 voleurs de zébus, des « Malas ». Chaque mois, les équipes des Observateurs partiront sur le terrain pour aborder l’autre actualité, celle qui ne fait pas la une des JT.

Alexandre Raveleau : Comment est né le projet de Ligne directe ?

Julien Pain : Les Observateurs est un projet participatif qui a un peu plus de cinq ans aujourd’hui. Jusqu’à présent, nous étions surtout sur le web et nous racontions certaines des histoires reçues dans le cadre de notre émission hebdomadaire. L’idée de Ligne directe est venue naturellement. Nous avions un sentiment de frustration avec certains sujets. Il fallait que nous allions sur le terrain, à la rencontre de notre réseau d’hommes et de femmes pour compléter les informations.

Combien de contributions recevez-vous à destination des Observateurs  ?

Actuellement, nous recevons en moyenne deux à trois histoires intéressantes par jour. Vous m’auriez posé la question il y a quatre ans, c’était la galère ! Plus encore que les vidéos postées, nous ne nous interdisons plus d’aller chercher les sujets nous-mêmes.

Comment sélectionnez-vous les sujets de Ligne directe  ?

Tout part toujours de l’histoire. Quand nous estimons qu’elle mérite d’être complétée, d’avoir plus de longueur et d’explications. Autrement dit, à quel moment le travail de terrain devient essentiel et irremplaçable. Après Madagascar, nous avons par exemple le projet d’aller au Liban pour comprendre le racisme envers la communauté des femmes de ménage noires. Nous le réaliserons en caméra cachée. Il faut parfois aller tester pour montrer la réalité.

Sur l’ensemble des contributions du réseau des Observateurs, quelle est la part de sujets qui mériteraient un Ligne directe  ?

Beaucoup. Il n’y en aura malheureusement que peu que nous pourrons traiter. C’est un choix cornélien. Il n’y aura que douze numéros par an. Il faut choisir celles qui nous semblent les plus importantes, avec des réalités et des angles très différents.

« Il y a un aspect moutonnier des médias. Plus on parle d’un sujet et plus les gens veulent en savoir »

Dans le premier numéro, vous avez pris la direction de Madagascar pour un sujet difficile. Dans quelles conditions a eu lieu le tournage ?

Nous étions deux (rires). Il y a une chose que nous voulions montrer et qui est importante pour moi. Je viens du web, donc je voulais prouver qu’il n’y a pas de dichotomie entre le journaliste web planqué derrière sa machine et le grand reporter avec son écharpe capable d’affronter les dangers. Évidemment, je ne suis pas un reporter de guerre ! En terme de danger, le réseau des observateurs est le meilleur « fixeur » du monde. Ils sont fiables et leur aide est immense.

Pourquoi la plus grande majorité des sujets des Observateurs ne sont pas traités dans les JT  ?

Il y a un aspect moutonnier des médias. Plus on parle d’un sujet et plus les gens veulent en savoir. Si tout le monde parle de Cahuzac, on ne parle plus que de Cahuzac. Il faut créer l’appétit. Je pars du principe qu’une histoire vaut le coup dès qu’elle est universelle.

En plus de Ligne directe, avez-vous d’autres envies de développement pour Les Observateurs ?

Nous allons lancé Les Observateurs dans différentes langues, comme le Persan. Nous ne touchons pour l’instant qu’un public francophone. J’ai envie de toucher les Iraniens et pas seulement la diaspora. Nous voulons montrer l’envers du décor. L’idée est d’exister dans les langues des pays où l’information est bloquée.