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La Saga TNT > LCP et Public Sénat, les inséparables de la TNT

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Rédacteur TV - Expert Eurovision
Publié le 22/08/2005 à 00:09 Mis à jour le 24/02/2013 à 16:05

Depuis le 31 mars dernier, le canal 13 de la Télévision numérique terrestre (TNT) est occupé par deux chaînes pour le moins atypiques. Ici, point de séries à gogo, aucun clip musical à se mettre sous le dent, pas le moindre soupçon de real tv... LCP et Public Sénat ont fait de la politique leur cheval de bataille. En continu et en alternance, elles analysent et commentent le travail des députés et des sénateurs. Au cœur du dispositif, l’idée que des émissions parlementaires, à fort contenu éducatif et civique, ont leur place à la télévision, et, mieux, peuvent réconcilier les citoyens avec la vie publique.

L’idée de doter la France d’une chaîne entièrement consacrée aux représentants de la Nation remonte au début des années 1990. A cette époque, l’Assemblée nationale se dote d’un complexe audiovisuel lui permettant de mettre en images le travail de ses membres. En 1993 naît Canal Assemblée nationale sur le câble parisien. Trois ans plus tard, le Sénat, enfin équipé en moyens de diffusion, s’associe à l’initiative. Rebaptisée Canal Assemblées, la chaîne est alors disponible sur TPS, CanalSatellite et la majorité des réseaux câblés du pays.

Ce qui devait être la première étape vers une chaîne commune ne sera au final que la préfiguration de l’organisation actuelle. La dissolution de l’Assemblée nationale en 1997 enterre précipitamment le projet de fusion des deux équipes. Le 31 décembre 1999, une loi officialise la création d’un canal parlementaire, fruit de la juxtaposition des programmes de deux sociétés, relevant chacune d’une chambre : LCP-AN et Public Sénat, qui commencent à émettre les 21 mars et 25 avril 2000.

Ce n’est toutefois qu’avec leur arrivée sur la TNT que les deux chaînes vont sortir de leur relative discrétion. Partant du constat que la représentativité télévisuelle des élus de la Nation demeure très limitée, y compris sur France Télévisions, elles vont se targuer d’être le vrai canal d’expression républicaine. Pour remplir au mieux cette mission « de service public », LCP et Public Sénat offrent une programmation aux contenus similaires, mais adaptés au travail de chacune des deux chambres du Parlement : retransmission des séances, magazines, débats, documentaires et service d’information. Autant dire un menu peu attirant. Le défi était donc de le rendre attrayant.

Le mot d’ordre de LCP est sans détour : « Vivre la République. » Pour y parvenir, la chaîne de Richard Michel a fait appel une fois par mois à la vedette de l’info made in France 2 : David Pujadas signe Le contrat, émission politique où l’invité « a l’obligation de parler vrai. » En dehors de ce visage familier du grand public, les rendez-vous récurrents de LCP comptent sur la participation d’intervenants venus de la presse écrite et de la radio. L’objectif de la grille est clair : décrypter la vie politique (Entre les lignes, Questions d’info), traiter l’actualité avec recul et critique (Parlez-moi d’ailleurs, Le Journal parlementaire) et bien sûr rendre compte du travail du Parlement (Quatre colonnes à la une, Parlement hebdo).

De son côté, la chaîne dirigée par Jean-Pierre Elkabbach s’est autoproclamée « la télévision qui vous fait aimer la politique ». Ambitieux mais pas impossible aux yeux de son célèbre journaliste de président, qui anime le rendez-vous littéraire régulier Bibliothèque Médicis. L’autre recrue de choc de Public Sénat est Pierre Sled, dans un rôle à mile lieues de L’été de tous les records. Avec Bouge la France ! et Elle et nous, il se frotte au débat d’idées. Au programme, actualité sociopolitique et sujets de société.

Ces efforts ne doivent cependant pas faire oublier que l’audience des deux chaînes reste largement confidentielle. Rétablir la confiance des Français en matière de politique est un travail de longue haleine qui ne peut se mesurer en taux de pénétration et autres parts de marché. Toutefois, au fil des échéances électorales et des grands débats nationaux, LCP et Public Sénat pourront apporter les réponses à des questions que les journaux des grandes chaînes nationales éludent, faute de temps ou de rentabilité en matière d’audience.