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Neal Bear (Under the dome) : « Stephen King a été d’un grand soutien »

Marion Olité
Publié le 31/10/2013 à 19:32 Mis à jour le 06/11/2013 à 11:35

Le succès estival de la chaîne CBS, Under the dome, débarque sur le petit écran français à partir du jeudi 31 octobre sur M6. Adaptée du best-seller éponyme de Stephen King, cette nouvelle série fantastique plonge les habitants d’une petite ville du Maine sous un mystérieux dôme qui apparaît du jour au lendemain. Neal Bear, l’heureux showrunner et producteur exécutif de la série, revient pour Toutelatele sur cette aventure qui l’a amené à travailler avec le maître du suspens, mais aussi avec Steven Spielberg à la production.

Marion Olité : Comment est né le projet d’adaptation Under the dome ?

Neal Bear : Je suis sous contrat avec CBS. Nina Tassler (à la tête de CBS Entertainment, ndlr) m’a apporté le script qui venait de Showtime, et m’a demandé si je voulais m’en charger. Je l’ai lu et j’ai accepté. Je n’avais jamais fait quelque chose de ce genre avant. C’était un challenge pour moi, sans compter la possibilité de retravailler avec Steven Spielberg, que j’ai connu sur Urgences, et de découvrir Stephen King.

À quels obstacles avez-vous fait face en adaptant un roman en série télévisée ?

Si vous essayez d’adapter un roman en une fiction qui reprend exactement les mêmes lignes, c’est très difficile. Vous échouerez certainement : il est très compliqué de rester fidèle à 100% à un roman. Si, au contraire, on utilise l’œuvre originale comme source d’inspiration, comme une base, c’est beaucoup plus simple. Vous prenez tout ce qui fonctionne bien et vous avancez avec. Certaines scènes ne peuvent pas rendre à l’écran. Nous avons pu prendre et laisser de côté exactement ce que nous voulions. Par exemple, on aimait le personnage d’Angie. Elle se fait tuer dès les premières pages du livre, mais nous l’avons gardé, car nous pensions que sa relation avec Junior avait du potentiel. Certaines choses sont différentes pour des raisons spécifiques au média télévisé, pour assurer une durabilité au programme. L’idéal quand vous êtes dans un travail d’adaptation, c’est d’avoir la liberté que nous avons eue sur Under the dome.

En parlant de liberté, en avez-vous eu suffisamment avec CBS ?

Nous avons conservé en grande partie le scénario original de Brian Vaughn, destiné à la chaîne Showtime. Mais il a fallu gommer quelques passages concernant la consommation de drogues. En soi, ça n’a pas vraiment d’importance d’ailleurs, car nous n’avons pas changé le principal, à savoir la psychologie des personnages et la noirceur générale du scénario. Ce qui nous intéressait, c’est la façon dont les gens se traitent les uns les autres, aussi bien de façon positive que négative. On a aussi créé plus d’interactions entre les personnages de Julia et Barbie.

« Il est très compliqué de rester fidèle à 100% à un roman »

Mike Vogel, Rachelle LeFevre, Dean Norris étaient-ils vos premiers choix ?

Rachelle était notre premier choix. J’avais déjà travaillé avec elle sur A Gifted Man avec Patrick Wilson, et je la voulais sur Under the dome. Dean nous a été amené par les directeurs de casting qui avaient travaillé sur The Walking Dead et Breaking Bad. On n’avait pas pensé à Mike Vogel dès le début. Des milliers d’acteurs ont défilé pour le personnage de Barbie. On ne parvenait pas à trouver le bon, jusqu’à ce qu’il arrive. Alex Koch, qui incarne Junior, passait sa toute première audition pour Under the dome. Il sortait de l’université et CBS était indécise à son sujet, car il n’avait aucune expérience. J’ai travaillé avec beaucoup de jeunes acteurs, en leur donnant leur premier rôle, comme Rooney Mara. Elle était encore une petite fille quand elle a joué dans New-York, Unité Spéciale. Michael Pitt, que l’on a vu dans The Dreamers et Boardwalk Empire, a aussi fait ses premiers pas dans ma série. J’ai donc insisté auprès de la chaîne et je leur ai demandé de me faire confiance avec Alex Koch. Maintenant, ils l’adorent !

Quelle partie de la série comporte des aspects les plus visibles de la collaboration avec Steven Spielberg ?

Les passages avec les adolescents. Quand vous regarderez l’épisode 12, vous les voyez tirer un chariot avec le mini-dôme caché sous une couverture. On a l’impression que cette scène pourrait sortir d’E.T ! Les personnages de John et Norrie représentent l’émerveillement et la curiosité ; ils viennent de Steven Spielberg. On a donc une grande source de lumière du côté des adolescents, et c’est très « spielbergien ». D’ailleurs, Steven Spielberg était intéressé par ce projet parce qu’il n’était pas seulement sombre. Il y a aussi de l’espoir...

Partie 2 > Succès et saison 2


Avec Under the dome, vous abordez des sujets de société assez sensibles aux États-Unis, comme la peine de mort ou le droit de porter des armes. N’avez-vous pas eu peur de la réaction du public ?

Non, nos personnages ont des points de vue différents sur ces questions. C’est intéressant pour le public de découvrir les positions de chacun. C’est vrai qu’on parle de sujets assez controversés, mais je l’avais déjà fait dans New York, Unité Spéciale. Chaque semaine, on parlait d’armes, d’avortement, d’euthanasie... Je suis donc habitué à évoquer des thèmes durs.

Under the dome c’est aussi l’histoire des habitants d’une ville face à une crise majeure. Le parallèle avec la situation actuelle est-il une bonne lecture ?

C’est d’ailleurs ce qui rend la série intense. Dans le roman, ils ne manquent pas d’insuline, par exemple. On a rajouté ça. Comme dans le livre, on explore aussi des choses comme le manque d’eau et de nourriture. Je pense que c’est une bonne parabole. On vit une crise majeure, pas de façon aussi intense que les héros à l’écran, dans la mesure où, eux, sont tous cloitrés sous un dôme. Mais je pense que la situation actuelle fait que l’on s’identifie facilement. On peut imaginer que ça peut nous arriver si nous ne restons pas vigilants à propos de ces problèmes...

Avez-vous été surpris par le succès de la série aux États-Unis ?

J’ai travaillé sur Urgences dès son lancement et la série a immédiatement trouvé son public. Je ne pensais pas que je reverrais ça un jour dans ma carrière. Alors oui, j’ai été surpris par ce succès ! Avoir 20 millions de téléspectateurs pour sa première semaine d’antenne, c’est vraiment fou et très gratifiant.

« Steven Spielberg était intéressé par ce projet parce qu’il n’était pas seulement sombre »

Allez-vous donner une explication fantastique ou scientifique à la présence du Dôme ?

Nous allons donner une explication sur la façon dont il fonctionne : comment l’eau passe à travers, pourquoi il pleut... On apprend que le Dôme et perméable à certaines molécules dans l’épisode 2. Une tempête peut aussi se créer à l’intérieur. On essaie de donner des explications scientifiques là-dessous, mais ça reste de la science-fiction !

Que pouvez-vous nous dire sur la saison 2 de Under the dome ?

Elle sera composée de 13 épisodes, et Stephen King écrit le premier épisode. On va découvrir ce qu’il est arrivé à Barbie, mais aussi à Julia. Et puis, Junior... Je ne peux pas en dire vraiment plus ! La saison 2 sera diffusée à l’été 2014. Nous aurons de nouveaux personnages, car Chester’s Mill compte tout de même 2000 habitants. Nous ne les avons pas encore tous rencontrés.