Toutelatele

Philippe Vandel

Tony Cotte
Publié le 20/10/2007 à 18:05 Mis à jour le 27/05/2022 à 00:41

Depuis le 22 septembre dernier, les amateurs du petit écran peuvent retrouver chaque samedi le nouveau rendez-vous de Paris Première, Pif Paf. Avant même sa diffusion, l’émission était considérée comme la remplaçante de feu-Arrêt sur images. Qu’en est t-il vraiment ? Son animateur Philippe Vandel revient pour Toutelatele.com sur la comparaison entre les deux programmes et fait le bilan des premiers tournages de son nouveau bébé...

Tony Cotte : Aujourd’hui, tous les supports s’emparent du monde du petit écran. On le voit dans la presse magazine, sur internet avec la multiplication des sites dédiés, à la radio avec différentes émissions et chroniques, et bien sûr à la télévision avec les incontournables +Clair ou encore Telle est ma télé... Par rapport à toutes ces offres, comment Pif Paf se positionne ?

Philippe Vandel : La question du contenu ne se pose pas à mes yeux en termes de positionnement. On ne fait pas du marketing. Nous essayons d’être pertinents, informatifs, rentre-dedans, sévères mais justes. Et c’est aussi le sens du panel concocté par l’Ifop que nous interrogeons sur ses désirs tout au long de l’émission.

Tony Cotte : Pif Paf est arrivée sur Paris Première le 22 septembre dernier, soit trois mois après la fin d’Arrêt sur images dont vous avez, un temps, été rédacteur en chef. Est-ce une manière de conserver le flambeau ?

Philippe Vandel : En quelque sorte. J’imagine que cet aspect n’a pas échappé à Christopher Baldelli et Jacques Expert quand ils m’ont proposé de rejoindre Paris Première. Mais je me sens également éclairé par les loupiotes de Nulle Part Ailleurs et de On a tout essayé.

Tony Cotte : Comment avez-vous réagi en apprenant l’arrêt de l’émission médias de France 5 ?

Philippe Vandel : Ca ne m’a pas vraiment surpris, puisqu’on annonçait la fin d’Arrêt sur images depuis presque dix ans ! Et surpris, paradoxalement pour cette même raison, car l’émission donnée pour morte en mai renaissait chaque automne de ses cendres.

Tony Cotte : Vous qui êtes intervenu dans Arrêt sur images pour faire le point sur les plateaux des différentes émissions, leurs éclairages et d’autres détails, êtes-vous particulièrement attentif aux vôtres ?

Philippe Vandel : Chaque détail compte : le décor, l’éclairage ou encore l’habillage de l’image. On ne peut échapper à ces choix, même si l’on prétend le contraire. Dans son roman La modification, Butor montrait que l’absence de communication est une forme de communication. De la même façon en matière de télévision, l’absence de décor du plateau de Pif-Paf est une forme de décor.

Tony Cotte : « Le Pafomètre » d’Eric Dussart est la copie conforme de son ancien « Bloc-notes » dans +Clair : même musique de fond, mêmes intonations, même concept. Une raison de plus de comparer les deux émissions...

Philippe Vandel : Ce que les gens voient généralement comme une ressemblance, j’appelle ça un style. Et ce n’est pas donné à tout le monde. Si Dussart a choisi de venir avec nous, c’est justement pour faire du Dussart. Il le fait très bien et c’est lui qui le fait le mieux !


Tony Cotte : Vous ne cessez d’appuyer sur la crédibilité du panel présent sur votre plateau. Quand ce dernier a déclaré à 62% qu’il regarderait Human Bomb sur France 2, on ne peut pas dire que ça a été représentatif du choix des téléspectateurs (13.1% de part de marché)...

Philippe Vandel : C’est contradictoire uniquement en apparence. La télévision génère des attitudes schizophrènes. Les gens prétendaient préférer Pivot mais regardaient Guy Lux. Dans la deuxième de Pif Paf, nous avons reçu David Pujadas, dont les JT font presque moitié moins d’audience que ceux de TF1. Au cours de l’émission, j’ai posé la question au public : « Quelle chaîne fait le meilleur journal ? ». Pour 62% des personnes interrogées, c’est France 2...

Tony Cotte : Lors de ce deuxième numéro de Pif Paf, vous avez traité de la liberté de l’information. L’êtes-vous réellement sur Paris Première ? Pouvez-vous, par exemple, lyncher un programme diffusé sur M6 ou de votre propre chaîne ?

Philippe Vandel : C’est évident, même si l’ennemi de la peine de mort que je suis, récuse le terme « lyncher ». Même le télé-achat a droit à la vie sauve ! Si nous étions de mauvaise foi, volontairement pro-ci, ou anti-ça, cela se verrait et se saurait ! J’ai à mes côtés en plateau des journalistes médias du Monde, de L’Express, du Point, des Inrocks, de RTL... Imaginez le papier qu’ils feraient ensuite si je leur demandais de se censurer.

Tony Cotte : Aujourd’hui, on traite majoritairement de la télévision de deux façons : soit en faisant de la satire, soit en faisant du spectacle pour annoncer des scoops comme s’il s’agissait des Accords de Munich. Estimez-vous vous positionner entre ces deux approches ?

Philippe Vandel : Il existe une troisième voie ailleurs qu’entre ces deux excès. Je revendique sur ce point l’héritage d’Arrêt sur images : pas de comique de service sur le plateau, pas de faux scoops survendus. Nous essayons simplement de donner des infos et des opinions argumentées, cela vaut, selon moi, tous les effets de manche.

Tony Cotte : Vous avez déclaré, « Paris Première me rappelle le Canal des débuts », en partie « pour sa liberté de ton ». Depuis les départs de Thierry Ardisson, Laurent Ruquier et Frédéric Taddeï, le pensez-vous vraiment ?

Philippe Vandel : Evidemment. Taddéï a cédé sa place à Xavier de Moulins, qui était déjà sur Canal+ avec nous. Et Ruquier a été remplacé par Pierre Lescure qui en était le PDG ! Mais plus encore qu’un casting de personnalités, l’esprit que je retrouve ici me séduit.

Tony Cotte : Etrangement, vous n’avez pas dédié la première de Pif-Paf à Jean-François Bizot, qui, on peut le dire, a été en quelque sorte votre mentor. D’autant plus que vous avez traité d’un sujet sur l’impertinence...

Philippe Vandel : C’est une très bonne observation. Je me suis posé la question pour tout vous dire, et j’ai finalement renoncé, n’aimant pas mettre mon cas personnel en avant, surtout pour une première. Mais il est sûr qu’après avoir passé 6 ans à Actuel et 6 ans à Radio Nova, la vision iconoclaste et l’indépendance d’esprit de Jean-François m’ont influencé.