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Laurent Boyer

Tony Cotte
Publié le 19/04/2006 à 01:55 Mis à jour le 04/05/2011 à 15:35

Aujourd’hui sort sur les écrans, OSS 117, un film avec dans le rôle titre Jean Dujardin. Le comédien a été révélé il y a maintenant dix ans par l’émission de M6, Graines de Star. L’occasion pour Laurent Boyer de revenir sur ce parcours exemplaire en lui consacrant une émission spéciale sur M6. De la télévision à la radio, l’animateur poursuit sa carrière en misant sur la fidélité. Et ca marche ! Confidences avec l’ami des stars...

Tony Cotte : Comment avez-vous découvert Jean Dujardin ?

Laurent Boyer : C’était en 1996, aux débuts de Graines de star. Nous nous étions rendus au Carré blanc à Paris. Ce lieu proposait des scènes ouvertes le mercredi aux jeunes talents. Nous avions sélectionné pour la catégorie « graine de comique », Bruno Salomone. Un autre jeune homme a attiré notre attention. C’était Jean Dujardin. A sa deuxième apparition, il a fait le sketch du surfeur. Le public le redemandait à chaque fois. Le personnage de Brice de Nice est devenu rapidement un récurrent dans l’émission.

Tony Cotte : Une émission spéciale consacrée à Jean Dujardin n’est pas un peu précoce ?

Laurent Boyer : Sa progression s’est faîte sur dix ans. Je trouve cela vraiment courageux de sa part après seulement quelques films de mettre en scène son propre personnage de Brice de Nice. Quand je le vois aujourd’hui au théâtre, je sais qu’il n’est pas encore à l’avènement mais à maturité d’un talent. Cela fait plus de cinq ans que j’attends de faire un portrait d’un artiste qui a participé à Graines de Star. C’est la consécration. Je suis ravi et j’ai une totale liberté pour en parler. Ce n’est pas de la vanité outrancière. Je ne suis ni producteur, ni manager de Jean Dujardin. C’est formidable de voir toute une génération reprendre « Jt’ai casséééé ». C’est une satisfaction profonde d’assister à l’engouement de quelque chose que l’on a vu naître.

Tony Cotte : Vous êtes aussi aux commandes de la quotidienne Jour J. Quel est le jour qui a changé votre destinée ?

Laurent Boyer : C’était en 1981. J’étais professeur suppléant de français dans un lycée et étudiant en second cycle. Pour mon mémoire, je devais faire une enquête à Radio France. On m’a alors proposé de faire de la radio au lieu d’écrire dessus. Je suis rentré de cette façon à Radio 7. C’est le jour qui a basculé ma vie. Cela fait 25 ans que j’exerce ce métier. C’est ce qui m’a ouvert les portes de la télévision. Je serais enseignant à ce jour sans cette proposition.

Tony Cotte : Vous qui êtes là depuis le début, quel regard portez vous sur l’évolution de M6 ?

Laurent Boyer : En 19 ans, nous sommes passés de 2 à 13% de part de marché. Le métier de base était de faire de la télévision. Aujourd’hui, 40% du chiffre est fait sur le dérivé. Une équipe de football, du mobile, du disque, de l’édition, de la distribution... cette chaîne s’est extrêmement diversifiée pour toucher à tous les métiers des médias. C’est une belle évolution.

Tony Cotte : Est-ce que votre ancienneté est une immunité contre le licenciement ?

Laurent Boyer : Je n’ai que des contrats annuels renouvables au 30 juin. Il n’y a aucune sécurité de l’emploi. Les gens sont souvent surpris que je ne sois pas en CDI à M6.


Tony Cotte : Il fut un temps où l’on vous confiait tous les divertissements en prime-time. Vous n’êtes pas trop frustré que la chaîne n’en propose plus ?

Laurent Boyer : J’ai ouvert les divertissements en 1994 avec Thierry Ardisson. La télévision est composée de cycles. Aujourd’hui, M6 souhaite se développer avec le TV-coaching. Le format divertissement est rare, en dehors de la Nouvelle Star. Ce n’est pas contre Efira, Castaldi ou moi. La chaîne n’a tout simplement pas envie de ça. On fait alors autre chose. Je suis aux commandes d’une quotidienne et je lance un nouveau format avec Le meilleur de. Si ça fonctionne, le rendez-vous reviendra tous les mois.

