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Le bal des Enfoirés

Alexandre Raveleau
Publié le 16/03/2012 à 20:50 Mis à jour le 09/05/2012 à 19:32

Chaque année, le concert donné par les Enfoirés au profit des Restos du cœur est attendu par plus de dix millions de Français, faisant de ce show le plus prisé de toute la saison. Pour cette édition 2012, la troupe a pris la direction de Lyon et ouvert « Le Bal des Enfoirés ». Sur scène, Jean-Jacques Goldman a mené sa bande d’habitués, parmi lesquels figurent Mimie Mathy, Patrick Bruel, Claire Keim, Amel Bent, Gérard Jugnot, Kad Merad, Renan Luce, Elsa Lunghini ou MC Solaar. Comme d’habitude, quelques petits nouveaux étaient attendus, tels que le footballeur Karim Benzema, M. Pokora, Nicolas Canteloup ou Shy’m, la gagnante de Danse avec les stars.

Devant une foule en liesse, Jenifer a sonné la cloche d’ouverture aux côtés de Renan Luce. Pour le premier numéro, Mozart, l’opéra rock et carnaval de Venise était de rigueur. Jean-Jacques Goldman, Alizée, Zazie et les autres l’ont prophétisé : « C’est bientôt la fin ». Le tableau opulent a laissé place aux animateurs du soir : Mimie Mathy et Kad Merad. L’acteur star a annoncé la couleur... Il voulait animer la soirée tout seul. Dehors Mimie ! « Si tu as envie de présenter. Vas-y ! ». Heureusement, tout est bien qui finit toujours bien chez les Enfoirés.

Et tout démarre véritablement par une série de mariages devant le maire Yannick Noah. Et la joie laisse place aux disputes ! Les divorces semblent inéluctables. Dans le tribunal de Lyon, M. Pokora entame sa première chanson avec Alizée, Renan Luce et Hélène Ségara. Grâce aux « efforts » de Gérard Jugnot, le « Elle me dit » de Mika sonne presque juste ! Dans le registre du ridicule, M. Pokara et Shy’m ont joué les nouveaux Enfoirés « battus », l’un dans un costume de lapin rose et l’autre de femme préhistorique. Avec une voix gonflée à l’hélium, « Matt P. » a réussi son bizutage. « Allez, maintenant y a des voitures à aller laver ! » s’est amusé Kad Merad.

La guitare qui va bien, Jean-Jacques Goldman a joué les Roch voisine en entonnant « Hélène ». « Seuls sur le sable, les pieds dans l’eau... ». Sur fond de palmier et de soleil, Mimie Mathy et Yannick Noah ont repris la ballade au son des guitares acoustiques. La mélancolie passée, L’équipage d’ « Enfoir-Air » s’est envolé au son de Lady Gaga. Christophe Maé a rejoint Kad Merad dans le cockpit. Pourquoi ? « Parce que l’autre avait la diarrhée ». En pleine impro, le comédien n’a pas hésité à repousser les limites... jusqu’à roter ou citer de l’anglais dans le texte, « Motherfucker » ! e medley « Dans l’avion » a réuni Claude François, Adele et LMFAO, jusqu’aux confins du cosmos (« Merci Jean-Baptiste »).


Monsieur Pokopops (M. Pokora) a ensuite donné une leçon de rébus au public. « Deux main ile faux hache thé le doux bleu dave & dé du balle dé an foie ré ». Le message était passé. Retour en musique pour Amel Bent qui a interprété du Chimène Badi, avec Garou. « Entre nous ».Sur son fauteuil en motorisé, J.J., le chef d’orchestre, est même parvenu à traverser la salle en jouant de la guitare ! Et Nicolas Canteloup a ensuite fait ses premières imitations au royaume des Enfoirés. Déguisé en téléphone portable, il était bien utile à Patrick Bruel pour laisser quelques messages...

L’univers des motards était dépeint dans le grand numéro suivant. Mais très vite, les filles ont débarqué en tutu... La testostérone contre la grâce. Les gars contre les filles. Eux voulaient les « graver dans leur vie ». Michael Jones et Patrick Fiori en bikers valaient le détour. Tout autant d’ailleurs que Gérard Jugnot en bandana criant son « Oh Sally » de Johnny Hallyday. Dans le registre old school, le yéyé des Chats sauvages a donné lieu a un duel de « hou » / « Bah » entre sexes. « On se comporte comme des bêtes » a finalement avoué Patrick Fiori... Une « Tarantelle » peut-être ?

Dans le noir, à la recherche des vestiaires, Bénabar et Kad ont voulu ouvrir le casier d’un certain... Jean-Jacques. Sauf qu’il y avait un code ! Dans l’étagère, ils ont trouvé beaucoup de livres : « Faire des tubes pour les Nuls », « préparer sa calvitie » et « faire des tubes avec sa calvitie », rien que ça ! Au hasard de l’agenda du chef, ils n’ont vraiment rien trouvé de palpitant... Tomate mozzarella du lundi au vendredi ! Mais le vestiaire cachait aussi le « Golgar », le talisman sacré du maître. Et paf ! Par terre... et gare à la malédiction... « Et le sketch est déjà fini ! »

Finalement, rien de tout cela mais plutôt une ballade entre Bruel et Claire Keim en balançoire, sur la mélodie de « Je te promets ». Ils ont été rejoints par Alizée et Jean-Louis Aubert, avec un ballet de jeunes danseuses. Ambiance toute autre pour la suite. Combinaison en cuir et shorty moulant, MC Solaar et Kad Merad ont chanté « I’m just a gigolo » en se frottant au bar de pole dance. Les filles, quant à elles, jouaient au poker pendant ce temps-là. Il était temps que les rôles s’inversent ! L’exercice fut ô combien périlleux pour Kad.


