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Les Revenants : la série événement marque un tournant dans la fiction

Claire Varin
Publié le 24/11/2012 à 19:01 Mis à jour le 27/05/2022 à 00:43

« Cette série marque un tournant dans la Création Originale », a ainsi déclaré Fabrice de la Patelliere, directeur de la fiction française de Canal+, à propos des Revenants. Cette affirmation est indéniable. Alors que les personnages d’Engrenages montrent des signes de fatigue, ces morts-vivants offrent une respiration nouvelle. Et plus généralement, la série se place en nouveau marqueur de la création française.

Les Revenants ressuscite le genre fantastique, oublié depuis Belphégor, et prouve que la fiction française a aussi autre chose à nous offrir que des séries policières et des comédies familiales. La série crée un réel enthousiasme. « Les Revenants épaissit son mystère au fil des huit épisodes, et maîtrise de mieux en mieux son récit défiant les strates temporelles, avant une conclusion magistrale », peut-on lire dans Les Inrocks. Et pourtant, la série de Canal+ (re)vient de loin.

Le projet d’adapter du film éponyme de Robin Campillo a démarré il y a cinq ans. Plusieurs scénaristes, dont Céline Sciamma (réalisatrice de Naissance des pieuvres et Tomboy), se sont penchés sur le sujet. Il y a deux ans, les producteurs de Haut et Court, Caroline Benjo et Jimmy Desmarais, ont finalement confié cette création à Fabrice Gobert. Le réalisateur de Simon Werner a disparu a coécrit la série avec Emmanuel Carrère. Le film s’ouvrait sur une foule, au pas lent, sortant d’un cimetière. Il partait d’un phénomène global, posant des problématiques sociales et sociétales, pour aller vers l’intime. Ici, la série prend son contre-pied et démarre sur un accident d’autocar, transportant un groupe d’adolescents. Quatre ans plus tard, le retour de Camille (Yara Pilartz), qui ne sait pas qu’elle est morte, plonge le téléspectateur dans une violence émotionnelle. L’identification est immédiate. Chacun trouvera un personnage à qui s’accrocher (un père, une mère, une soeur, une mariée au coeur brisé, une jeune femme seule, etc.)

Les Revenants est une série intime sur le deuil, le traumatisme et la misère affective . Car le retour de ces morts réveille les vivants et devient source de questionnements. Les personnages comme les téléspectateurs évoluent avec des questions, qui poussent à rester. La série est addictive. Mystère et étrangeté, Les Revenants est aussi une réussite visuelle. Picturale. Les décors (montagne, barrage) sont aussi des personnages. Les références (Twin Peaks, Six Feet Under, les 4400, Lost ou encore le film Morse) sont nombreuses et assumées. Tandis que la musique planante de Mogwai finit de créer un univers singulier.

Luxe et nécessité, le casting réunit la génération montante du cinéma français : Clothilde Hesme, Céline Sallette, Grégory Gadebois, Guillaume Gouix, Ana Girardot ou encore Samir Guesmi. « Pour faire croire à des évènements aussi incroyables, il fallait des acteurs extrêmement talentueux » explique Fabrice Gobert. Le public retrouve également Anne Consigny, Frédéric Pierrot (déjà acteur dans le film de Robin Campillo) et Jean-François Sivadier. Le metteur en scène de théâtre, peu habitué à faire l’acteur à la télévision, est tombé - lui aussi - sous le charme de ces Revenants. « J’ai pris un énorme plaisir à tourner. J’étais là dès le premier jour de tournage et je suis devenu accro », raconte le comédien. « La série ne prend pas le téléspectateur pour un imbécile et elle a confiance en son intelligence » , insiste Jean-François Sivadier. Ses camarades et lui sont quasi unanimes, si Fabrice Gobert est aux commandes d’une saison 2, ils seront de la partie. Et ils ne devraient pas être les seuls...