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Marc Mouret (The Island / M6) : « Au départ, j’ai postulé au casting pour pouvoir participer en tant que candidat »

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Directeur exécutif en charge des contenus
Publié le 26/05/2015 à 15:59

Plus de 700 000 Français ont découvert Marc Mouret dans The Island : les secrets de l’île le mardi 19 mai sur M6 en seconde partie de soirée. Cet instructeur de survie en profite pour prodiguer ses conseils au public, mais a également assuré la sécurité des candidats tout au long de l’aventure. Également à la tête du web documentaire Rivières Oubliées, Marc Mouret est revenu pour Toutelatele sur son aventure et ses projets. Rencontre.

Benjamin Lopes : Comment avez-vous rejoint le projet The Island : Les secrets de l’île ?

Marc Mouret : Au départ, j’ai postulé au casting pour pouvoir participer à The Island en décembre 2014, simplement car, à l’origine, je suis instructeur de survie et on m’avait parlé de ce projet. On m’avait dit que ce ne serait que des « survivors » confirmés qui allaient participer. Il s’est avéré que la production était plus à la recherche de profils débutants pour voir leur dépassement. J’avais auparavant travaillé sur des projets audiovisuels, notamment pour Discovery Channel, et la production m’a demandé si je pouvais intervenir en tant que consultant risque et survie sur l’émission.

Comment êtes-vous alors arrivé à l’antenne ?

Au départ ce n’était pas prévu. On a débuté le tournage en janvier 2015 et de fil en anguille il s’est avéré que la production a apprécié mon profil et m’a proposé d’apparaître sur les secondes parties de soirées. Je n’étais pas censé intervenir, mais ils ont trouvé les contenus que je proposais pour les survivants durant les différentes phases intéressantes. Ils m’ont alors proposé d’intervenir et je l’ai fait avec plaisir. Tout ça a été décidé avant le tournage, car j’ai travaillé un mois avec la production en amont pour la préparation de l’émission.

Avez-vous suivi la version britannique, portée par Bear Grylls sur Channel 4 ?

J’ai effectivement regardé la version anglaise de The Island avant de partir au Panama pour le tournage. Je voulais me renseigner sur les conditions locales, la faune et la flore qu’on pouvait trouver sur les îles.

Quelles différences majeures avez-vous remarquées ?

Je dirai que c’est différent ne serait-ce qu’au niveau culturel. Les Anglais ont une culture de l’outdoor et même des émissions de survie. Bear Grylls est d’ailleurs très célèbre en Angleterre. Il l’est un peu moins en France même si les gens commencent à le connaître. Les Français sont surtout plus habitués à l’outdoor de montagne, car c’est à peu près le seul relief qui présente de la difficulté en France. Dans la version française, on retrouve du coup des participants qui sont très citadins et qui n’ont pas vraiment d’expérience outdoor antérieure, donc du coup plus débutant.

« J’étais sur une île à côté de celle des candidats pour pouvoir intervenir le plus rapidement avec l’équipe médicale en cas de souci »

Concrètement, quel était votre rôle durant le tournage ?

J’étais consultant donc lorsqu’il y avait un choix d’édition à faire ou au niveau sécurité, on faisait référence à moi. Je n’improvisais rien et c’était de toute façon la chaîne et la production qui décidaient. Ils m’ont posé énormément de questions pour savoir ce qu’ils pouvaient faire. Je suis resté au total cinquante jours sur place.

Travailliez-vous avec les images que la production récupérait au fur et à mesure de l’aventure ?

Je n’avais aucune manière de les voir. J’étais en fait sur une île à côté de celle des candidats pour pouvoir intervenir le plus rapidement avec l’équipe médicale en cas de souci. Nous n’avions pas d’électricité, donc on disposait de panneaux solaires pour faire marcher un téléphone satellite notamment. On recevait un avion tous les jours qui nous amenait du matériel et des batteries.

Vous êtes ingénieur en informatique à l’origine. Comment devient-on aventurier ?

J’ai un parcours un peu bizarre. J’ai fait un doctorat en informatique sur l’intelligence artificielle. Ça me manquait un peu de voir l’extérieur. J’ai pris une année sabbatique pour devenir moine Shaolin en Chine. J’ai fait des arts martiaux, j’ai voyagé et je me suis rendu compte que j’aimais l’outdoor. Je suis finalement tombé sur un organisme en Amazonie, qui a formé Bear Grylls notamment. J’y ai travaillé pendant trois ans et ils m’ont formé à toutes les techniques de survie. Ça a été un processus long et une véritable démarche de m’ancrer dans ce milieu là.

« Je suis resté après le tournage pour remettre l’île dans son état »

Dans The Island : les secrets de l’île vous prodiguez vos conseils de survie. À quel public pensez-vous vous adresser ?

Dans mon discours, j’aimerai m’adresser à la population la plus large possible, autant chez les enfants auxquels il est intéressant de leur prodiguer quelques conseils, autant chez l’adulte qui pourrait apprendre des choses utiles s’il se retrouvait dans un petit trek en famille.

