Toutelatele

Nagui

Publié le 04/07/2005 à 01:23 Mis à jour le 14/03/2010 à 17:48

Comme Christophe Dechavanne, Nagui a « inventé » une télé. La télé de Taratata, de N’oubliez pas votre brosse à dents ou encore celle d’Ombre et lumière, derrière les caméras. Mais l’été revient et emporte notre Nagui national au pays d’Intervilles et de ses vachettes magiques. Pour Toutela tele.com, le plus show man de nos bateleurs a parlé franc...

Nagui & Intervilles

Catherine Nardone : La version 2005 d’Intervilles c’est nouvelle formule, nouvelle équipe ?

Nagui : On avait tous envie de retrouver les fondamentaux du jeu : une émission itinérante dans différentes villes de France, deux équipes s’affrontant devant un public de 5000 personnes, le tout en prime time. Bien sûr, on n’est pas à l’abri de quelques scènes de mauvaise foi entre les animateurs... On va se répartir les rôles avec Patrice Laffont, Nathalie Simon, Philippe Corti et Robert Wurtz, comme une troupe de théâtre. Impossible d’imaginer des candidats en concurrence sans un Robert Wurtz pour les arbitrer. Pour faire bouger le public, je ne voyais personne d’autre que Corti accompagné de sa troupe de ravissantes danseuses. Patrice est un monument de la télévision quant à Nathalie, il était légitime qu’elle soit présente car elle avait déjà participé à Intervilles sous d’autres cieux. Et c’est plus sexy une fille qui court en minijupe qu’un garçon en costume !

On vous a dit mécontent de la formule tournée en Allemagne et diffusée à 19 heures l’été dernier...

Plutôt frustré. Le mécontent râle et claque la porte or je présente toujours l’émission cette année ! Intervilles n’est pas considérée comme un évènement là-bas, on se retrouvait souvent avec une centaine de spectateurs au lieu des milliers attendus. Juliette (Arnaud, ndlr) et moi étions peu impliqués dans le jeu vu le manque d’ambiance, d’attention et de folie. Si on m’avait proposé le même concept cette année, j’aurais refusé.

Si vous étiez frustré, qu’est ce qui vous a donné envie de présenter à nouveau le jeu ?

Le côté itinérant en Province, la notion de partage, d’amusement, de spectacle. Je suis ravi de retrouver les concepts de base d’une émission que j’adorais regarder quand j’étais enfant. Je garde les souvenirs de fous rires, de gadins, des vachettes qui retournaient les mecs, des gens qui se prenaient des tartes à la crème et des engueulades entre Guy Lux et Léon Zitrone. C’est ça qui m’attire dans Intervilles !

Après tant d’années, Intervilles semble un concept inusable ?

Les jeux de télévision ont beaucoup évolué : on devient méchant avec les candidats, les plateaux sont sombres, on met des musiques qui font peur et la manière de filmer est de plus en plus impudique. Dans Intervilles, les gens vont se racler les genoux, se fatiguer, affronter la vachette pour le plaisir du jeu et la compétition. Il n’y a pas de millions d’euros ou de voyages au soleil à remporter. Les candidats sont simplement fiers de faire gagner leur équipe et leur ville, rien que pour la beauté du geste.


Nagui & la télévision

Joseph Agostini : Encore plus libre, qui reprend l’idée d’Union libre de Christine Bravo, n’a jamais rencontré le public escompté. Pourquoi avoir quitté l’aventure quelques mois seulement après votre arrivée ?

Nagui : France 2 voulait arrêter Le Coffre et faire un magazine européen dans la lignée d’Union libre, avec des chroniqueurs cosmopolites. Or, elle désirait aussi que je reste sur la tranche du samedi soir car j’avais fidélisé un public. Mais Encore plus libre n’a pas bien fonctionné. Je ne me sentais pas à l’aise. J’ai assuré la coproduction de l’émission jusqu’en juin puis j’ai décidé de me retirer.

La seule chose qui vous importe vraiment aujourd’hui, c’est Taratata. Je me trompe ?

Taratata, c’est mon vrai bébé. Je me sens animateur, bateleur, ambianceur dans cette émission ! C’est vrai que j’en suis fier ! Il y a 45 minutes de talk show pour 80 minutes de musique. Certains albums voient leurs ventes multipliées par 16 après un passage dans Taratata !