Pour Lââm, Zaz, Nolwenn Leroy, Michael Jones, M. Pokora et Yannick Noah, l’Horloge de Mickaël Miro tournait... Sur le rythme de « Dam dam déo », c’est Alizée qui faisait le coucou de la pendule. Et la palme du costume le plus ridicule de la soirée en cours est revenue à Patrick Fiori, dans les chœurs, en lapin ! Juste après, Maxime Le Forestier et Nicolas Canteloup ont installé un banquet de mariage en majordome. Et pas n’importe lequel des mariages... un Mixte entre les familles de MC Solaar et Hélène Ségara. Catherine Lara et Patrick Bruel ont démarré la fête par « Le Rire du Sergent ».

La famille africaine en boubou et les queues de pie des traditionnels ont voltigé grâce à Jenifer et Lorie, en duo sur « Laisse tomber les problèmes » du Collectif métissé. Et revoilà Gérard Jugnot. Aux côtés de Garou, l’acteur populaire a joué les cabotins sur « Menilmontant » de Charles Trénet. Chapeaux melon vissés sur le crâne, le numéro a laissé place au refrain de La Compagnie créole : « Le Bal masqué ». Entre le classique et la musique des îles, ce « Mariage mixte » a mis le feu à la salle, à grand renfort de confettis, avec Liane Foly et Yannick Noah.

Au Bal des Enfoirés, Mimie Mathy et Claire Keim se sentaient un peu seules dans l’interlude... Pas de cavalier à l’horizon. Tous les hommes n’avaient d’yeux que pour Shy’m, au grand dam des deux vieilles de la vieille. Après « Göttingen » (Auber, Bénabar, Lara et Zaz), place a été faite au « Jouet extraordinaire » de Claude François. Mise sur ressort, Zaz a joué les Zébulon devant Bénabar, Grégoire et Claire Keim. Du médiéval ambiant, un écran de télé est apparu soudain, avec dedans : Kad Merad, Jenifer (en poupée Barbie) et Christophe Maé, des rêves de « Chanteur » et footballeur plein la tête ! Sauf que Karim Benzema est monté sur scène pour quelques jonglages !

Dans le « Garage du cœur », Patrick Bruel a voulu faire l’acquisition d’une « nouvelle Enfoirée ». En ramenant le vieux modèle « Zazie », il pouvait acheter une « Zaz », avec « des airbags très discrets également » selon les conseils de la vendeuse Claire Keim. Mais il pouvait aussi se payer une Bigoudène Leroy ou une Mimie Mathy, « un Kinder surprise, pratique parce qu’on peut se garer partout ! ». À moins que la Leforestier lui convienne... Non, « Ça fait peur ! ». Et puis, il s’est décidé à partir avec la « Shy’m », avec ses deux jambes motrices.


Le « Without you’ » d’Obispo et Fiori passé, un nouveau medley a été entonné par la troupe au complet ou presque. « Penché » a démarré avec « Je suis sous » avec Jean-Louis Aubert et Grégoire. « On est sous sous sous ton balcon... ». Quelques minutes plus tard, le plus enthousiaste des chanteurs du soir, et de toujours, a fait sensation. Son nom ? Fabrice Luchini. Connue pour sa volubilité, la star des Femmes du 6e étage s’en est donné à cœur joie sur « Soulman » de Ben l’Oncle Soul. La foule était littéralement en délire face à ses facéties.

A la suite du « Toi et moi » en bateau, avec la participation bien discrète de l’international de football Bafétimbi Gomis, Mimie Mathy et Kad Merad ont joué au mime tout en dérision. Après, les Enfoirés sont passés aux « Bals populaires » de Michel Sardou. « Finies les galères ! » se sont emportés tous ces jeunes diplômés en blouses noires, façon english school. En réponse à la fête promise, les filles (Elsa, Lorie, Nolwenn Leroy, Zazie), en robes rouges, ont entonné le « Je suis de celles » mélancolique de Bénabar.

Tandis que la fin de la grande fête annuelle pointait son nez, la fameuse « Jument de Michao »est entrée sur scène. Version alsacienne, basque ou tahitienne : la ritournelle bretonne a été universelle le temps de la soirée. Et oui, Fabrice Luchini, en Académicien, a raconté toute l’histoire de la chanson à sa façon, à cheval sur son destrier en carton. Michael Jones, Nicolas Canteloup, Pascal Obispo, Patrick Fiori ou Zaz se sont frottés à l’exercice du refrain. L’auteur de la comédie musicale Adam et Eve n’a pas hésité à sortir la perruque, avec les couettes de circonstances.

Liane Foly en Wonder Woman, Mimie Mathy en Présidente de la République : les deux compères ont pensé à leur ministère... Premier ministre ? Garou ! Les Finances ? Le Forestier (« parce qu’il est fort au sudoku »). Et pour le «  ministère du cœur » ? Le public bien sûr ! Et l’heure est venue au tube de l’édition 2012, « Encore un autre hiver ». « Sous notre bleu blanc rouge impuissant, rien ne bouge... ». La neige et le froid du décor ont laissé place au « Aujourd’hui, on n’a plus le droit, ni d’avoir faim, ni d’avoir froid... »