Durant le premier épisode de The Island, le cocotier qui a été coupé sur la plage a provoqué de nombreux messages négatifs sur les réseaux sociaux. N’est-ce pas important pour vous de véhiculer la protection de la nature à travers ce programme ?

Je suis resté après le tournage pour remettre l’île dans son état, une fois que les candidats étaient partis. Le but est quand même que la nature reprenne ses droits. Je n’ai pas vu les montages suivants donc je ne sais pas si la thématique sera abordée, mais c’est super important pour moi. Quand on arrive dans un milieu sauvage, c’est important de le laisser tel quel. On est invité chez les animaux, ce n’est pas eux qui sont chez nous. Les candidats ne se sont pas amusés à massacrer l’écosystème local, car c’était important qu’il reste fonctionnel.

L’absence de femmes dans The Island a également été pointée du doigt. Dans la saison 2 en Angleterre, une version parallèle a justement été développée avec des femmes et le programme fait plus d’audience que la version masculine. Pourquoi selon vous ?

Tout simplement, car le commun des mortels ne s’attend pas à voir des femmes réussir dans un milieu si hostile. Je trouve ça dommage, car il s’avère que les femmes en général s’en sortent beaucoup mieux dans ces conditions-là que les hommes. Elles ont mois d’égo et du coup elles abandonnent moins facilement et elles persévèrent beaucoup plus longtemps dans la survie.

« Le commun des mortels ne s’attend pas à voir des femmes réussir dans un milieu si hostile »

Avez-vous donc regretté l’absence de femmes au casting français ?

C’était une première émission. Je ne suis pas de la production et je ne fais qu’émettre des hypothèses, mais je pense qu’il s’agissait avant tout de questions de sécurité. Quand on présente un nouveau concept où des personnes sont livrées à eux-mêmes, on n’a pas forcément envie que le problème de sexualité puisse se révéler sur l’île. Il faut être franc, les personnes sont en manque de nourriture, en colère très rapidement et on ne veut pas arriver à avoir de la violence sur une femme par exemple. L’accès à l’hygiène est complexe aussi sur l’île. Ils étaient obligés de se baigner en face l’un de l’autre. C’est pourquoi il est important d’avoir une équipe unisexe par rapport à toute la logistique. Encore une fois, c’est uniquement mon interprétation.

Auriez-vous aimé présenter une adaptation française de Man vs. Wild (Seul face à la nature), dont la version originale est portée par Bear Grylls ?

Ça aurait pu être intéressant à étudier, mais je ne sais pas si j’aurais accepté. C’est attirant de présenter ces choses-là, mais il faut savoir qu’on ne vit vraiment pas l’aventure de la même manière. Il y a un objectif de tournage donc on va tourner dans des endroits plutôt jolis pour mettre un piège en place, que dans des endroits efficaces pour chasser par exemple.

La chaîne britannique ITV a développé avec Bear Grylls un format similaire avec des célébrités en 2015. Pensez-vous que la présence de personnalités connues apporte quelque chose à l’expérience ?

Je pense que le principe de célébrités apporte simplement le taux d’audience. À moins avis, il n’y a pas plus d’intérêt à regarder une personne connue dans ce type d’expérience à moins que ça soit justifié comme avec la présence de sportifs de l’extrême par exemple. C’est vrai qu’il est plus agréable de voir quelqu’un qu’on connait déjà à l’écran que de simples anonymes dont on n’a jamais entendu parler.

« Je suis prêt pour une saison 2 de The Island »

Vous êtes également le co-producteur de Rivières Oubliées qui est un web-documentaire. Pouvez-vous nous parler de ce projet ?

On a monté ça avec Loïc Lechelle qui est un photographe animalier et réalisateur. Le but est d’arriver à faire découvrir des terres inconnues pour montrer comment la nature se comporte sans la présence de l’humanité. Les endroits où nous sommes allées sont typiquement inaccessibles. Pour la saison 1, nous avons fait découvrir la rivière Horton au Canada, au niveau du cercle polaire. Il faut quand même prendre un hydravion pour nous amener là-bas et ça coûte quand même entre 40 000 et 60 000 euros l’aller-retour. On a ensuite un mois pour rejoindre l’océan Arctique.

En quoi ce projet se différencie-t-il des documentaires du même genre ?

Les conditions sont tellement difficiles que personne ne va jamais là-bas et c’est intéressant pour nous parce qu’on peut avoir une nature préservée et des animaux qui nous approchent. C’est un documentaire interactif et le spectateur peut choisir les thématiques qu’il va aborder dans la vidéo, et ainsi enrichir son expérience. La saison 2 se passera en milieu tropical, très certainement dans une grotte au Vietnam.

Êtes-vous prêt pour une saison 2 de The Island ?

Oui, car j’ai beaucoup aimé l’interaction avec les participants, de les voir en dehors de leur milieu et de pouvoir leur apporter quelque chose de nouveau dans les meilleures conditions.