Toutelatele

Nicolas Van Beveren (Sous le soleil de Saint-Tropez 2) : « Dreams en unitaire, en prenant le temps de faire de la qualité, peut cartonner »

Marion Olité
Publié le 16/02/2014 à 18:39 Mis à jour le 22/02/2014 à 22:17

Nicolas Van Beveren n’est pas encore connu du grand public, mais les téléspectateurs ont pu le découvrir sur différents programmes ces derniers années : la série Pas de secrets entre nous en 2008 sur M6, le divertissement Le grand restaurant avec Pierre Palmade, Camping Paradis en 2009, puis un prime Plus Belle La Vie. Également à l’affiche de Dreams : 1 rêve, 2 vies, la série musicale de NRJ12, Nicolas Van Beveren fait partie des nouveaux visages de Sous le soleil de Saint-Tropez cette année. Il y incarne le frère de Greg, un soldat de retour d’Afghanistan qui a bien du mal à se réadapter à la vie civile. L’acteur s’est confié à Toutelatele sur ce personnage, le tournage et la vision de son métier.

Marion Olité : Comment êtes-vous arrivé sur la série Sous le soleil de Saint-Tropez ?

Nicolas Van Beveren : On m’a proposé de passer le casting au printemps 2013. J’ai été particulièrement intéressé quand j’ai su que c’était pour incarner un militaire. C’est très rare de pouvoir camper ce genre de personnage. Il y pas mal de choses à jouer chez Sylvain : le côté post-traumatique de la guerre, son rapport avec son frère et son amour de jeunesse. J’ai passé un deuxième casting après le premier, et on m’a dit que j’étais pris.

Comment va évoluer votre personnage au cours de la saison ?

Il va s’ouvrir aux autres, et s’ouvrir à lui-même. Son challenge, c’est d’exister en tant qu’être humain, avec toutes les difficultés auxquelles il a dû faire face, soit à l’armée, soit humainement avec les gens qui l’entourent. Une personne qui revient de la guerre n’a plus les mêmes liens avec les gens. Sa vraie famille, c’est l’armée. Les partenaires, ce sont les autres soldats. Ce que l’on vit avec eux, c’est dix fois plus puissant que ce que l’on peut vivre avec sa famille ou ses amis. On donne tout, sans concession. Et c’est très fort.

Avez-vous effectué des recherches pour incarner ce personnage de soldat traumatisé par la guerre ?

Oui, j’ai échangé avec des collègues qui ont servi en Afghanistan, et je viens d’une famille de militaires. J’ai moi-même touché aux armes. J’ai essayé de me rapprocher de la réalité, et surtout de respecter les gens qui ont vraiment servi en allant au feu. Dans l’interprétation, on se doit de garder ça en tête. Ce n’est pas anodin.

Comment s’est déroulé le tournage ?

J’ai été extrêmement bien accueilli par toute l’équipe. J’avais déjà rencontré certaines personnes sur d’autres tournages. C’était en revanche la première fois que je jouais avec Frédéric (Deban, ndlr). On a eu un coup de foudre artistique et humain immédiat, une chance pour moi, car j’avais beaucoup de scènes avec lui. Ça a été un bel échange. Frédéric est quelqu’un d’expérimenté, qui a fait beaucoup de choses. Il a su me mettre en confiance. Nos scènes étaient très intimes, donc il faut se sentir bien avec la personne pour se laisser aller. Fred a été vraiment extraordinaire. On s’est trouvé, et depuis on apprécie énormément de travailler ensemble.

« Avec Frédéric Deban, on a eu un coup de foudre artistique et humain »

Comment se sont passées les scènes avec Audrey Hamm, qui interprète votre amour de jeunesse dans la série ?

C’était difficile au début, parce qu’on est censé jouer des amoureux qui se connaissent extrêmement bien, et dans la vie, on ne se connaissait pas du tout. Notre première rencontre a eu lieu le jour du tournage. Comme on filme dans le désordre, il a fallu commencer par des scènes très intimes, ce qui était compliqué parce qu’on n’avait rien créé avant. Il a fallu tout inventer, de façon instantanée. Le premier jour, ça sonne faux ; et au fur et à mesure, on crée des liens. Ça évolue, mais comme on tourne une des dernières scènes au premier jour, vous allez nous voir beaucoup plus complices sur les premières scènes de la saison 2, que sur les scènes de fin !

