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Morning Café / Filles TV / Le Mouv > Emilie lève le voile

Tony Cotte
Publié le 18/05/2007 à 00:54 Mis à jour le 27/05/2022 à 00:41

Habituée aux longues soirées du Mouv’ depuis maintenant janvier 2004, Emilie se lève également aux aurores pour tenir la revue de presse du Morning café. Et avec Les filles du Mouv’, elle propose une libre-antenne qui rencontre un franc succès, si bien que Filles TV en diffuse les meilleurs moments. Mais qu’est ce qui fait tant courir cette jeune fille de 25 ans ? Toutelatele.com est parti à sa rencontre pour en savoir plus...

Tony Cotte : Comment passe t-on de standardiste en animatrice phare de l’antenne du Mouv ?

Emilie : Ca ne s’est pas produit en 10 jours. Etre passée du standard à l’antenne vient d’un horrible coup de bol. Il se trouve que je suis partie aux Etats-Unis en 2001, trois semaines après les attentats du 11 septembre. A l’époque, j’étais standardiste mais mon voyage était prévu de longue date. La radio m’a proposé de devenir correspondante. A mon retour, j’ai continué le standard car j’étais toujours sous contrat. En juillet 2002, je suis retournée aux Etats-Unis dans le cadre de mes études. De nouveau, Le Mouv m’a demandé de faire des papiers. Tout s’est enchaîné par la suite...

Tony Cotte : Depuis janvier 2004, vous êtes à l’antenne chaque soir dans Les Filles du Mouv. Pouvez-vous nous présenter cette émission ?

Emilie : Frédéric Schlesinger, directeur du Mouv à l’époque, souhaitait offrir une alternative pour les auditeurs qui n’ont pas envie d’entendre les concours de ceux qui font pipi le plus loin.
Quand on écoutait les libres antennes sur les radios jeunes, il n’y avait que des mecs et éventuellement une ou deux filles pour mettre en valeur des animateurs misogynes. L’idée était donc de composer une équipe entièrement constituée de filles, de la technique au standard. Mis à part cela, Les Filles du Mouv reste une libre-antenne. La recette est vieille comme le monde.

Tony Cotte : Quand vous déclarez à Respect Magazine « Nous sommes une alternative aux libres antennes machistes qui rendent sale quelque chose de très beau ! » N’est-ce pas une vision quelque peu stéréotypée ?

Emilie : Je faisais allusion au traitement du sexe à la radio. Lorsque j’avais 14/15 ans, Tabata Cash, ex-actrice porno, avait une émission sur Skyrock. Je me souviendrais toute ma vie la fois où un jeune garçon demandait conseil car il était amoureux d’une fille et ne savait pas comment faire pour aller plus loin avec elle. Tabata Cash lui avait répondu cette expression horrible : « lui as-tu pris la bouche ? ». C’est un exemple parmi tant d’autres. Quand un jeune entend parler de partouze, de gangbang et autres scènes de film porno, il va se sentir gêné et n’osera pas demander de l’aide à l’antenne pour un problème réaliste. Dans ce genre de programmes, on se retrouve alors avec des auditeurs qui mentent et des animateurs qui jouent leur superstar. Je voulais vraiment faire l’inverse de cette surenchère.

Tony Cotte : Vous étiez la première fille aux commandes d’une libre antenne quotidienne. Aujourd’hui vous ont rejoint, T-Miss sur NRJ ou encore Sophie sur Fun Radio. Les considérez-vous plus comme des concurrentes ou, au contraire, êtes-vous fière d’avoir été précurseure d’un mouvement en pleine croissance ?

Emilie : Je ne les connais pas du tout, mais c’est une bonne chose. Dans le milieu de la radio il y avait un vieux dicton qui disait que les voix de femmes n’avaient aucune crédibilité et faisaient fuir les auditeurs. Je suis ravie qu’aujourd’hui la gent féminine soit de plus en plus présente sur les ondes.


Tony Cotte : Vous devez également être satisfaite du récent accord sur l’égalité hommes / femmes à Radio France ?

Emilie : Evidemment. Mais je n’ai pas eu de problème à ce niveau-là. On ne m’a jamais fermé une porte parce que j’étais une femme. On m’envoie interviewer des artistes internationaux sans aucun problème. Je n’ai jamais ressenti de différence de traitement ou financière à mon niveau. Jean Paul Cluzel (président de Radio France, ndlr) est très ouvert à ces thèmes-là.

Tony Cotte : Avec vos auditeurs, vous n’hésitez pas à vous confier. A certains moments, n’avez-vous pas l’impression que la frontière entre vie privée et vie professionnelle est plutôt mince ?

