Toutelatele

Pierre Block de Friberg (Directeur d’antenne) : « Nous allons bâtir la future France 5 en s’appuyant sur le numérique »

Olivier Sudrot
Publié le 07/12/2014 à 18:17 Mis à jour le 20/01/2015 à 11:14

A l’occasion des 20 ans de France 5, Pierre Block de Friberg, directeur de l’antenne et des programmes, a évoqué pour Toutelatele le succès grandissant de ses programmes phares et les nouveaux objectifs de la chaîne qui continuera à développer en parallèle son offre numérique. Rencontre.

Olivier Sudrot : Quel bilan tirez-vous de France 5 pour cette rentrée ?

Pierre Block de Friberg : On est dans une dynamique positive, les téléspectateurs nous rejoignent donc on ne peut que se féliciter de ce sillon qu’on creuse et de ce contrat de confiance qu’on a établi. Le public sait qu’il y a toujours de l’information et qu’on peut aussi y trouver du plaisir, ce qui fait partie intégrante du mass-média qu’on est. On est très carrés dans ce qu’on propose à l’antenne. Le fait de vivre dans l’air du temps, de s’accaparer certaines tendances comme la protection de l’environnement, le développement durable ou la consommation responsable sont des valeurs fortes attachées à la chaîne quasiment depuis sa création. Cette structure de programmation paye et le contenu entre documentaire et magazine matche très bien.

Après des premiers mois difficiles, La Quotidienne enregistre des records d’audience. A-t-elle enfin trouvé sa place ?

À France 5, on ne met rien à l’antenne si on ne croit pas profondément au concept, si ce n’est pas dans l’ADN de la chaîne ou si on n’apporte pas une donne supplémentaire. Pour La quotidienne, ce n’était pas gagné au début en s’attaquant à un carrefour horaire délétère dans la journée. À 12 heures, les gens rentrent manger et regardent soit les informations régionales, soit les jeux télévisés. C’était aussi difficile de remplacer une case de dessins animés pré-school (Midi les Zouzous, ndlr) par une émission qui s’adresse au plus grand nombre. Au fil du temps, les gens ont vu son potentiel. Il a fallu lui laisser le temps de s’installer et c’est ce qu’elle est en train de faire avec des scores à 2% de part d’audience, ce qui à cet horaire-là est énorme.

France 5 peut compter sur des marques fortes comme Le Magazine de la Santé. Est-il difficile de se renouveler ?

Non, je ne crois pas. C’est vrai que les émissions phares sont là et j’espère qu’elles seront là encore dans longtemps parce qu’elles augmentent. Le Magazine de la santé et C à vous font leur meilleure rentrée, C dans l’air bat des records et Echappées belles est toujours leader de la TNT le samedi soir. Je suis très fier de ces marques-là qui ont beaucoup évolué depuis leur création, mais il ne faudrait pas oublier tous les apports de ces dernières années. On a parlé d’On n’est pas que des cobayes qui a renouvelé le genre de l’expérimentation scientifique à la télévision, de l’arrivée d’Entrée libre, seul magazine quotidien du PAF de 20 minutes parlant de l’art et de toutes les cultures, présenté par Laurent Goumarre, on pourrait parler de l’arrivée d’Helène et les animaux avec Hélène Gateau, de La Quotidienne ou de la création de séries documentaires de collections comme Duel ou L’Empire des sciences.

Jusqu’ici, personne n’a réussi à lancer son propre Magazine de la santé. Quelle est la clé du succès de l’émission ?

On a un formidable duo, voire trio, d’animateurs même si ça ne tient pas seulement à cela évidemment. Je tire quand même mon chapeau à Marina Carrère d’Encausse, Michel Cymès et Benoît Thévenet et à tous les spécialistes et chroniqueurs qui les accompagnent. C’est un travail de dingue de faire un magazine quotidien sur les évolutions de la santé et avec tous les aspects de la médecine et de la santé aujourd’hui. Alors que C dans l’air met l’accent sur un point de l’actualité du jour, Le magazine de la santé est un peu notre JT dédié à la santé du quotidien.

« Je suis très fier de nos marques phares qui ont évolué depuis leur création »

Quelle est la principale force de France 5 ?

Je crois que c’est son contenu, sa manière de regarder évoluer le monde, de raconter. France 5 est à la fois une fenêtre d’ouverture sur notre voisin de palier et sur le reste du monde. C’est nécessaire dans un monde qui se rigidifie. La crise entraîne aussi un repli des gens sur soi, je pense que France 5 joue au contraire la carte de l’ouverture. C’est notre rôle de casser les frontières, de montrer des réalités sociales, ethnographiques différentes.

Comment définiriez-vous l’ADN de France 5 ?

Pour moi cela reste la chaîne de la connaissance et de la découverte et peut-être du décryptage de l’actualité. Le sillon a été tracé depuis bien longtemps. Certes, on a fait évoluer la manière de proposer les émissions, mais les missions originelles de France 5 sont toujours respectées et importantes pour toute l’équipe qui fabrique cette chaîne. On évite de dévier, on n’a aucune envie de lâcher certaines choses, on a plutôt envie de développer d’autres genres de programmes. On adorerait avoir de grandes émissions sur l’environnement, sur la société internationale, mais tout ça est aujourd’hui coûteux. Ce sont les idées et les pierres de demain sur lesquelles nous allons bâtir petit à petit la future France 5 tout en s’appuyant évidemment sur le numérique, sur cette capacité de rayonner sur des réseaux différents.

Comment comptez-vous accélérer le développement votre offre numérique ?

On n’arrête pas entre le live interactif d’Antoine de Maximy, les web doc, les Serious game, les applications en temps réel avec des compléments d’information consultables en même temps que le docu ou les seconds écrans créés autour de nos émissions phares. Je pense qu’on est complètement inclus dans ce cadre de développement multi-support, multi-réseaux et c’est aussi un héritage de La 5ème et de France 5, première époque, parce qu’on a toujours été très volontariste. On n’a qu’une seule envie que les téléspectateurs puissent avoir accès à ce complément d’information nécessaire pour qu’ils prolongent l’aventure qu’on leur propose à l’antenne.

Quels sont désormais vos objectifs à moyen terme ?

Si l’on fait abstraction des budgets et des finances qui sont toujours une grande problématique, on pourrait réfléchir à d’autres genres de programmes qui s’intégreraient parfaitement à la ligne éditoriale. Le long-métrage de cinéma pourrait en faire partie. On pourrait revenir sur des grands moments de l’histoire avec de la fiction pour renseigner le téléspectateur et compléter l’offre qu’on peut avoir comme avec La case du siècle ou dans les autres documentaires historiques que l’on peut faire. Le divertissement sous forme de jeu de culture générale aurait sa place. Je pense que le travail sur l’environnement n’est pas encore complètement achevé, le sillon doit encore être creusé. Le magazine ou un rendez-vous documentaire sur la société internationale, chose qui disparaît de plus en plus des écrans, également. Avoir un prisme particulier, regarder des sociétés autres que la nôtre en les décryptant fait partie de notre mission.