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Najib Tajiouti (producteur éditorial de Je t’aime etc, France 2) : « On remplit parfaitement notre mission de service public »

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Rédacteur - Expert TV
Publié le 24/05/2018 à 14:45 Mis à jour le 30/06/2019 à 11:39

Le lundi 28 août, France 2 a lancé une nouvelle émission quotidienne à 15 heures. Najib Tajiouti, producteur éditorial de Je t’aime etc, dresse un bilan de la première saison du magazine d’amour et de sexualité, emmené par Daphné Bürki.

Benoît Mandin : Quel est votre rôle au sein de l’équipe de Je t’aime etc ?

Najib Tajiouti : Je suis le producteur éditorial de l’émission. Je chapote l’ensemble de la rédaction, des chroniques, des chroniqueurs, des textes de l’animatrice, d’invités ou encore des happenings. Nathalie Roger-Cottet (productrice de Je t’aime etc, ndlr) m’a très vite impliqué dans le projet.

Comment avez-vous imaginé l’émission ?

Pendant sept ans, j’ai fait partie de l’équipe qui a produit Comment ça va bien. Avec Stéphane Bern, on a étudié en long et en large la consommation et le spectre de la vie. On avait envie cette fois de se pencher, dans une société un peu sclérosée et morose, sur l’amour et les liens en général. Ca pouvait être une manière de réenchanter le public et d’apporter du contenu l’après-midi. Il n’y a pas d’émissions aujourd’hui à la télévision où est présente une psychologue et sexologue chroniqueuse tous les jours. On a aussi une linguiste, un spécialiste de la musique avec André Manoukian, une spécialiste des tendances et de la mode avec Janane Boudili... L’amour est un thème puits sans fond.

Pourquoi de votre côté avez-vous retenté le défi des après-midis de France 2 ?

C’est une case très difficile et les audiences étaient très faibles quand on est arrivés. On l’avait quitté à un niveau correct avec Comment ça va bien puisque l’on a connu des parts de marché allant jusqu’à 15%. Martange Productions connaît bien cet horaire et la preuve est là, car en seulement quelques semaines à peine, elle est parvenue à grappiller des points avec un concept original. Je t’aime etc a rattrapé le public qui avait fui le 15 heures de France 2. C’est un véritable carrefour où le public est plutôt âgé. L’objectif était de convaincre les personnes qui travaillent de chez elle, qui sont au chômage, les étudiants… On reçoit énormément de questions des jeunes. Je t’aime etc tient sa force d’avoir un casting de personnalités différentes. Je pense que l’on remplit parfaitement notre mission de service public.

« Quand on fait des sujets sur les adolescents et le porno, on s’aperçoit que ça fonctionne »

Le choix de Daphné Bürki s’est-il rapidement imposé ?

Elle représente une singularité forte et il n’y a qu’une Daphné Bürki. Il y a beaucoup d’animateurs ou d’animatrices qui sont interchangeables, mais elle a une personnalité et un ton qu’ils n’ont pas. Daphné est une femme de son temps, capable de s’adresser à tout public et tout le monde a envie d’être son ami. Elle est à part entière et est très attachante. Quand on veut évoquer la sexualité, il faut avoir un franc-parler sinon on peut tomber dans la mièvrerie. Elle sait mener des interviews avec des spécialistes, professeurs, sociologues…

Certains observateurs estiment que Je t’aime etc aurait plus sa place en deuxième partie de soirée. Qu’en pensez-vous ?

Vu qu’il y a une portée pédagogique et d’information, on fait énormément de prévention. On traite un à deux sujets de quinze minutes par semaine qui s’adresse vraiment à un public jeune. Ce sont des rendez-vous qui marchent en audience. Quand on fait des sujets sur les adolescents et le porno, on s’aperçoit que ça fonctionne. Pour moi, c’est bien d’être là à 15 heures puisque tout à coup on ouvre le dialogue. On a reçu beaucoup de messages dans ce sens entre parents et enfants. L’émission permet à des grands-parents d’entendre parler de thématiques qu’ils ignoraient totalement. Une deuxième partie de soirée est autrement intéressante puisque l’on aurait un public différent. Le niveau de verbes sur la sexualité pourrait être un peu plus cru bien que l’on ne s’interdit pas grand-chose. J’ai été rédacteur en chef sur Les Maternelles de France 5. Je peux vous assurer qu’à 9 heures du matin, on n’en raconte sur la sexualité et ça ne choque personne.

Quel bilan tirez-vous de cette première saison ?

On a pris une place qui était totalement sinistrée. On est parti de très bas donc il nous fallait convaincre à nouveau. Il nous a fallu du temps à peu près jusqu’en décembre pour y arriver. La courbe a légèrement monté petit à petit et il n’y a rien de mieux qu’une progression. Quand on donne un concept original aux téléspectateurs, ce qui est extrêmement rare aujourd’hui à la télévision, il faut laisser le temps au programme de s’installer et France 2 nous l’a laissé. Le public va en tirer des bénéfices très grands. Une émission originale pour les après-midis de France 2, c’est tellement agréable pour le téléspectateur !

Comment imaginez-vous la saison 2 ?

Nous sommes en négociation, mais c’est bien parti pour que nous soyons là à la rentrée. Bien que le socle est déjà fort, on apportera des changements. L’animatrice est au top, le tour de table matche bien et ils sont tous très heureux de se retrouver pour les tournages. Les fondamentaux sont là donc on ne se dit pas que l’on ne va pas tout bouleverser.