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Le salaire de la peur (Arte) : pourquoi Yves Montand et Charles Vanel ont été censurés aux Etats-Unis ?

Joshua Daguenet
Par
Rédacteur TV & Séries
Publié le 20/10/2019 à 18:43

Le salaire de la peur, célèbre thriller d’Henri-Georges Clouzot, est à redécouvrir ce dimanche 20 octobre à 20h55 sur Arte, pour lequel le cinéaste s’est également investi en qualités de dialoguiste et producteur.

Toutefois, après un début de filmographie bavard, c’est une oeuvre beaucoup moins parolière que signe le réalisateur de Quai des orfèvres. Il y a bien quelque impulsivité quand Charles Vanel prévient : " S’il y a quelqu’un qui joue au con, je prends le premier du bord, et je lui sonne la gueule sur les longerons !, mais les personnages mis en scène sont davantage dans l’action et surtout en mission.

Un village d’Amérique centrale, Las Piedras, regroupe des hommes chassés de leur pays d’origine. Parmi eux : les Français Mario et Jo, l’Italien Luigi, et Bimba, un Allemand. Le quatuor a passé avec succès de redoutables épreuves physiques en vue de remplir une périlleuse besogne : convoyer une cargaison de nitroglycérine sur les lieux de l’incendie d’un puits. Pour les aventuriers s’engage un long voyage sans retour.

Cupidité plutôt que nudité pour l’Amérique

Il est peu dire que la sortie du film a été mouvementée de l’autre côté de l’Atlantique. Tiré du roman éponyme de Georges Arnaud, le propos n’est pas tendre avec le capitalisme américain qui se rend coupable de dévorer les petites nations d’Amérique Centrale. La première partie du film se confond dans un paysage miséreux, presque de Tiers-Monde, où une populace jetée en pâture reste à quai et sans le sou sur un territoire ne présentant pas le moindre petit signe de richesse. Le pays de l’Oncle Sam, ciblé avec véhémence, a ainsi décidé de couper les quarante-cinq premières minutes du film lors de sa projection, tout en purifiant certains passages très osés dans le contexte du début des années 50. En témoigne cette scène de douche collective où des femmes - nues forcément - sont exposées à la vue de tous. Le cinéma américain, encore très pieux à ce moment-là, s’est écrié « No way ».

En janvier 2014, la chaîne franco-allemande avait enchaîné cette oeuvre culte avec, le lendemain, son remake de 1977, Le convoi de la peur, réalisé par William Friedkin. Ce coup-ci, Arte enchaîne à 23h20 avec le documentaire Le scandale Clouzot.