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Marc Lavoine (Crossing Lines) : « On ne peut pas passer son temps à regretter les choses »

Claire Varin
Publié le 17/10/2013 à 19:04 Mis à jour le 23/10/2013 à 10:40

Marc Lavoine est tête d’affiche de la série internationale, Crossing Lines, qui débute ce 17 octobre sur TF1, aux côtés de William Fichtner et Donald Sutherland. L’acteur évoque ici son choix de faire une série télé, son personnage, ses rencontres et ses aspirations...

Claire Varin : Qu’est-ce qui vous a motivé à accepter de jouer dans une série télé ?

Marc Lavoine : Donald Sutherland est une motivation suffisante. Il est une des raisons principales pour lesquelles j’ai accepté de faire Crossing Lines. Rola Bauer, productrice d’Un monde sans fin et des Piliers de la Terre, me l’a proposé. Je ne me suis pas du tout dit c’est de la télévision ou c’est du cinéma ou c’est l’internet ; je n’ai pas pensé au support. J’ai pensé à travailler avec des acteurs sur un sujet et avec l’auteur d’Esprits criminels qui m’a choisi aussi à travers des films qu’il avait vus. Ils m’ont proposé quelque chose qui m’a intéressé. Et, pour tout vous dire, je n’y croyais pas. Ma femme m’a dit : « Tu n’as même pas besoin de te poser la question, ça va te donner une visibilité  ». Je venais de faire Le cœur des hommes, j’allais enchaîner le tournage du film avec Mathilde Seigner (La Liste de mes envies, ndlr). Tourner ça entre les deux, je trouvais ça bien.

Qu’est-ce qui vous a intéressé dans le sujet de Crossing Lines ?

J’aimais bien l’idée d’être un flic. J’ai 50 ans et j’ai voulu m’amuser. J’ai fait onze albums et une trentaine ou quarantaine de films, j’ai la chance de pouvoir refuser de faire de la publicité. Je n’ai pas besoin de payer mes impôts avec la publicité, donc je n’en fais pas. Je n’ai pas besoin d’accepter un film parce que je dois payer quelque chose. Artistiquement, je ne veux pas vivre au-dessus de mes moyens ni en dessous. Je ne veux accepter les choses que parce qu’il y a une sincérité artistique. S’il n’y a pas un auteur avec une proposition et une ligne éditoriale, alors je n’y vais pas. Je ne fais pas les choses pour le vedettariat. Faire la Une de Studio magazine, je m’en fous. Je fais ce métier pour être sur un plateau avec des gens et de raconter des histoires.

« J’ai la chance de pouvoir refuser de faire de la publicité »

Que pouvez-vous dire de votre personnage ?

Ce qui m’a intéressé c’est de travailler sur un triptyque : il y a le flic et son équipe. Chacun a quelque chose à cacher à l’autre. Il y a le père spirituel, c’est Donald Sutherland. Il est de mes deux familles : policière et intime. Et puis, il y a ma femme. Cette épouse avait un métier important dans la justice et elle a renoncé à son travail pour qu’il puisse être promu. Un accident violent va avoir lieu et ce couple va être d’abord pulvérisé, puis disloqué. Cet homme ne veut pas perdre sa femme, ni son travail. Comment faire pour garder les deux ?

Une série télé est un engagement particulier. Êtes-vous prêt à tourner une saison 2 ?

À la fin de la saison, on arrive à un climax entre mon personnage et sa femme, idem avec le personnage de William. Donc je sais qu’il y a encore des choses à jouer. C’est ce que je vis avec Le cœur des hommes aussi. On vient d’en faire un troisième et il peut y en avoir un quatrième sans aucun problème. L’idée de la troupe, de retrouver les mêmes acteurs, les mêmes techniciens, c’est un bonheur absolu. On ne peut pas passer sa vie à se dire « Ah mais oui, mais ça nous emprisonne ». Bien sûr que ça nous emprisonne, mais quand vous êtes marié et avec quatre enfants, on peut vous dire aussi que ça vous emprisonne. Je trouve ça formidable d’être emprisonné avec ma femme et mes enfants, qui sont géniaux.

Partie 2 > Sa rencontre avec Donald Sutherland et le métier d’acteur

Comment avez-vous travaillé la construction de votre personnage avec le créateur Edward Allen Bernero ?

Nous avons discuté en amont et composé ce rôle à partir des acteurs que j’aime et que lui aime, comme Alain Delon et ses rôles de flics ou encore Clint Eastwood. J’aime les gens qui se taisent. Nous avons également travaillé sur les animaux : l’Afrique, le flegme des animaux, leur capacité à repérer quelque chose, de voir loin et si c’est dangereux ou intéressé. Louis Daniel est un personnage assez félin, mais sans complaisance. Il tire, il tue et il ne passe pas quatre heures dessus. C’est un aspect que j’avais particulièrement apprécié dans le film de Virginie Despentes, Baise-moi. C’était d’une violence rare : on croirait un documentaire, il n’y avait aucune complaisance. J’ai aimé travailler de cette façon ; ça donne un personnage en clair-obscur.

Comment s’est passée la rencontre avec Donald Sutherland ?

Comme avec tous ces gens en qui l’on croyait et que l’on se rend compte qu’on avait raison d’y croire. Ça a été le cas avec Philippe Caubère, Claude Chabrol, Jean-Louis Trintignant… J’essaie d’être le plus discret et gentil possible sans être dans une admiration gênante pour eux.

« Entrer dans ce métier est facile, y rester l’est beaucoup moins... »

Vous jouez également avec William Fichtner, connaissiez-vous son travail ?

Je l’avais vu dans La chute du faucon noir et dans Prison Break. C’est un acteur intéressant, inquiet, anxieux, assez élégant et on ne sait pas s’il va être violent. Il y avait quelque chose comme ça chez lui que j’aime bien.

Comment vivez-vous cette circulation entre le métier d’acteur et la musique ?

Je le vis très bien… On ne peut pas passer son temps à regretter les choses. Mais c’est vrai que le cinéma prend de plus en plus de place dans ma vie. Les rôles que l’on me propose et les partenaires que l’on m’offre, c’est très attirant. Du coup, j’ai envie de tenter ma chance.

A 50 ans, on peut donc se réinventer…

C’est exactement cela. Mais il faut faire attention quand on veut vivre encore 50 ans. Ce qui est mon cas. Les rôles que l’on me proposaient à 20 ou 30 ans étaient parfois moins denses. Même si j’ai eu la chance de tourner avec des gens, notamment Chabrol, avec qui j’ai pu montrer des choses. Entrer dans ce métier est facile, y rester l’est beaucoup moins...