Quelle scène vous a le plus marqué sur le tournage ?

Celle du premier épisode, où je me réconcilie avec mon frère. C’est une des scènes les plus intéressantes et les plus difficiles que j’ai eu à jouer. Elle demandait beaucoup de concentration, malgré le peu de temps dont on disposait. On enquille les séquences. Je trouve qu’on s’en est très bien sorti. Quelque chose de magique s’est passé. On s’est laissé guider par nos émotions. J’espère que ça s’est ressenti.

Partie 2 >Sa vision de son métier et Dreams


Que pensez-vous du rythme de tournage de Sous le soleil de Saint-Tropez ?

Comme toutes les séries françaises en production, à part sur les unitaires où vous avez trois semaines à deux mois pour faire un 90 minutes, Sous le soleil est à flux tendu. Sur les fictions unitaires, on fait entre 3 et 8 minutes utiles par jour. C’est du luxe, qui donne plus de temps pour poser les scènes. Là, on tourne entre 15 et 20 minutes utiles par jour et on a droit à deux/trois prises grand maximum. Il faut aller à l’essentiel. Cela permet d’être efficace très rapidement, et de travailler à l’instinct. Mais on prend vite des réflexes de jeu.

Êtes-vous partant pour une saison 3 de Sous le soleil de Saint-Tropez ?

Bien sûr ! Je ne crache pas dans la soupe, et surtout pas sur les séries télé. Malheureusement, en France, on cloisonne les univers télé, cinéma et théâtre. Alors qu’un comédien doit justement naviguer entre tous ces univers.

Vous avez reçu des réflexions par rapport à ça ?

Oui, j’ai souvent eu des réflexions de la part de collègues de travail, et de professionnels. Je suis catalogué télé. Mais si j’arrive à faire passer des émotions en tournant 20 minutes utiles par jour, imaginez ce que ça peut être si on ne me donne que trois minutes à faire ! Je ne vois pas de mauvaises séries. Il y a des choses qualitatives, comme Canal+, mais ils ont plus de moyens et plus temps. Sur Sous le soleil, on n’a pas de répétitions. Mais pour moi, le travail d’un comédien, c’est de s’exercer et de travailler dans n’importe quelles conditions. Et quand elles sont difficiles, on essaie justement de sortir le meilleur. En ça, je respecte énormément les équipes techniques et artistiques qui travaillent sur les séries télé. Elles ne font pas un travail de moindre qualité que les équipes cinéma. Elles font le maximum avec les conditions imposées. Ces gens sont passionnés, et il faut l’être, vu le rythme épuisant en télé !

Qu’est-ce qui vous plait dans le format télévisé ?

Défendre un rôle dans une série télé, c’est avoir l’opportunité d’en faire quelque chose. Si on arrive à le faire grandir et à lui apporter un univers, on peut en faire quelque chose de magique. C’est pour ça que j’aime mon métier. Ce n’est pas pour être connu, mais pour être reconnu dans un travail d’équipe. Tous les gens qui travaillent sur ce genre de séries s’investissent énormément.

« Sur Sous le soleil de Saint-Tropez, on n’a pas de répétitions »

Vous avez également travaillé sur la série Dreams. Qu’en avez-vous pensé par rapport à Sous le soleil ?

C’est difficile de comparer une course de Formule 1 avec de gros constructeurs, et une course de karting. Ce n’est pas les mêmes moyens, ni les mêmes machines. Sur Dreams, le rythme était encore plus soutenu, et les moyens moindres. L’écriture et le public ne sont pas les mêmes que sur Sous le soleil. C’est plus adolescent. Dans l’absolu, j’aimerais avoir le temps de travailler. Dreams en unitaire, en prenant le temps de faire de la qualité, ça peut cartonner. Aujourd’hui, le plus vital, c’est de prendre le temps de faire les choses.

Quels sont vos projets pour cette année ?

J’attends une réponse pour un programme court, et je me suis mis à la réalisation de court-métrage pour le moment. J’aime beaucoup écrire, développer des projets, diriger des gens, travailler avec l’équipe technique. J’ai aussi tourné le pilote au Venezuela d’une série qui s’appelle Jet-lag (pour France 4, ndlr). Elle a été achetée en France. Normalement, on va repartir là-bas en tournage pendant trois mois, en septembre prochain, pour la première saison.