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Ludovic Lestavel (La grande saga des héros de votre enfance) : « Dorothée et Casimir incarnent clairement ces années »

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Directeur de la publication
Publié le 09/09/2015 à 20:08 Mis à jour le 09/09/2015 à 20:26

Ce 9 septembre à 20h50, TMC met à l’antenne une documentaire inédit qui va faire le bonheur de plusieurs générations en leur rappelant de joyeux souvenirs. Avec « La saga des héros de votre enfance », Ludovic Lestval, directeur artistique et réalisateur pour JLA Productions, a souhaité retracer trente ans de programmes jeunesses, du lancement de Casimir à la fin du Club Dorothée. Rencontre.

Jérôme Roulet : Pourquoi avoir souhaité retracer les héros de notre jeunesse via ce documentaire spécial ?

Ludovic Lestavel : C’est un sujet qui me touche, car j’ai gardé une grosse part d’enfance. Le fait d’avoir travaillé avec Dorothée a dû également forcément jouer. Et puis, quand on a fait le documentaire sur le Club Dorothée pour D8, on s’est dit que ce serait une bonne idée de parler des autres émissions qui ont bercé la génération. Le Club Dorothée a marqué énormément de téléspectateurs, mais il y a eu un avant et un après qui a forcément touché l’enfance de beaucoup de personnes.

Vous commencez avec les débuts de Casimir jusqu’à la fin du Club Dorothée. Pourquoi vous êtes-vous focalisé sur cette période ?

Cette période représente une histoire de la télévision qui n’existe plus aujourd’hui, et qui n’a pas vraiment existé avant Casimir dans le sens où il n’y avait pas vraiment d’émissions dédiées aux enfants sur de longues tranches horaires. L’éclatement de l’ORTF a permis l’émergence de programmes comme Les Visiteurs du mercredi, RécréA2, etc. Et puis, on s’est arrêté au moment où la télévision a changé, avec les prémices des émissions sans animateur, comme Les Minikeums. On a voulu faire un documentaire sur une trentaine d’années de programmes jeunesse d’une télé qu’on ne voit plus et qu’on ne verra plus, je pense.

Peut-on considérer Casimir et Dorothée comme les deux visages ayant incarné la jeunesse de ces quarante dernières années ?

Oui clairement. Il y a eu des tentatives de personnalités pour incarner les programmes jeunesse, comme avec Karen Cheryl à travers l’émission Vitamine, mais ça n’a pas du tout fonctionné. En animateur humain, Dorothée incarne clairement ces années. En « non-humain » (rires), c’est Casimir, car ce personnage perdure aujourd’hui et a même une seconde vie.

Certains programmes n’ont pas été évoqués comme, entre autres, Youpi, l’école est finie !, SamDynamite ou Chaud les glaçons. Quelle en est la principale raison ?

Ce sont de simples choix éditoriaux, car on ne pouvait pas parler de tout. De plus, ces programmes n’ont pas aussi bien marché que les autres. Pour Youpi, l’école est finie, il a certes marqué des gens, mais c’était un robinet à séries sans véritable incarnation. La Cinq avait un catalogue incroyable de Mangas achetés par Berlusconi, qui se sont retrouvés après sur TF1. Mais pourtant, ça n’a pas marqué comme le Club Dorothée.

« On a voulu faire un documentaire sur une trentaine d’années de programmes jeunesse d’une télé qu’on ne voit plus et qu’on ne verra plus »

Pourquoi les programmes Disney cultes comme Disney Channel ou Disney Parade ont-ils été passés sous silence ?

On a évoqué Disney avec Douchka, mais c’était difficile. À un moment, on avait souhaité traiter Disney Parade, et puis on s’est dit que c’était dommage d’en parler de manière trop brève.

Quelles ont été les principales difficultés pour monter ce documentaire ?

Il n’y a pas eu de réelles difficultés. Par contre, cela a souvent été la chasse au trésor pour retrouver les ayants droit des programmes, particulièrement ceux des dessins animés, car les droits sont passés d’une société à une autre... Au final, cela représente six mois de travail, de l’écriture à la recherche des droits, et même de certains contacts. Par exemple, pour Claude Pierrard, qui a animé Croque-vacances, on est passé par beaucoup de contacts pour retrouver son numéro de portable. Certains étaient totalement sortis du circuit de la télé après toutes ces années.

Certains n’avaient-ils jamais reparlé de cette période de leur vie ?

Oui, par exemple, Charlotte Kady. Elle a accepté de reparler de RecréA2, une première en trente ans. On lui a demandé, ainsi qu’à Marie Dauphin, ce qu’elle avait pensé de la caricature Marotte et Charlie. Et puis, on a eu le recul de certains intervenants qui nous ont parlé d’erreur de jeunesse comme Noëlla qui a quitté l’émission Éric et Noëlla du jour au lendemain, et Douchka qui regrette un peu d’avoir arrêté son contrat avec Disney.

Certaines images ont peu été revues comme celles du Village dans les nuages. Est-ce parce qu’elles ont été difficiles à trouver ?

Non pas forcément. Le Village dans les nuages m’avait énormément marqué quand j’étais gamin. Je tenais aussi à en parler, car c’est un moment fort dans le parcours de Christophe Izard. C’est lui qui a décidé d’arrêter L’île aux enfants et qui a imposé Le Village dans les nuages à TF1. Ce programme a moins marqué les esprits que Casimir, mais il a bien fonctionné pourtant.

« Charlotte Kady a accepté de reparler de RecréA2, une première en trente ans »

Pensez-vous que les programmes jeunesse vont peut à peu à nouveau être incarné pour apporter, par exemple, une sorte de plus value par rapport à la consommation en replay ?

Honnêtement, je pense que c’est terminé. Aujourd’hui, il y a tellement de chaines thématiques dédiées à la jeunesse et pour toutes les tranches d’âge, avec une offre tellement segmentée. Et puis, les chaines historiques réduisent de plus en plus les heures dédiées aux programmes jeunesse. France 2 n’en a même plus... Il faudrait un directeur de chaine audacieux pour retrouver une Dorothée ! Ce serait sympa, mais je doute que ce soit le un point de vue des gamins d’aujourd’hui. Je pense qu’ils se moquent de voir un animateur incarner une émission jeunesse.

Vous êtes à l’origine de Génération Club Dorothée fréquemment rediffusé sur D8. Juste après La véritable saga des héros de votre enfance, il y a deux autres documentaires. Le premier, à 23h15, est Hélène et les garçons, 20 ans de mystères et d’amour. Quel souvenir en gardez-vous ?

En fait, au moment de l’épisode spécial en prime des Mystères de l’amour, on a proposé à TMC de faire une soirée continue et ils avaient été intéressés. On a voulu retracer l’histoire de la série à l’occasion de ses vingt ans.... enfin 22 ans ! (rires). Mais le tout premier documentaire réalisé pour TMC avait été un portrait de Dorothée, il y a six ans. On avait alors raconté la carrière de Dorothée.

Et à 1h10 du matin, un troisième documentaire sera rediffusé, Les Musclés et le Club Dorothée : un incroyable destin...

Il s‘agit, en fait, de l’hommage que l’on avait réalisé en catastrophe, en janvier dernier, quand Framboisier est décédé.

À quel sujet souhaitez-vous désormais vous atteler ?

J’aimerai beaucoup décliner « La grande saga » sur d’autres programmes marquants de la télé. De plus, j’ai un projet qui découlerait de La grande saga des héros de votre enfance sur un sujet qui mériterait d’être plus approfondi.