Toutelatele

Marty Early (Tattoo Cover) : « En France, le tatouage est parfois associé à la drogue ou la prison »

Joshua Daguenet
Par
Rédacteur TV & Séries
Publié le 29/03/2018 à 18:45

Marty Early est l’un des trois tatoueurs de Tattoo Cover, nouveau programme de TFX démarrant ce jeudi 29 mars à TMC. Pour Toutelatele, l’artiste est revenu sur l’univers de sa profession et sa perception en France.

Joshua Daguenet : Quel est votre style de dessin ?

Marty Early : Je dessine du néo-traditionnel, un style old school, c’est-à-dire les tatouages portés par les marins mais avec des motifs simplifiés et retravaillés avec plus de détails et de couleurs. J’utilise beaucoup de dégradés mais c’est un style technique et dur à définir.

Dans le cadre professionnel, dessinez-vous dans un autre style que le pur néo-traditionnel ?

Je peux tourner n’importe quelle idée en néo-traditionnel. Si, par exemple, une personne me demande le portrait de sa femme, et bien je la redessinerai en y apportant des éléments tels des fleurs, une rose, des feuilles pour accompagner le dessin et en faire une bonne harmonie.

Avez-vous senti, au fil des années, une évolution dans la mode du tatouage ?

Cela se voit tous les jours. Je trouve que l’on se perfectionne d’année en année. L’évolution est impressionnante et il faut travailler d’arrache-pied pour ne pas être dépassé. La remise en question est essentielle car le niveau est toujours plus exigeant. Un dessin traditionnel doit être très propre avec des lignes parfaites.

Des dessins sont-ils dépassés ?

Le tatouage tribal était à la mode il y a 10 ans et aujourd’hui il est ringard. En revanche, les styles japonais et traditionnel sont immortels. Si on se fait tatouer une belle pièce, elle reste dans l’air du temps. Mais certaines modes comme le tribal ne durent pas et les gens regrettent ces tatouages.

« La remise en question est essentielle car le niveau est toujours plus exigeant »

Que peut apporter la télévision au tatouage, déjà de plus en plus populaire ces derniers temps ?

Je trouve qu’en France, il y a encore des à priori sur le tatouage et certains sont étonnés de constater que des personnes en font un métier. Aux Etats-Unis ou en Angleterre, le tatouage est dans les mœurs alors qu’ici, il peut-être associé à la drogue ou à la prison. L’avantage d’une telle émission est qu’elle va éduquer d’un point de vue artistique et professionnel. Même les gens avec des à priori vont pouvoir se faire une meilleure idée du tatouage s’ils tombent sur ce programme.

Justement, comment attirer ces téléspectateurs non attirés par l’univers du tatouage ?

On montre toutes les étapes de la vraie vie, de la première visite de la personne à la réalisation du tatouage. On évoque ses motivations, les styles que chacune préfère et on les oriente. Il y a une partie psychologie avant de définir comment on procède en accentuant sur l’hygiène. On ne peut pas dire des choses négatives sur le tatouage en regardant une émission comme ça, à moins d’être de mauvaise foi.

Comprenez-vous cependant la réticence de certains parents à voir leur enfant se faire tatouer ?

De toute façon, les parents ne pourront jamais empêcher indéfiniment leurs enfants faire ce dont ils ont envie. Puis ils interdisent quelque chose et plus les enfants vont le faire. Combien de jeunes adultes de 20 ans, ayant toujours peur de leurs parents, demandent un tatouage discret pour ne pas que leurs parents le remarquent. Si un jeune veut se faire tatouer, il doit être sûr car les goûts changent rapidement à cet âge.

Connaissiez-vous Amy Mymouse et Diego Moraes avant le début de cette aventure ?

Nous nous connaissions simplement par Instagram mais nous nous sommes rencontrés dans le cadre de cette émission et il en est né deux belles amitiés. Je me rappellerai toujours de cette émission pour cela.

« On ne sera plus là depuis longtemps quand le tatouage disparaîtra »

Et sur un plan professionnel, avez-vous remarqué des différences notoires avec vos camarades ?

Nous sommes différents dans notre style et notre façon de faire donc nous avons appris les uns des autres. Cela reste de l’art donc même si un dessin n’est pas notre style, cela ne nous empêche pas de l’apprécier.

Un dessin reflète-t-il une personnalité ?

C’est une question dure et intéressante à la fois. C’est important de connaître les motivations d’une personne pour un dessin. Certaines aiment tout simplement l’art et n’ont pas besoin d’histoire ou de motif. D’autres vont me laisser carte blanche pour une création liée à son histoire et symbolisant ses idées. Le tatouage est comme un tableau aujourd’hui, il n y a plus besoin de se justifier.

On entend de plus en plus parler des tatouages éphémères. Est-ce une concurrence menaçante ?

Je ne sais pas d’où cela vient et d’où est née cette rumeur. Concrètement, avec une vraie machine à tatouer, le dessin rentre dans la peau donc je ne vois pas comment il peut s’en aller facilement. Ceux qui utilisent le terme « tatouage éphémère » parlent soit d’auto-collant, soit c’est un tatouage raté avec des aiguilles très fines. Je ne pense pas que cela puisse réellement exister. Trop de personnes aiment l’art pour que le vrai tatouage disparaisse. Dans la préhistoire déjà, des carcasses portant des dessins ont été retrouvées et on ne sera plus là depuis longtemps quand le tatouage cessera d’exister.