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Niels Schneider (Odysseus) : « J’ai été emballé par le parcours de Télémaque »

Claire Varin
Publié le 20/06/2013 à 21:41 Mis à jour le 30/06/2013 à 18:16

Depuis le 13 juin 2013, Arte diffuse la mini-série Odysseus, dans laquelle Niels Schneider incarne Télémaque, fils d’Ulysse et Pénélope. Le jeune acteur de 26 ans, découvert dans les films de Xavier Dolan (J’ai tué ma mère, Les amours imaginaires), a répondu aux questions de Toutelatélé. Il évoque ici son personnage dans Odysseus, ses motivations de comédiens, ses projets, le cinéma et les séries télé...

Claire Varin : Pourquoi avoir accepté ce projet Odysseus, rêviez-vous de jouer dans un péplum ?

Niels Schneider : Je me souviens avoir lu sur la première note d’intention de Stéphane Giusti : Ceci n’est pas un péplum. J’ai toujours voulu faire des films où il y avait une part de risque. Je trouvais qu’il y avait quelque chose de très couillu dans ce projet. Et la démarche de travailler sur ces mythes fondateurs était intéressante. J’ai l’impression que l’on voit plus ça dans la culture anglo-saxonne qu’en France. C’était fabuleux et en même temps terrorisant de faire un film en toge. Je l’ai fait par peur. Et j’ai été emballé par le parcours de Télémaque. J’avais envie de jouer un personnage qui joue sur la longueur, où on a le temps de poser ses intentions.

Comment se sont passés les six mois de tournage au Portugal ?

Ça a déjà été une longue préparation. Physique, d’abord. Avec trois mois de combats avec lances, glaives et boucliers. J’ai dû aussi prendre un peu de poids et me construire une musculature pour le rôle. Après, il fallait que tout soit très organisé dans ma tête parce qu’on a travaillé en cross-bord sur trois épisodes. C’était un peu la difficulté de toujours savoir ce qu’il se passe avant et de ne pas se perdre chronologiquement. Il fallait aussi faire confiance à la durée. Je pense que mon personnage peut agacer au début de la série avec son côté « bambin inoffensif ». Mais j’ai voulu aller à fond là-dedans, quitte à l’appuyer un peu, pour qu’on puisse vraiment voir l’évolution et ne pas tomber dans le piège de ne pas vouloir assumer ce personnage.

« Personne ne croit en Télémaque »

Mais ce personnage n’est pas aidé, il subit pas mal d’humiliations...

Oui, personne ne croit en lui. Même pas le devin ! (rires) Je le trouve hyper courageux, malgré un destin qui lui était pré-destiné.

Vous a-t-on demandé de relire L’Odyssée pour l’occasion ?

J’avais lu L’Odyssée à 14 ans et j’en gardais un souvenir assez vague. Je ne l’ai pas relu. Mais j’ai relu le Télémaque de Fénelon, qui n’a rien à voir. Je n’avais pas envie de raconter le Télémaque de Homère, mais celui de la série. Ce qui m’importait vraiment, c’était le personnage. Il était déjà très bien écrit, je n’ai pas eu besoin de me nourrir d’autre chose.

De manière générale, par quoi sont motivés vos choix ?

Je cherche des metteurs en scène qui ont vraiment une personnalité et une ambition artistique différentes. J’ai un film, présenté à la Semaine de la critique à Cannes, Les rencontres d’après minuit de Yann Gonzales. C’est un ovni total. Je pense que ce sera un film autant détesté qu’adoré. C’est ce qui m’intéresse aussi. Et là, de proposer un drame intimiste dans un contexte grandiose, j’ai trouvé ça fort.

On sent dans votre filmographie un goût pour les personnages ambigus. Est-ce un moteur également ?

Les personnages troubles sont plus fascinants. Je n’aime pas les personnages trop limpides ou cent pour cent honnêtes. Dans la vie, je trouve ça mieux (rires), mais au cinéma ou à la télévision, je n’aime pas que les choses soient noires ou blanches. On dit « la vie est dans la nuance » et préfère interpréter des personnages comme ça.

« Les gens zappent et préfèrent regarder Les Anges de la télé-réalité. Ils cherchent à se divertir, mais pas à regarder profondément quelque chose. »

Pouvez-vous revenir sur votre participation à la série Clash, diffusée sur France 2 ?

Ce que j’ai l’habitude de voir sur les jeunes, en France, n’est pas très intéressant. Là, il y avait une vérité. Et c’était bien de montrer ça sur une chaîne publique. C’était encore une fois risqué. On a eu une super presse, mais ils se sont plantés. Les gens n’ont pas adhéré. Les producteurs et les auteurs voulaient faire une deuxième saison, ils n’ont pas réussi. Mais je trouve ça super que ça ait été fait. Les gens zappent et préfèrent regarder Les Anges de la télé-réalité. Ils cherchent à se divertir, mais pas à regarder profondément quelque chose. J’ai l’impression que ça ne nous fait pas trop grandir. C’est dommage parce que Clash était une série très intéressante.

Qu’est-ce qui vous intéresse dans les séries télé ?

Je n’ai pas de télévision. J’avoue que je regarde très peu de séries. Mais c’est un format qui m’intéresse malgré tout. C’est génial de pouvoir travailler un personnage sur douze épisodes plutôt que sur deux heures. Ça nous donne une liberté que le cinéma ne peut pas offrir. Aux États-Unis, ils exploitent beaucoup mieux ce format. En France, on refuse cette liberté à la télévision alors qu’on a un cinéma beaucoup plus libre qu’ailleurs. C’est un paradoxe que je ne comprends pas.

Quels sont vos projets à venir ?

J’ai ce film de Yann Gonzales et le film d’Arielle Dombasle, Opium, sur Jean Cocteau, également présenté à Cannes. Je joue Maurice Sachs, un autre personnage trouble, qui est à la fois follement mesquin et manipulateur et à la fois très intelligent et vraiment amoureux de Cocteau. Et je serai au théâtre de la Porte Saint-Martin, l’année prochaine. Je vais jouer Roméo et Juliette, mis en scène par Nicolas Briançon, avec Ana Girardot. Ça faisait très longtemps que je n’avais pas fait de théâtre. C’est très excitant de remonter sur scène.