Emilie : Je fais de la libre-antenne à l’instinct. Je n’ai pas les capacités de comédienne pour pouvoir jouer un rôle 4 heures par jour, 5 jours par semaine ! J’ai des souvenirs de libre-antenne où les animateurs racontaient leur vie. En tant qu’auditrice j’aimais bien ça. Je pense qu’il est important d’être proche des gens quand on anime ce genre d’émissions.

Tony Cotte : Les Filles du Mouv sont aussi captées une fois par semaine pour la télévision sur Filles TV dans Emilie et les filles . Est-ce un exercice difficile ?

Emilie : Je n’avais jamais fait de la télé quand on a commencé pour Filles TV. J’avais quelques appréhensions, comme la peur de ne pas être naturelle. Mais tout s’est bien passé. Finalement, je ne me suis même pas rendu compte de la présence des caméras. Le fait d’avoir mon casque et mon micro ont sûrement dû me protéger. Le seul truc chiant, c’est de se faire maquiller avant (rires).

Tony Cotte : Le public de Filles TV est assez jeune. Le fait de diffuser et parler de groupes tels que Guns N’Roses, The Doors ou encore les Rolling Stones, n’est-il pas un peu anachronique ?

Emilie : On ne vise pas les petites filles de 11/12 ans qui regardent la chaîne. Nous sommes diffusés sur un créneau visant un public un peu plus âgé. Filles TV nous commande même l’émission avec la présence de notre sexologue ! Mais les groupes que vous citez sont diffusés essentiellement dans le cadre du blind test, notre petit jeu musical. Il ne faut pas prendre les jeunes pour des ignorants. Ils savent très bien où sont rangés les vinyles de leurs parents.

Tony Cotte : Vous n’aimeriez pas que votre autre émission de l’antenne, la Mouv Session, soit également captée pour la télévision ?

Emilie : Ce serait vraiment chouette. Le problème étant qu’aujourd’hui la télévision déteste viscéralement la musique ou s’en fout complètement. Je me souviens d’un entretien que j’avais eu à Canal + où l’on m’avait fait clairement comprendre que ça ne faisait pas d’audience. Si certaines chaînes le font c’est avant tout par passion et pour l’image. La Musicale, L’album de la semaine ou encore En direct de sur France 4 sont des émissions vraiment superbes. Le live à la télé est important. Il y a plein de gens qui n’ont pas la chance d’habiter à côté d’un Zenith ou de pouvoir s’offrir un concert. Tout comme les musées sont nécessaires dans les villes, il faut du live sur les petits écrans !


Tony Cotte : Depuis le début de l’année, on peut également vous retrouver dans le Morning Café. Comment vous-êtes vous retrouvée à faire la revue de presse ?

Emilie : Tout a commencé quand nous avons reçu lors de la Mouv Session, la nouvelle équipe du Morning Café. Pierre Matthieu a beaucoup aimé notre émission et souhaitait en faire partie. Un mois plus tard, il a intégré notre équipe. C’est quelqu’un de vraiment brillant en radio. Au mois de décembre, M6 cherchait à remplacer ses chroniqueurs. Pierre Mathieu m’a conseillé de passer les castings. J’avais un peu peur. Faire des essais sur le plateau de la météo en présentant une chronique sans interlocuteur en face de soi, ce n’est pas facile (rires). Finalement j’ai été prise.

Tony Cotte : Etait-ce difficile d’intégrer une nouvelle équipe en place depuis plusieurs mois ?

Emilie : Je ne savais pas vraiment ce que c’était. L’émission sur Filles TV est différente puisque je suis avec mon équipe et mon matériel. On m’avait dit que la télé était un milieu de requins où tout le monde se déteste et où il y a une forte concurrence. J’y suis donc allée avec la peur au ventre. Mais, à ma grande surprise, tout le monde a été sympathique avec moi. J’ai eu droit à un super accueil.

Tony Cotte : Vos expériences à la télévision ne s’arrêtent pas là. Vous traduisez également des real-tv étrangères...

Emilie : J’ai fait des voice-over pour différentes émissions américaines comme Hawaï Promo 96 diffusée sur Téva ou encore L’épreuve de la science sur Sci-Fi. En fait, on garde les voix originales des programmes en parlant en français par-dessus. Les boites de prod envoient des dvd en donnant un certains délai pour ensuite faire la traduction. Il s’agit aussi bien de programmes de télé-réalité que de documentaires.

Tony Cotte : Vous dites que vous allez toujours au travail en transports en commun. Maintenant que vous êtes présente sur le petit écran, vous reconnait-on facilement ?

Emilie : Oui c’est drôle ! Le mieux c’est quand je suis avec ma mère. Elle adore ça. Une fois, elle était venue avec moi à la radio en studio et les auditeurs lui ont posé des questions sur moi. Quand les gens me reconnaissent, je trouve ça très marrant. De toute façon, si on ne veut pas l’être, on ne montre pas sa tête à la télé.