Tony Cotte : Vous avez été sollicité par plusieurs chaînes au cours des dernières années, vous êtes toujours resté fidèle à M6. Cette notion de fidélité est importante pour vous ?

Laurent Boyer : Je suis un affectif. Je ne fais que des formats de création. Tant que j’arrive à évoluer et imposer des concepts nouveaux, je n’ai pas de raison de partir. Je ne regrette pas d’avoir refusé les propositions des autres chaînes. Je suis toujours à l’antenne aujourd’hui. M6 me fait confiance.

Tony Cotte : Vous avez songé un temps à arrêter ou prendre votre retraite ?

Laurent Boyer : Non. Je n’ai que 48 ans ! Je n’ai ni l’âge ni les moyens d’arrêter. La télévision m’éclate. Si je n’étais pas à l’antenne, je continuerai à produire. Je fais tout cela par pur plaisir.

Tony Cotte : La tête dans les étoiles ou Fréquenstar, vous avez toujours le rôle d’un confident. Le fait de plonger dans l’intimité d’un artiste facilite t-il des liens ?

Laurent Boyer : C’est ma nature profonde. Les gens se confient facilement à moi. Je suis devenu par extension le confident des artistes. On m’a appelé « l’ami des stars ». Mais les gens reconnus ne confondent pas vie personnelle et professionnelle. Une chose est sûre : je suis rentré dans le cercle de confiance de beaucoup de monde. C’est assez difficile. Ca ne se demande pas. J’ai mis beaucoup de temps pour avoir les relations que j’ai aujourd’hui avec Johnny Hallyday. Il y a une confiance totale. Je connais tout le monde mais je ne suis pas ami avec pour autant.


Tony Cotte : Si vous deviez à votre tour vous confier, avec quel animateur ou journaliste le feriez vous ?

Laurent Boyer : J’aime la façon de faire de Mireille Dumas. Je pourrais facilement me confier à elle. C’est une femme très douce qui sait écouter. Et j’aime l’écoute.

Tony Cotte : Graines de Star est un peu l’ascendant de Star Academy. Vous considérez-vous comme un précurseur ?

Laurent Boyer : Toutes les chaînes voulaient l’équivalent de Graines de Star. Sans cette émission, Star Academy n’aurait jamais vu le jour. Fin 95, on me répétait « mettre des inconnus en prime time ne marchera jamais ! » On a été les premiers à le faire. Au sein de M6, les gens pariaient des bouteilles de champagne sur le nombre de points que l’émission allait faire perdre à la chaîne. Ils pensaient que nous allions faire entre 4 et 6% de part de marché. Nous avons réalisé le double ! Pendant les cinq premières émissions, l’audience n’a cessé de monter. Il faut se remettre dans le contexte. Sabatier et Sebastien étaient toujours à l’antenne. Le téléspectateur avait déjà quatre divertissements hebdomadaires. Nous sommes arrivés avec nos quidams. Vingt ans après, le phénomène s’est répandu sur tout le PAF.

Tony Cotte : Quand Pascal Sevran s’attaque à votre belle-fille (Raphaëlle Ricci, ndlr) en disant qu’elle n’a pour seul mérite « d’être la fille de sa mère », cela vous affecte t-il ?

Laurent Boyer : Je m’en fous. Ses paroles n’engagent que lui. Le public n’a pas la même opinion et moi non plus. Les gens d’Endemol savent faire leur métier. Stéphane Courbit et Alexia Laroche-Joubert lui font confiance. Je pense que toute personne qui incarne un professeur a les compétences requises.

Tony Cotte : Quand on est Laurent Boyer et que l’on partage sa vie avec Alice Dona, est-il possible d’avoir une vie de famille « conventionnelle » ?

Laurent Boyer : C’est justement parce qu’elle n’est pas conventionnelle, qu’une vie de famille arrive à tenir. Il faut beaucoup de permissivité. Il n’y a pas de régularité. C’est ce qui donne du piquant à une vie de couple. Ce n’est pas désagréable à vivre. C’est un état d’esprit.

Tony Cotte : Feriez vous une spéciale avec votre femme pour M6 ou RTL ?

Laurent Boyer : Non. Je veux éviter toute collusion. Lorsque RTL décide de l’inviter quand elle est en promotion, je me fais remplacer. C’est arrivé à trois reprises ces cinq dernières années. Je ne veux pas qu’un artiste dise « Je ne peux pas être invité mais sa femme oui ! ».