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L’homme de ses rêves > Rencontre avec Laure Marsac

Claire Varin
Publié le 19/09/2012 à 14:09 Mis à jour le 25/09/2012 à 08:35

Laure Marsac est l’héroïne de L’homme de ses rêves. Cette comédie sociétale, tournée pour France 2, a notamment ému le jeune public lors de sa projection au Festival de la Fiction TV de La Rochelle. Toutelatélé a rencontré l’actrice, qui est revenue sur sa carrière, ses envies et ses participations aux séries Scalp, L’internat, Clash et Duo...

Claire Varin : Par quoi avez-vous été attiré dans la comédie L’homme de ses rêves ?

Laure Marsac : J’ai l’âge de jouer ça et je suis moi-même mère de deux filles. Elles sont un peu plus jeunes que celles de l’histoire. Mais ça me pend au nez. J’ai fait ça dans Clash avec bonheur. La mère de quarante ans un peu dépassée par les évènements, je crois que c’est une réalité du monde contemporain. C’est un vrai travail, un vrai choix et un réel plaisir de jouer quelqu’un à qui beaucoup de femmes peuvent s’identifier.

Quels sont les thèmes abordés dans L’homme de ses rêves  ?

Le lien et l’échange sont les thématiques du film. L’homme de ses rêves questionne : Qu’est-ce que le lien familial, filial, amoureux et virtuel par opposition au lien réel ? J’aime beaucoup les personnages un peu cabossés par des vies, qui sont maintenant longues, où il y a plusieurs enfants, plusieurs amours, plusieurs métiers, parfois. Ça secoue beaucoup les gens. Dans le temps, on jouait peut-être davantage des personnages qui étaient enfermés dans des cocons dont ils ne pouvaient pas s’échapper...

Vous donnez la réplique à Thierry Godard. Pouvez-vous nous parler de votre travail avec cet acteur dont la popularité est grandissante ?

On n’a pas tourné beaucoup de scènes ensemble. Mais c’est un homme très simple, très réel. Je crois à tout ce qu’il fait. On a des réalisateurs en commun puisque j’ai tourné la série Scalp avec Jean-Marc Brondolo, qui travaille sur Un village français et Engrenages.

La série Scalp apparaît-elle comme votre meilleure expérience de télévision ?

J’ai des regrets sur Scalp. D’abord, celui que ça n’a pas continué. La chaîne le voulait, mais il y a eu des problématiques de production et d’écriture alors ça ne s’est pas fait. Il commençait à s’écouler trop de temps entre la première saison et une éventuelle seconde. Je le regrette, car c’est des sujets sur lesquels il y a beaucoup de choses à dire. Encore maintenant. Mais, ma meilleure expérience de télévision est Les camarades. C’est un très beau personnage, c’est historique et ce sont des amis pour la vie que je me suis fait sur ce film, dont Valérie Donzelli, Jean-Michel Portal, Olivier Sitruk, Malik Zidi… C’est un moment très important de ma vie.

L’échec de Clash est-il une déception pour vous ?

C’est une déception parce que j’aimais beaucoup la série. Nous étions tous très excités par ce projet. On devait continuer en croisant les histoires de familles. Mais je pense que cela s’explique par le fait que la télévision publique est plutôt regardée par des adultes vieillissants. Ceux qui ont l’âge des parents alors que la communication a été faite en direction des adolescents, qui eux ont préféré la regarder en replay. Ils étaient peut-être embarrassés de regarder ces histoires devant leurs parents. On avait là quelque chose qui parlait du monde en route et pas d’un monde rêvé où tout va bien. Pour moi, cette série faisait du bien aux parents, car elle leur permettait de regarder les ados autrement et de leur parler des sujets évoqués.

Comment avez-vous vécu le destin de la comédie policière Duo, écrite par Frédéric Krivine et diffusée très tardivement sur France 2 ?

Duo, c’est un truc que j’aimais beaucoup sur le papier. Je trouvais ça complètement déconnant. Après, je pense qu’il y a eu des données politiques, qui faisaient que, sous le Président de l’époque, on ne pouvait pas raconter que la police, c’était aussi des arnaqueurs et des feignants (rire). Donc ça ne pouvait pas passer. Et la série a été diffusée quatre ans après qu’on l’ait faite. C’est une absurdité, mais le principal est qu’elle ait été diffusée.


Pouvez-vous également revenir sur votre participation à la série L’internat (M6) ?

