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Noah’s Arc > Patrik-Ian Polk

Tony Cotte
Publié le 09/01/2007 à 00:35 Mis à jour le 27/05/2022 à 00:41

Tony Cotte : Noah’s Arc est annoncée comme un « Queer as folk ethnique ». Que pensez-vous de cette description ?

Patrik-Ian Polk : Les médias peuvent être très réducteurs (rires). Je suis assez content de la comparaison. Si Noah’s Arc rencontre le même succès que Queer as folk, je serai alors comblé. Mais je pense que ma série a bien plus en commun avec Sex and the city.

Tony Cotte : Ce programme culte était-il pour vous une source d’inspiration ?

Patrik-Ian Polk : Pas particulièrement. On me parle souvent du modèle des quatre personnages principaux en commun. Mais cela remonte à de nombreuses années en arrière comme dans Les Craquantes par exemple !

Tony Cotte : Noah’s Arc se veut également « briseuse de clichés », pourtant vos personnages sont extrêmement stéréotypés...

Patrik-Ian Polk : On parle de stéréotype quand on n’envisage pas la personne dans sa globalité. C’est facile de parler de « folle » quand on ne voit que cet aspect là. Je pense que mes protagonistes sont plus étoffés : ils ont des emplois et des relations amicales. Mais je considère importante la présence de personnage efféminés. Il y a une tendance à rejeter ces individus et de mettre en avant des gays bien plus virils. C’est triste car ce sont justement ces hommes un peu « folles » qui, en étant les plus visibles, ont fait le plus avancer la cause homosexuelle. Mais chacun peut trouver son compte dans la série. Il faut savoir apprécier tout ce qu’il y a de différent et surtout ne pas juger.

Tony Cotte : Votre série devait s’intituler « Hot Chocolate ». La référence biblique utilisée dans Noah’s Arc a-t-elle pour objectif d’engendrer une certaine polémique autour de votre programme ?

Patrik-Ian Polk : « Hot Chocolate » était un titre provisoire, uniquement utilisé pour démarcher mon projet. C’était une sorte de plaisanterie. Personne ne peut penser sérieusement à intituler la série comme ça. Quant à l’appellation biblique, elle s’écrit « Ark ». « Arc » est un terme utilisé dans les scripts pour indiquer le chemin parcouru par les protagonistes. Il s’avère que les initiales des trois autres personnages correspondent à A.R.C. Bien entendu le rapprochement avec la religion est un bonus (il sourit).

Tony Cotte : A l’instar de The L Word, votre série est filmée au Canada alors que l’intrigue se situe à Los Angeles. En tant que créateur, ne craignez-vous que cette délocalisation dénature l’esprit californien de la série ?

Patrik-Ian Polk : La première saison était tournée à Los Angeles. Puis, la deuxième a été faite à Vancouver pour des raisons budgétaires. Je m’attendais à beaucoup plus de différences. Ca ne change pas grand-chose au rendu. Mais encore aujourd’hui, nous filmons certaines scènes extérieures à L.A.


Tony Cotte : L’absence de protagoniste blanc est-elle délibérée de votre part ?

Patrik-Ian Polk : C’est venu de façon naturelle. Je n’ai pas fait cela consciemment...

Tony Cotte : N’avez-vous pas peur de vous « ghettoïser » ?

Patrik-Ian Polk : A ce que je sache il n’y a pas de personnage noir dans Queer as Folk ou Sex and the city...

Tony Cotte : En tant que producteur, que pensez-vous de l’évolution des séries traitant de l’homosexualité sur le petit écran ?

Patrik-Ian Polk : C’est assez difficile de répondre car il n’y plus guère de ce genre de programmes. Will & Grace était la série la plus populaire. Elle a beaucoup aidé la cause. Depuis son arrêt et la disparition de 6 Feet Under, les homosexuels sont de moins en moins présents à la télévision. La tendance est à intégrer un gay dans des séries grand public. Mais ils sont encore très peu nombreux.

Tony Cotte : Queer as folk est le remake d’un programme britannique. Vous qui voyagez dans différents pays pour présenter votre série, pensez-vous que les productions européennes sont une source d’inspiration ?

Patrik-Ian Polk : Oui. Je pense qu’elles sont plus franches et directes. Les Européens ont beaucoup moins de tabous.

Tony Cotte : En tant que chaîne câblée, Logo regarde t-elle l’audience de ses programmes de près comme c’est le cas pour les chaînes nationales ?

Patrik-Ian Polk : A la différence de Pink TV en France, on ne s’abonne pas seulement à Logo. La chaîne fait partie d’un bouquet. Beaucoup de gens ont découvrent la série en zappant. Logo est assez récente. Les dirigeants n’ont pas encore cette politique de l’audience. Ils laissent du temps aux programmes pour s’installer.

Tony Cotte : Le pilote de Noah’s Arc s’est fait connaître en premier lieu dans les festivals. Vous qui étiez présent au dernier « festival des films gays et lesbiens » de Paris, êtes-vous flatté d’être invité à ce genre de manifestation aujourd’hui ?

Patrik-Ian Polk : C’est génial d’être présent et de voir les réactions du public. En Afrique du Sud, ils ont ri à toutes les blagues. En France, j’étais curieux de voir ce que la traduction allait donner dans votre langue. Il y a beaucoup d’argot en version originale. Je voulais m’assurer de l’impact sur le spectateur de certaines répliques traduites.

Tony Cotte : Considérez-vous, à l’instar des longs métrages, les festivals comme un tremplin pour faire connaître sa série ?

Patrik-Ian Polk : Bien sûr ! Pour mon cas, avant d’être connu de Logo, j’ai fait 24 festivals à travers les Etats-Unis. Lorsque l’on n’a pas de budget, il s’agit du meilleur moyen de faire connaître sa production au public.