Toutelatele

Pascale Breugnot

Joseph Agostini
Publié le 17/11/2004 à 00:20 Mis à jour le 05/05/2011 à 16:35

Pascale Breugnot est à la tête d’Ego Production, une
société à laquelle on doit de nombreuses fictions
télévisées, telles Le juge est une femme sur TF1 et
Même âge, même adresse sur M6. Avec Trois pères à la
maison
, elle produit sa première comédie. 90 minutes à
20h50, sur M6. Pour Toutelatele.com, l’ancienne grande
prêtresse des reality shows de TF1 revient sur sa
carrière de créatrice et de décideuse.

Joseph Agostini : le 17 novembre, la fiction Trois pères à la maison semble être le nouveau challenge de M6 en prime time...

Pascale Breugnot : Avec Trois pères à la maison, nous créons une comédie familiale de 90 minutes à 20h50. M6 compte vraiment sur ce nouveau créneau, difficile à mettre en place. Le scénario de cette fiction, écrit par Catherine Muroy, est vraiment formidable. La situation est hilarante : comment trois pères vont-ils s’occuper des enfants et des tâches ménagères, une
fois la femme de la maison partie en mission
professionnelle ? Au delà de l’aspect rigolo, Trois
pères à la maison
aborde des sujets sous un angle
satirique et sensible.

Joseph Agostini : Vous êtes également à l’origine de Même âge, même adresse, diffusée sur M6 le mercredi après-midi.
Quelle est l’originalité de cette série ?

Pascale Breugnot : Même âge, même adresse met en situation cinq jeunes gens d’une vingtaine d’années qui partagent
leurs visions de la société. Les codes d’écriture sont
assez nouveaux, avec plusieurs thèmes abordés en un
seul et même numéro. Trente épisodes de 52 minutes ont été prévus l’après-midi même si c’est une série initialement créée pour être diffusée en access.

Joseph Agostini : Sur M6, votre cible est beaucoup plus jeune que sur TF1. Dans quelle mesure cette donnée change-t-elle
l’écriture d’une série ou d’un téléfilm ?

Pascale Breugnot : J’ai toujours voulu sortir des sentiers battus, dans le divertissement, dans les magazines et dans la
fiction. Pour cette dernière, c’est encore plus
difficile que pour les deux autres genres. Les codes
d’écriture pour une comédie d’access prime time, comme
Trois pères à la maison, sont très précis. La
clientèle est jeune, certes, mais M6 veut aussi plaire
aux plus de 60 ans. Avec ce format, la chaîne souhaite
vraiment s’adresser à la famille. En règle générale,
je n’aime pas qu’on m’impose des règles trop strictes.
Les meilleures armes restent un excellent scénario, un
casting irréprochable avec une vedette (comme Pierre
Palmade dans Trois pères à la maison ndlr) et un bon
jour de diffusion.

Joseph Agostini : Avec la réputation que vous avez, les chaînes
doivent être particulièrement friandes de vos
projets... Etes-vous considérée comme une « garantie
d’audience » ?

Pascale Breugnot : J’ai effectivement la réputation de faire de
l’audience. Les chaînes m’accordent souvent leur
confiance. Cela dit, il faut beaucoup de pugnacité
pour avancer et proposer des écritures nouvelles.
Certaines de mes idées paraissent trop risquées.
L’objectif numéro un pour TF1, F2, F3 et M6 est quand
même d’atteindre la meilleure part de marché. Pour
cela, des codes existent. Pourquoi les changer ?
L’audace et la volonté d’innover ne sont pas si
simples à mettre en pratique dans ce métier. Or,
j’adore bousculer les habitudes.


Joseph Agostini : France 2 diffusera prochainement votre téléfilm en deux parties sur la vie de la chanteuse Dalida.
Comment aborder le destin d’une personnalité si
populaire sans tomber dans le cliché ?

Pascale Breugnot : Dalida est un personnage absolument fascinant. Dix-huit ans après sa mort, elle est encore tellement
aimée ! Pourtant, son histoire est souvent mal connue.
Dans ce téléfilm, nous avons voulu faire la lumière
sur sa quête de spiritualité, son rapport avec le
public, son avortement, sa solitude... Nous nous
sommes vraiment intéressés à la femme derrière la
star. Le scénario est excellent et la distribution
exceptionnelle. Charles Berling, Christophe Lambert,
Arnaud Giovaninetti ont dit oui sans aucune
hésitation. Quant à l’actrice italienne, Sabrina
Ferrili, elle est éblouissante dans la peau de
Dalida...

Joseph Agostini : Vous qui avez règné sur les reality shows de TF1
dans les années 90, comment jugez-vous cette rentrée
télé ?

Pascale Breugnot : Il n’y a plus eu de grandes nouveautés depuis Loft Story ! Cette rentrée est tiède, surtout dans le
domaine des divertissements. Star Academy s’est
fossilisée. L’émission a perdu son parfum de
nouveauté... Les candidats savent déjà chanter, ce qui
limite les risques mais aussi l’intérêt du concept. Je
préférais le temps d’Alexia Laroche-Joubert et ce ton
plus « amateur ». Louvin est d’un sérieux...

Joseph Agostini : Le problème, à la télé, c’est qu’il n’y a pas de
place pour tout le monde. Vous vous êtes-vous un jour
sentie poussée vers la sortie ?

Pascale Breugnot : Dans ce milieu, les gens ne cherchent qu’à vous faire trébucher. Il faut encaisser les échecs et faire
des succès derrière, sans se soucier des agressions.
J’ai toujours travaillé pour me renouveler, et me
renouveler encore. Je me suis orientée vers la fiction
parce que la plupart des émissions de flux sont dans
des cases réservées à certains producteurs et pas à
d’autres. C’est chasse gardée ! Mais il ne faut pas se
laisser berner par des succès éphémères...

Joseph Agostini : Jean-Marc Morandini, dans son livre Le bal des faux-culs, a indiqué qu’il n’était pas rédacteur en
chef de Tout est possible, émission à succès que vous produisiez sur TF1. Qu’avez vous à lui répondre aujourd’hui ?

Pascale Breugnot : Morandini dit ce qu’il veut. Il me fait rire. Je constate simplement qu’il a bien mauvaise mémoire...
Vouloir se blanchir d’un mal qu’il dit ne même pas
avoir commis, c’est un peu curieux... Je ne veux même
pas en parler.

Joseph Agostini : Laurent Ruquier cèdera sa place en juin 2005 dans le créneau de 19 heures sur France 2. Songez-vous à
prendre la relève ?

Pascale Breugnot : Je n’ai pas de produit pour cet horaire. J’aimerais trouver la mécanique, le truc qui ne se fait pas
ailleurs... Tant de choses ont été faites dans ce
créneau-là... En revanche, j’ai quelques bonnes idées
pour le prime time, à la lisière du magazine et de la
télé-réalité. Je voudrais aussi lancer de nouveaux
animateurs pour rajeunir un peu le paysage..