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Nathalie André (Directrice des divertissements France 2) : « Je ne voudrais pas être à la place des organisateurs pour l’Eurovision 2017 en Ukraine »

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Directeur exécutif en charge des contenus
Publié le 17/05/2016 à 16:59

Quelques minutes après l’annonce des résultats en Suède, Toutelatele a recueilli les impressions de Nathalie André, directrice des divertissements de France 2. Amir s’est classé 6e à cet Eurovision 2016. Et après le sévère échec de l’an dernier, l’heure était à l’euphorie...

Benjamin Lopes : Amir a réalisé une belle performance à cette édition 2016 de l’Eurovision en arrivant à la 6e position. Quelle est votre première réaction ?

Nathalie André : Je suis très contente de savoir que la réponse à Monsieur André Vallini (secrétaire d’État chargé du Développement et de la Francophonie, ndlr) est que le titre d’Amir est classé dans onze pays. Ça veut dire concrètement onze pays qui écoutent 70% de Français et un petit bout d’anglais. Je suis très heureuse pour Amir et je pense qu’il n’est plus un artiste de l’Eurovision, mais un artiste tout court.

La France est arrivée troisième dans les votes des jurys. Est-ce selon vous la fin des votes géopolitiques ?

Je crois que tout le travail qu’on a fait l’année dernière avec Antoine Boilley, le Secrétaire général de France 2 et Edoardo Grassi (Chef de Délégation de la France à l’Eurovision, ndlr) qui nous a rejoints, a porté ses fruits. Ça faisait longtemps que la France n’avait pas chanté avec un titre en français et en anglais qui est un tube. Il faut avoir des boules Quies dans les oreilles pour ne pas l’entendre. Les organisateurs de l’Eurovision nous ont dit qu’ils avaient le sentiment que la France était de retour. Ils ont vu qu’on avait bossé comme des malades. Aller présenter le projet français à l’étranger était une bonne initiative. Avec Edoardo Grassi, on est parti à la guerre. Frédéric Valencak, qui était un très bon chef, avait un autre métier. Edoardo Grassi est totalement dévoué à l’évènement. On a travaillé neuf mois sur ce show, c’est un véritable bébé. Je dois aussi souligner le travail des journalistes qui nous ont soutenus depuis le début.

« Amir n’est plus un artiste de l’Eurovision, mais un artiste tout court »

Un tube, est-ce qu’il manquait à Lisa Angell en 2015 ?

Je ne pense pas au vu de la chanson de l’Ukraine, incroyable, sur la guerre et la déportation. La voix de Lisa était fantastique, mais sa chanson a moins touché. Jamala a pris plein de tonalité et a bouleversé tout le monde. Ça veut dire aussi que ce n’était une soirée de scénographie car toute sa performance était basée sur sa voix.

La scénographie d’Amir était bien plus simple que ces concurrents. Pour quelle raison ?

On s’est dit que ça allait être la fête des feux d’artifice. On a préféré prendre l’option de tous les bracelets qui s’allumaient dans le public. Dans les faits, on travaille notre scénographie à partir de décembre, mais on ne connaît la superficie et le plan de la scène que fin février. Cette année, il y avait un bras, et on avait travaillé sans. On s’adapte. On nous explique après que l’on peut avoir accès à différents artifices. On s’est dit que notre artiste était beau, qu’il était sexy, qu’on avait un tube et que ce n’était pas la peine d’en faire des caisses derrière.

Une stratégie à l’inverse de Sergueï Lazarev avec « You are the only one » qui a enthousiasmé l’Arena à Stockholm tout comme le public…

Quand je vois le Russe qui chante, j’ai l’impression de voir David Copperfield. Depuis quand on chante allongé en apesanteur ? Ça n’existe pas. Après je suis d’accord que c’est l’une des caractéristiques de l’Eurovision de présenter des choses un peu spectaculaires. On a voulu faire quelque chose de simple. Le travail que l’on a fait avec HK Corp est clair : Amir, par rapport au texte de sa chanson, était seul sur scène et se retrouvait dans l’univers, car il ne savait pas où il allait. On n’a pas voulu tout faire éclater sur scène. Peut-être que l’année dernière, on avait d’ailleurs mis trop de mise en scène .

« On s’est dit que notre artiste -Amir- était beau, qu’il était sexy, qu’on avait un tube et que ce n’était pas la peine d’en faire des caisses derrière »

Quelle différences avez-vous globalement notées par rapport à l’édition 2015 de l’Eurovision ?

Nous avons eu la présence de Justin Timberlake tout d’abord. Ça veut dire qu’il y a un artiste sur mille qui se dit que ce n’est pas tout à fait ringard et qu’il va être vu par plus de 200 millions de téléspectateurs à travers le monde. De plus, j’ai adoré le duo de présentateurs avec Måns Zelmerlöw et Petra Mede. Ils ont été sexys, touchants, et drôles. Au niveau de la réalisation, il y avait peut-être un peu trop de zoom dans les plans, c’était un peu hard rock.

Va-t-il être compliqué d’organiser l’Eurovision en Ukraine selon vous ?

Je ne voudrais pas être à la place des organisateurs, car c’est quand même un pays en guerre. C’est très compliqué. Est-ce que ça va être compliqué pour nous aussi ? Je me pose la question. De notre côté, il faut qu’on ait choisi la chanson pour l’Eurovision 2017 avant la fin du mois d’octobre 2016.