Toutelatele

Pascal Sevran

Joseph Agostini
Publié le 24/03/2003 à 00:07 Mis à jour le 14/03/2010 à 15:59

Homme de lettres, personnage de télévision, chanteur, Pascal Sevran est un moraliste de ce début de siècle.
Il traîne sa gouaille dans les salons mondains,
parsème sa verve exaspérée dans ses romans et journaux
intimes, quand il ne chante pas la vie, pour France 2,
tous les dimanches. Celui à qui l’on doit "Il venait
d’avoir dix-huit ans", poème rimbaldien écrit pour
la muse Dalida, m’a convié dans son hôtel particulier
de l’Ile Saint-Louis. Entretien.

Joseph Agostini : « Lentement, place de l’Eglise », votre dernier ouvrage paru chez Albin Michel, est un journal intime finement ciselé, cousu dans un humour désopilant, un cynisme désinvolte et des larmes, beaucoup de larmes.
Ecrire, à quoi ça sert Pascal Sevran ?

Pascal Sevran : Ecrire, cela console, mon cher ami ! Je me fous de la postérité. J’ai écrit des romans, j’aime rédiger mon journal intime, et je donne à mes lecteurs ce que je suis, tout simplement. Beaucoup de larmes ? C’est très juste, mais je ne me morfonds pas toute la journée non plus ! J’aime la vie, je sors beaucoup. Je m’amuse encore follement ! Pourvu que ça dure.

Vous avez dit être trop pessimiste pour vous
suicider. Cela dit, et même si vous vous foutez bien
de la postérité, vous êtes assez optimiste pour écrire !

(rires) Oui, c’est vrai ! J’aime dire aux gens ce que je ressens, en espérant être entendu. C’est peut être présomptueux de ma part. Mais vous avez lu mon livre, et vous semblez y avoir été sensible. Tout n’est donc pas perdu.

Stéphane a été l’amour de votre vie. Une large part
de vos écrits lui est consacrée. Dans son émission, Bernard Tapie vous affirmait que se souvenir de l’être aimé, c’est le maintenir en vie. Ce à quoi vous avez répondu : "Je veux bien, mais Stéphane ne m’attend
plus, à la sortie de mes spectacles". L’écriture, cela console, mais cela ne suffit pas ?

Encore mon pessimisme ! Moi, je constate. L’écriture
ne pourra jamais me rendre Stéphane. Elle me permet simplement de fixer les moments, d’en tirer des leçons, de donner à voir et à ressentir à travers mon histoire personnelle, ses joies, ses douleurs, ses doutes. J’ai vécu dix-huit ans avec Stéphane ! Sa présence dans mes livres est à la mesure de ce qu’il a représenté dans ma vie.

Avec « Il venait d’avoir dix-huit ans », Dalida vous
survivra certainement très longtemps . Cette chanson résume-t-elle ce que vous voulez laisser derrière vous ?

Je vous l’ai déjà dit : je me fous bien de la
postérité ! (rires) Maintenant, je suis extrêmement flatté d’avoir écrit quelque chose qui, à votre avis, restera dans les mémoires, longtemps, longtemps après ma disparition. J’ai été le parolier de Dalida pendant
quelques années. Parmi toutes les chansons écrites par moi pour elle, « 18 ans » a été sacrée par le public. L’interprétation de Dalida y est pour
beaucoup. Cette chanson l’habillait si bien.

Chanter la vie se poursuit , tous les dimanches à midi sur France 2. Toujours pas de repli méditatif en vue ?

(rires) Laissez-moi m’amuser, mon cher ami ! Je
suis comme d’Ormesson, moi ! J’aime la chanson, j’aime la vie, j’aime gouailler sur les plateaux télé, chanter, danser, faire le zouave ! Cela n’empêche pas des plages de repli méditatif. Tenez, demain, je quitte Paris pour Morterolles. Je m’en vais écrire !

A la Star Academy, ils s’amusent bien aussi. Qu’en pensez-vous ?

C’est vieux comme le monde, leur histoire ! Les
radio-crochets quoi ! Ils sont beaux, ils sont jeunes, ils aiment chanter ! Que demander de plus ? Star Academy, c’est sympathique. Vous savez, moi qui n’aime ni la violence ni le flou, cette jeunesse là me
convient. Ils ont l’air contents, c’est l’essentiel...

Vous allez présenter samedi 29 mars sur France 2 une émission spéciale en prime time consacrée à Renaud, avec la complicité d’Ariane Massenet et intitulée Docteur Renaud, Mister Renard. Pouvez-vous nous en parler ?

Quand Anne Marcassus m’a proposé cette idée, j’ai
immédiatement accepté. Renaud est quelqu’un d’une grande qualité humaine, auquel il faut rendre hommage. Quant à Ariane, c’est mon genre de femme ! Nous nous entendons à merveille !

Pascal Sevran, la télévision autorise t-elle
vraiment la nostalgie ?

Il me semble que non. C’est d’ailleurs pour cela que j’écris. Poser les mots sur une feuille blanche, c’est autrement plus fort que passer à l’antenne. Je cavale, je joue, je feins de ne pas faire d’effort. Mais l’écriture, cher Joseph, l’écriture...