Les jeux d’été des années 90

L’été a toujours été une période propice aux lancements de nouveaux jeux télé. En juillet 1991, Question de charme fait ainsi son apparition sur Antenne 2. Aux commandes, le tandem de Jeux sans frontières, Daniela Lumbroso / Georges Beller. Ainsi, chaque jour à 19 heures, six hommes et six femmes s’affrontent à grand coup de questions, proposant deux réponses possibles. Les meilleurs décrochent l’accès à la finale, intitulée « Le jeu des raquettes », et jouent contre le public du sexe opposé, qu’ils doivent éliminer en six questions. Avec 11% de part de marché, Question de charme n’attire pas les foules face au duo à succès Santa Barbara / La Roue de la Fortune. Pourtant, Antenne 2 avait reproduit le même schéma que sa concurrente directe, soit un jeu et un soap américain (Des jours et des vies à 19h30). Faute de trouver un concept pour remplacer Question de charme, la chaîne le maintiendra sous oxygène jusqu’au 7 février 1992.

Un an après avoir pris les commandes de Motus, Thierry Beccaro présente Dingbats au cours de l’été 1992. Lancé sur la même grille que Nouvelle lune de miel, le jeu est conçu autour de rébus et expressions à retrouver, proposées sous la forme de dessins et de mots. Deux couples de candidats s’opposent ainsi tous les samedis à partir de 11h25. Chaque équipe dispose de deux minutes pour résoudre dix Dingbats lors de chaque manche. En fonction de leur score, elles peuvent actionner leur manche et avancer sur le plateau présenté à l’écran, semé de cases bonus, cadeaux ou pièges. En final, surnommée « la diabolique », de nouvelles énigmes sont à deviner, à difficulté croissante. Après un été d’antenne, le rendez-vous a conservé sa case jusqu’en juillet 1993. Au lendemain de la nouvelle année, Laurent Petitguillaume prenait le relais de Thierry Beccaro aux manettes. Et de 11h25, Dingbats passait à 12h30.

Lancé conjointement avec Dingbats, Nouvelle lune de miel a comme point commun la même créatrice : Nicole Covillers. Sous la houlette de l’indétrônable Georges Beller, ce jeu met en scène trois familles, composées au minimum de deux enfants. Basé sur la même mécanique que Les Mariés de l’A2 ou Les Z’amours, le jeu invite les enfants à retrouver les réponses de leurs parents. À chaque fois que cela coïncide, des points sont attribués. La meilleure famille se verra récompenser d’un voyage, synonyme de « Nouvelle lune de miel ». Chaque samedi à 11h50, face à Tournez Manège sur TF1, le jeu tente de s’en sortir tant bien que mal. Comme souvent, la direction maintiendra le concept au-delà de la période estivale pour l’arrêter en pleine saison. Le 27 mars la dernière est diffusée et laisse place une semaine plus tard à La revue de presse de Michèle Cotta.

Au cours de l’été 1995, les chaînes n’ont guère été inspirées côté nouveau jeu quotidien. La seule à se lancer dans l’aventure est TF1 avec Quelle galère !. Sans véritablement y croire, elle programme ce concept à 17h25, avec un lot se séries menant les téléspectateurs jusqu’au 20 heures. Laurent Petitguillaume est le maitre de cette galère. Il est accompagné de la plantureuse Alice Evans et du comique Merri. À bord, une vingtaine de candidats attendent leur tour pour jouer en compagnie du joyeux trio. Après tirage au sort, trois personnes s’affrontent sur trois « Tip top ». À partir de définition, ils doivent recomposer un mot inconnu. À chaque manche, le plus faible passe par-dessus la galère (il est donc envoyé à l’eau !) et est remplacé par un autre joueur. En finale, un rébus vivant est proposé... Un jeu loufoque qui s’achèvera le 25 août de la même année.

Sur un concept né de l’imagination de Guy Lux, TF1 lance Case KO pour sa grille d’été 1996. Animé par le jeune Jérôme Anthony, le jeu s’inspire du principe de la bataille navale. Chaque soir de la semaine, deux familles (les jaunes contre les rouges) s’opposent ainsi à coups de grilles cadeaux et missiles, le tout pour remporter une voiture. Dans un premier temps programmé à 18h25, Case KO rejoint très vite le créneau de 18h55, en remplacement de la sitcom française Marc et Sophie. Avec La Chanson trésor de C. Jérôme, l’émission compose l’access de TF1 pour les mois de juillet et d’août. Disparue à la rentrée 1996, Case KO - ou plutôt son principe - fera néanmoins son retour un an plus tard, en septembre 1997, sous le titre de Touché gagné. Animée par Olivier Chiabodo (remplacé par Alexandre Delpérier suite à l’ « Affaire Intervilles »), l’émission sera cette fois-ci proposée en fin de matinée jusqu’à la fin 1997 avant de faire son retour en pre-access jusqu’en mai 1998.

