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La Saga TNT > France 4, la chaîne hétéroclite de la TNT

Par
Rédacteur TV - Expert Eurovision
Publié le 01/08/2005 à 00:41 Mis à jour le 29/08/2005 à 01:16

« Faîtes-vous une fête ! » Voilà l’invitation lancée le 31 mars dernier aux premiers téléspectateurs de la Télévision numérique terrestre (TNT). Toute de pourpre vêtue, France 4 se proposait comme « une chaîne de spectacle et d’événement », destinée en priorité aux « jeunes adultes » (25-49 ans). Née de la réorganisation de Festival, la chaîne du câble et du satellite dédiée aux films « de prestige », la dernière née du groupe France Télévisions (qui détient 89% du capital, le reste appartenant à Arte) se voit dotée d’un budget de 17 millions d’euros pour gagner ses galons de « chaîne de service public distrayante et de qualité ».

Tout en se voulant différente, France 4 fait appel à des visages familiers du service public pour présenter ses programmes. Nagui reprend les commandes de Taratata, émission culte peu ménagée par les précédentes directions de France 2. Vétéran du service des sports, Patrick Montel orchestre le magazine hebdomadaire, Soyons sport !. Pour couvrir les événements musicaux, la chaîne envoie Ray Cokes, journaliste anglais aperçu dans Union libre (France 2), Music Planet (Arte) et C.U.L.T. (France 5). Enfin, bien que moins connue, Peggy Olmi, qui présente le magazine Plus près des étoiles, a déjà fait ses classes sur France 3.

Si, sur la forme, France 4 ressemble à ses grandes sœurs (au point de leur reprendre certains programmes, tel Top of the pops), elle parie sur un contenu plus ambitieux. Certains pourront aussi dire qu’elle se laisse aller à la facilité, en rediffusant une énième fois Fame, Albator et Les mondes engloutis. Les séries (William et Mary, L’équipe de rêve...) sont effectivement inédites, européennes et de qualité, mais peut-être un peu trop britanniques. L’innovation et le courage se trouvent du côté du spectacle vivant. France 4 n’a jamais aussi bien porté... son ancien nom. Elle a su se montrer efficace sur les nombreuses heures de direct qu’elle a consacré aux grands festivals (Printemps de Bourges, Francofolies, Vieilles Charrues...).

Début juillet, les promesses se voyaient enfin confrontées aux résultats. Et les débuts sont plutôt discrets, puisque la dernière étude Médiacabsat crédite France 4 de 0,2% de part d’audience sur les téléspectateurs de 4 ans et plus recevant une offre télévisuelle élargie (à partir de 15 chaînes). Ce score est néanmoins à nuancer. France 4 hérite en effet des audiences de Festival sur le début de la période des relevés. En outre, sa gratuité progressive destine la chaîne à une accessibilité accrue à plus ou moins brève échéance. Pour preuve, Taratata serait l’émission la plus regardée sur la TNT... mais une majorité de Français ne la reçoit pas encore.

Timide mais prometteuse, France 4 doit aller plus loin pour convaincre. Le 21 septembre, elle offrira sa grille de rentrée, étiquetée « automne-hiver ». Privé des festivals de la belle saison, Philippe Chazal, son directeur général, misera sur deux films le dimanche soir, un magazine de cinéma mensuel, du théâtre en direct une fois par mois, de nouvelles séries européennes inédites et la série américaine A la Maison Blanche (The West Wing), jugée trop élitiste pour France 2. Les émissions lancées en mars sont par ailleurs toutes confirmées.

Seule inconnue : l’impact de l’arrivée du nouveau président de France Télévisions sur la vie de la petite dernière du groupe. Patrick de Carolis encouragera-t-il France 4 à prendre son envol en lui octroyant du temps et de l’argent ? Mise en place avec fierté par Marc Tessier, l’ancien dirigeant, la chaîne peut craindre moins d’égards de la part d’une personnalité issue du service public « historique ». France 4 va devoir prouver qu’elle est plus qu’une cerise sur le gâteau, sinon on risque de lui faire « sa » fête...