Peut-être qu’il y a un point commun avec Clash. Le public adolescent n’est pas facile ou en tout cas, c’est l’idée que les chaînes s’en font. En France, la mise en production des œuvres en télévision est parfois difficile. Quelques fois, on attend trop longtemps avant de se décider et d’autres fois, il y a des choses sur lesquels on va vite. On veut qu’elle soit prête pour la semaine suivante et on n’a pas nécessairement eu le temps ou les moyens de travailler suffisamment. Il y a des choses à apprendre comme acteur, producteur et scénariste sur ces projets là. Et les gens nous en parlent. Duo et L’internat n’ont pas forcément marché en terme d’audience, mais ils ont laissé des traces.

Vous avez une carrière d’actrice très riche et ses dernières années vous semblez vous tourner vers plus de comédie. Est-ce une volonté de votre part ?

Pendant très longtemps, on ne m’en a pas proposé. J’étais une actrice plutôt tragique qui pleurait à l’heure qu’il fallait (rires). Je crois qu’on ne m’imaginait simplement pas dans des comédies. J’ai commencé à en faire avec des réalisateurs qui me connaissaient, car j’avais déjà tourné des drames avec eux.

Diriez-vous que vous avez trouvé un équilibre entre le cinéma et la télévision ?

Quand on a tourné comme acteur, on a envie de mettre en scène. On fait du cinéma, on a envie de faire de la télé. Quand on a fait de la télé, on se dit « Ah, mais dis donc le théâtre ! » (rires) C’est bien que ce soit tout ça le métier d’acteur. Et j’inclus l’écriture et la réalisation. En particulièrement, chez les femmes. Je pense à mes copines Noémi Lvovsky, Valérie Donzelli… Écrire son texte, ça fait partie de la tradition de l’acteur. Personne ne se pose de question là-dessus à propos de Molière, de Chaplin ou de Woody Allen. Peut-être qu’acteur tout seul, cela ne suffit pas.

Quels sont vos projets à venir ?

Je suis en train d’écrire deux films. Je viens de faire un polar, Le Jour attendra, réalisé par Edgar Marie, avec Olivier Marchal, Jacques Gamblin et Reda Kateb. Et je vais commencer le tournage du film de Riad Sattouf , Jacky au royaume des filles, avec Vincent Lacoste et son camarade des Beaux Gosses Anthony Sonégaux, Charlotte Gainsbourg, Didier Bourdon, Anémone, Valérie Bonneton, Noémie Lvovsky et Michel Hazanavisius. Ca parle d’un pays imaginaire où ce les femmes commandent et les hommes sont voilés. C’est un pays incroyable où les animaux sacrés sont des poneys. C’est très rigolo.

Aimeriez-vous écrire une série ?

J’adorerais. J’en ai une en tête. Même deux pour être honnête. On verra si cela se fait… En comparaison avec un film, c’est le sprint contre le marathon. Une série, c’est loin. Il faut maintenir l’intérêt et savoir rebondir. Il faut un grand respect – et irrespect aussi – pour ce qui se fait à la télévision.

Êtes-vous une sériphage ?

Oui, je regarde beaucoup de séries. J’aime Engrenages. J’ai tourné plusieurs fois avec Thierry Neuvic alors j’ai vu Mafiosa. J’aime aussi beaucoup Hélène Fillières. Je regarde des séries américaines comme Mad Men. Et en ce moment, je suis complètement obsédée par Body of Proof. Ça m’intéresse de savoir comment on les fait ? Comment on les joue ? Combien ça peut coûter ?

Aujourd’hui, quel regard posez-vous sur votre César du meilleur espoir féminin obtenu pour La Pirate de Jacques Doillon en 1985 ?

J’attends le deuxième pour faire serre-livres (rires). Pendant très longtemps, il est resté dans une valise, enfermée dans une cave. Un jour, j’ai déménagé et j’ai perdu la clé de la valise. On a cassé le cadenat et je l’ai donné à ma mère. Puis, peu de temps après avoir tourné les camarades, Malik Zidi a, à son tour, reçu un César. Ma fille était petite, mais elle adorait Malik. Elle a dessiné le César de Malik pour lui donner après. Et je lui ai dit : « Au fait, moi aussi j’en ai un ! Il est chez Mamie. » On est donc allé le chercher. Maintenant, il est dans la maison et il est bien là. Mais c’est les suivants qui comptent. Il faudrait en avoir d’autres parce que ça fait du bien lorsqu’on vous dit « On a vu, c’était bien. Tu es là. »