« Tous les soirs, c’est l’été... Yéyéyéyé... On va vous faire chanter... », ce refrain de C. Jérôme a été entonné chaque soir de la semaine des mois de juillet et d’août 1996. Cette année-là, en plus de Case KO, TF1 dégainait sa Chanson trésor. Surfant sur la mode lancée par Fa si la chanter, la chaîne privée avait convié musiciens live et chanteurs sur sa case de 19h20. Au cours de trois manches, trois candidats en plateau, et trois autres en duplex sur les plages de France, jouaient pour remporter la cagnotte. Avant cela, « Chantez c’est gagné », « C. Show » et autres jeux avec orchestre testaient les connaissances des participants en matière musicale. La bonne humeur de C. Jérôme et le sourire d’Alexandra Bronkers (ex-Naguette de N’oubliez pas votre brosse à dents) ont rythmé l’été dans une ambiance acidulée et joviale. Et au palmarès de l’animateur-interprète, non moins de 450 chansons en deux mois !

Pour compléter son avant-soirée, France 2 installe un nouveau jeu mêlant humour et mots, Passe à ton voisin, juste avant son rendez-vous à succès Qui est qui ?. Résolument destiné aux jeunes, et animé par Alexandre Pesle (vu après dans Caméra Café), le jeu oppose une équipe de 5 filles à une autre de 5 garçons. Ils doivent deviner, en un minimum de temps, un mot qu’ils n’ont pas entendu. Ce mot est à trouver à partir d’une définition ou d’un synonyme que leur donne le joueur voisin, qui fera la même chose avec l’autre candidat etc... L’équipe qui a trouvé le plus de mots peut revenir le lendemain. En accumulant ainsi cinq victoires, elle décrochera 200 000 francs, soit 30 000 euros. Cependant, Passe à ton voisin enregistre un véritable revers d’audience qui conduit France 2 à la rétrograder à 11h05 quelques jours plus tard. Le jeu sera enterré le 5 septembre avec la grille de rentrée.

Aventure, traitrise et humour sont les trois maîtres mots de la version télé de l’histoire d’Ali Baba. Imaginé par Jacques Antoine et Thierry Ardisson, ce jeu a été lancé au cours de l’été 1997, en même temps que Mokshû Patamû. Sur un plateau de 1 000 m², un candidat incarne le héros dans le monde reconstitué des mille et une nuits. Face à lui, quatre complices l’accompagnent dans un parcours semé d’épreuves. Mais attention, deux d’entre eux sont des traitres, prêts à voler le trésor de la caverne ! Au fil des manches, le candidat du jour doit donc tenter de les démasquer... Sous leur gant noir, chacun peut dissimuler le tatouage, synonyme de duperie. Trois portes magiques sont à franchir avant de pouvoir essayer de deviner le sésame, qui seul donne accès à la grotte. Ali Baba est la première émission de plateau confiée à Arnaud Gidoin, déjà remarquée deux ans auparavant avec les Pourquoi de Mr. Pourquoi. A noter qu’à la fin de l’année, le jeu sera ressuscité -très brièvement- avec le tandem Brunos Roblès / Pascal Gigot dans la même case horaire pour remplacer un Mokshû Patamû défaillant !

En cet été 1997, TF1 décide de lancer une sorte de jeu de l’oie géant, et ultra modernisé, sous le nom de Mokshû Patamu. Imaginée par Gérard Louvin et Sabine Mignot, et inspirée d’une légende indienne, l’émission offre un décor assez rare en télévision : une structure métallique de 14 mètres de haut, composée de 100 cases. Entre « bonus », « chance » et « prison », le candidat évolue à travers ces cases pendant que son partenaire répond aux questions de culture générale, posées par Vincent Perrot. En avançant sur la structure, le candidat prend également le risque de chuter dans la gueule du serpent géant. Deux équipes s’affrontent à chaque émission. Mokshû Patamu a rencontré un si joli succès d’audience (35% de part de marché face à Qui est qui ?) que TF1 le conserve sur sa grille de rentrée en une version de 25 minutes, chaque jour à 18h30. Mais insatisfaite de l’audience, la chaîne l’arrête le 14 novembre pour le remplacer par une nouvelle version de son autre jeu estival, Ali Baba.

En pleine Coupe du Monde de football 1998, France 2 opte pour Jeux de comédie à destination de son access estival. Lancé alors que les Bleus n’ont pas encore marqué les 3 buts de la victoire, le divertissement est mené par Thierry Beccaro. L’animateur est l’arbitre d’un match d’improvisation à tiroirs, opposant quatre comédiens. Lors de chaque manche, les artistes sont appelés en duel avec des contraintes plus ou moins importantes, entre thèmes, objets, accents, voire même sons, imposés. Au jeu de l’exercice théâtral, ils sont accompagnés par un invité, venu leur prêter main-forte. Toute une génération de comiques s’est frottée au jeu, parmi lesquels Lydie Agaësse, Marc Andreoni, Alain Bernard, Séverine Denis, Christian Gaïtch, Gil Galliot, Arnaud Gidoin, Yvan le Bolloch, Gustave Parking. Le 17 août de cet été 1998, Jeux de comédie est contraint à l’arrêt pour des raisons une fois encore sportives. France 2 diffuse en effet les Championnats d’Europe d’athlétisme de Budapest.