L’audience, elle, est toujours très basse. Sincèrement, ça vous arrive d’en vouloir au grand public ?

Je n’aurai jamais cette prétention. Le public est libre de regarder ou non. Quant à l’audience, elle n’est pas si mauvaise ! Nous atteignons 580 000 téléspectateurs, soit beaucoup plus que Trafic.musique par exemple ! Vous imaginez 580 000 spectateurs réunis dans une salle de concert ?

Quand vous avez quitté France 2 pour TF1, en 1996, vous avez quitté Taratata, N’oubliez pas votre brosse à dents et Que le meilleur gagne sans hésitation. Pourquoi ?

Je me suis dit que si TF1 voulait de moi, c’était parce que j’étais bon. Et j’ai foncé ! Malheureusement, des scores qui étaient des succès sur le service public devenaient des échecs dans le privé. Avec T’as la marque du maillot ?, un jeu divertissement dans la lignée de la Brosse, nous avons quand même dépassé les cinq millions de téléspectateurs. Avec Vous ne rêvez pas, nous en avions six millions en moyenne ! Mais TF1 a une mécanique de fonctionnement très onéreuse. Cela empêche certains programmes de se développer.

Comme Christophe Dechavanne, vous avez inventé un ton, une couleur de programme. Paradoxalement, ne vous est-il pas plus difficile de durer que certains autres ?

Christophe et moi avons effectivement des manières de travailler analogues. Nous faisons partie des gens « charismatiques », pour utiliser un mot à la mode. L’inconvénient, c’est qu’on nous remarque tout de suite et que notre télé à nous, c’est bien souvent nous qui la créons ! Quand il y a échec, on ne nous rate pas, à la différence de certains animateurs plus inodores qui passent entre les mailles du filet.


Il y a le Nagui animateur et le Nagui producteur. Deux visages très différents...

Les deux aspects de mon métier sont assez cloisonnés. A l’antenne, j’assume mon rôle de déconneur dans des bouffonneries. C’est comme ça que le public m’a connu et veut me voir. En tant que producteur, j’ai travaillé notamment avec Philippe Labro sur des émissions comme Légendes ou Ombre et lumière.

Le personnage de l’antenne, il s’amuse encore ?

Bien sûr. Sans cela, j’arrêterai immédiatement. Quand vous avez deux millions d’auditeurs tous les matins sur la plus grande radio de France, vous ne vous demandez pas si vous allez jeter l’éponge !

Avec C’est votre fête, en 2004, France 2 vous offrait l’occasion de délirer à nouveau, comme au temps de N’oubliez pas votre brosse à dents. Or, l’émission n’a pas dépassé le cap du premier numéro... Que s’est-il passé ?

La chaîne a programmé ce divertissement le mardi soir pendant les fêtes. On a sauvé les meubles mais l’audience n’a pas été celle attendue. C’est dommage. On ne nous a pas laissés le temps.

Jean-Luc Delarue et Arthur ont quasiment « explosé » au même moment que vous sur France 2. Quand on compare leurs carrières à la vôtre, on se dit qu’il vous manque une émission régulière.

...Et c’est peut être parce que je n’en ai pas que France 2 transige moins avec moi qu’avec d’autres. Drucker, par exemple, peut se permettre quelques petites audiences puisqu’il cartonne le dimanche. Même chose pour Delarue avec Ca se discute. Arthur ne fait pas tout le temps des cartons mais il est à la tête d’Endemol. Il a su se diversifier, changer d’image. Moi, je n’ai pas de traitement de faveur. Les gens que vous citez ont peut être été plus malins que moi, d’un point de vue industriel.

Vous avez un jour dit : « je ne me fais plus d’illusions sur ce métier ». C’est triste. Vous ne vous en faites vraiment plus du tout ?

Disons que j’ai suffisamment de temps d’antenne et que l’animation est devenue pour moi un plaisir de gourmet ! J’ai peut être tout simplement compris la fragilité de mon métier. J’en suis sûr maintenant : l’intelligence est dans la diversification. J’ai acquis une force de travail, une manière d’exploiter un savoir faire.